Le gouvernement Marois souhaite poursuivre le développement des énergies renouvelables, mais sur le terrain, les actions concrètes se font attendre.

En matière d'énergies renouvelables, le Québec fait l'envie de bien des pays. Les richesses naturelles y sont abondantes, et l'industrie des technologies propres innove sans cesse. On peut toutefois faire plus et mieux, notamment en repensant le rôle joué par l'État dans ce secteur, selon Jean-François Samray, président-directeur général de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable. «Nous avons beaucoup de potentiel, mais le gouvernement doit passer de la parole aux actes», affirme-t-il.

Il donne en exemple la récente annonce gouvernementale d'un quatrième appel d'offres d'énergie éolienne de 800 mégawatts. «C'est une première étape, et non une fin en soi, déclare-t-il. Les emplois dans les entreprises manufacturières de la filière éolienne se termineront en juillet 2015. Pour garantir ces postes, le gouvernement doit procéder à une dizaine d'annonces allant du décret d'intention à l'émission du certificat d'autorisation en passant par les audiences du BAPE. Le temps file, et on attend encore des signaux clairs.»

Transformer les organismes publics en vitrine technologique

Les idées dans le domaine des technologies vertes ne manquent pas. Les chercheurs universitaires réfléchissent même à des énergies renouvelables inédites. «À l'Université du Québec à Rimouski, on étudie comment des microalgues peuvent servir de biocarburant», illustre M. Samray.

Des entreprises rivalisent d'imagination pour concevoir des technologies de plus en plus étonnantes. «Malgré le fait que 98% de notre électricité provienne d'énergies renouvelables, des compagnies innovent pour en produire davantage», remarque Denis Leclerc, président et chef de la direction d'Écotech Québec, un organisme sans but lucratif qui représente la grappe industrielle des technologies propres de la province.

Il mentionne, entre autres, Innoventé qui a trouvé une façon d'assécher les matières organiques résiduelles comme les boues municipales et le fumier pour en faire des biocombustibles, ainsi qu'Enerkem qui transforme des déchets non recyclables en biocarburants de deuxième génération.

Environ 450 entreprises oeuvrent dans ce domaine. Mais plusieurs sont davantage connues à l'étranger qu'ici. «Leur modèle d'affaires est plus difficile à faire décoller au Québec parce que le coût de l'énergie est plus bas, explique M. Leclerc. En revanche, les Européens sont très intéressés par les technologies québécoises, qui permettent de réduire leur facture énergétique. C'est pourquoi des compagnies d'ici sont obligées de mettre leur produit à l'essai à l'étranger. C'est un investissement supplémentaire de temps et d'argent pour elles, et ça arrive trop souvent.»

Encore là, le gouvernement pourrait renverser la tendance en incitant les organismes publics et parapublics à adopter les technologies propres. «Loto-Québec pourrait devenir la rampe de lancement d'un nouvel outil qui améliorerait son efficacité énergétique, par exemple», dit-il.

Jean-François Samray abonde dans ce sens. «En devenant le premier client de ces entreprises, le gouvernement donne l'exemple et peut créer un effet d'entraînement. La Suède et la Norvège le font déjà.»

Écotech Québec met la dernière main à une étude recensant les programmes de ce genre à travers le monde. «Le gouvernement est très attentif quand on lui en parle», constate Denis Leclerc.

Ajuster la réglementation

Repenser le rôle du gouvernement n'implique pas de grands chamboulements, estime Jean-François Samray. «Je préconise plutôt la théorie des petits pas. Pensons à l'impact de la réglementation sur le projet liant la ville de Saint-Hyacinthe à Gaz Métro pour exploiter le biométhane issu de ses matières résiduelles.»

En mars dernier, la Régie de l'énergie a rejeté la demande en invoquant les insuffisances de sa loi constitutive. «D'un côté, on affirme vouloir valoriser le biogaz et de l'autre, on ne peut le faire en raison d'un cadre réglementaire à revoir. Il faut un ajustement intelligent... ce qui ne coûte rien à l'État!» conclut M. Samray.