Chantal Houle est l'incarnation vivante de l'expression «quand on veut, on peut». Cette femme d'affaires de 40 ans ne possède aucune formation, ni expérience dans le domaine scientifique. Ce qui ne l'a pas empêchée de fonder Kefiplant, une biotech qui connaît actuellement une croissance exponentielle et qui compte faire de la planète son terrain de jeu.

Convaincue d'être née sous une bonne étoile, Chantal Houle a fait construire en 2007 une usine d'un million de dollars avant même d'avoir un seul client. La femme d'affaires semble avoir gagné son pari, car ses installations de 9000 pi2 fonctionnent déjà à plein régime. Des projets d'agrandissement sont dans l'air.

Kefiplant se présente comme une PME spécialisée dans la fermentation de plantes par grains de kéfir. Les grains de kéfir, lesquels existeraient depuis des millénaires, sont une symbiose de bactéries et de levures mixtes. Bref, les grains de kéfir sont l'ancêtre des probiotiques et de la grande majorité des produits fermentés, comme le yogourt.

Fermentation brevetée

Grâce à la technologie qu'elle a fait breveter sous le nom de Kefitech, Chantal Houle affirme être capable d'aller chercher le meilleur des ingrédients d'à peu près n'importe quelle plante en ayant recours à la fermentation. Sous forme liquide, ces fermentations de plantes sont ensuite utilisées dans l'alimentation humaine et animale, mais aussi dans le domaine des cosmétiques.

La présidente et fondatrice de Kefiplant détient un brevet relatif à ses méthodes de fermentation. Elle affirme donc avoir très peu ou pas de concurrent. «C'est une innovation qui amène le potentiel des plantes encore plus loin. Et comme tout le monde s'y intéresse, les manufacturiers vont se tourner vers moi. J'y vois un potentiel mondial», lance Chantal Houle.

Pour l'heure, et c'est là la grande nouvelle, Kefiplant tire la majorité de ses revenus en vendant ses ingrédients actifs à des producteurs américains de boissons connues sous le nom de kombucha. Il s'agit d'une «boisson vivante», pour citer Chantal Houle, qui connaît actuellement un boom chez l'Oncle Sam.

Vers la Californie

La PME drummondvilloise vient de signer un contrat avec Kombucha Botanica, en Californie. Les produits dans lesquels on trouve les ingrédients de Kefiplant sont vendus notamment dans les magasins Whole Foods aux quatre coins des États-Unis. La biotech est en pourparlers avec d'autres entreprises américaines, dit Chantal Houle, qui préfère taire son chiffre d'affaires.

«Il y a eu les boissons gazeuses, les boissons énergisantes, puis les boissons fonctionnelles. Nous sommes maintenant rendus à la catégorie des boissons vivantes qui, aux États-Unis seulement, représentent déjà un marché de 200 millions», explique la présidente et unique actionnaire de Kefiplant.

L'entrepreneure revient tout juste du «Vegas Supply Side West», la plus grosse foire américaine pour les vendeurs d'ingrédients actifs. Son passage là-bas a été «bénéfique» se contente d'affirmer celle qui a étudié en actuariat.

Un secteur inconnu

Étonnement, Chantal Houle n'avait aucune expérience dans le domaine des biotechnologies. Issue d'une famille d'entrepreneurs, elle a été propriétaire d'un magasin de planchers de bois franc pendant 10 ans. À la recherche de nouveaux défis, elle a vendu ses parts dans l'entreprise et a pris une sabbatique d'un an. But de l'exercice: s'interroger sur ce qui la passionne vraiment.

Elle a jeté son dévolu sur la santé et précisé ses choix: elle voulait fabriquer des boissons qui contiennent des plantes. Le hasard lui a fait rencontrer le Dr Rollan Sergi, un bactériologiste français à qui elle aurait offert un billet d'avion pour qu'il vienne la rencontrer de ce côté-ci de l'Atlantique. Le tandem travaille encore ensemble.

Kefiplant a ainsi été fondée en 2004 et ses travaux de recherche ont officiellement débuté en 2005. Malgré son inexpérience dans plusieurs domaines, Chantal Houle s'est débattue devant les représentants du Centre national de recherches du Canada (CNRC) pour obtenir l'aide et la reconnaissance en matière de recherche. Elle a également dû travailler fort pour obtenir de l'aide financière.

Tout est maintenant en place pour que la PME, croit Chantal Houle, soit reconnue partout dans le monde.