Jean Chrétien, Brian Mulroney, Daniel Johnson, Lucien Bouchard... Après avoir tiré leur révérence de l'arène politique, de nombreux politiciens reviennent à leur premier amour: le droit. Quel est le rôle de ces personnalités en cabinet d'avocats? La Presse Affaires a discuté avec Pierre Marc Johnson et Jean Charest pour le savoir.

Ancien ministre du cabinet de René Levesque et premier ministre du Québec, Pierre Marc Johnson se fait relativement discret depuis son retrait de la vie publique, en 1987. Avant d'être recruté par Lavery plus tôt cette année, Pierre Marc Johnson a oeuvré pour deux autres cabinets: Guy et Gilbert, puis Heinan Blaikie, où il a travaillé pendant 17 ans jusqu'à ce que la firme mette fin à ses activités.

«Lavery a une belle qualité et des avocats très compétents. C'est aussi le cabinet régional numéro 1 au Québec, selon le palmarès du magazine Canadian Lawyer», souligne M. Johnson, qui se dit fier de travailler pour eux.

Toujours près de la politique

Vous ne croiserez pas Pierre Marc Johnson à la cour, puisque celui-ci agit aujourd'hui à titre d'avocat-conseil. Ses collègues le consultent pour son expertise dans des domaines de droit précis. «Mes principaux clients sont des institutions publiques», précise le principal intéressé.

Même s'il n'a pas d'équipe à proprement parler, une avocate du cabinet travaille fréquemment avec lui, principalement sur les mandats qui concernent l'Europe. Quelques collègues collaborent également avec l'homme de 68 ans en ce qui a trait au droit minier.

Pierre Marc Johnson met aussi ses connaissances à profit dans les domaines du commerce international, des négociations et des partenariats internationaux. Il intervient en outre sur les questions de droit de l'environnement ou de la santé et des politiques publiques. Il a présidé et conseillé de nombreux comités, notamment dans le secteur du développement durable.

Le juriste et médecin de formation n'a eu aucun mal à se replonger dans le droit. «J'ai siégé sept ans au comité de législation, explique-t-il. Cela m'a donné l'occasion de bien connaître les lois et le fonctionnement du gouvernement. Avant d'aller en cabinet, j'ai aussi enseigné à la Faculté de droit des universités York et McGill.» Des expériences qui lui ont permis de garder la main.

Depuis qu'il a fait sa place en cabinet, il a notamment eu des mandats pour l'ACDI, été conseiller et négociateur principal du gouvernement du Québec dans le dossier opposant les États-Unis au Canada sur le bois d'oeuvre, de même que président de la Commission d'enquête sur le viaduc de la Concorde en 2007.

Depuis 2009, il est aussi le négociateur en chef du gouvernement du Québec dans le projet d'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne.

Relativiser les problèmes

Son passage à l'Assemblée nationale lui aura appris à relativiser les problèmes. «En politique, on gère des enjeux de grande importance et on travaille sur énormément de dossiers à la fois. En droit, on travaille aussi beaucoup (je ne dirai pas le contraire!), et les problématiques demeurent sérieuses, mais je peux mieux faire la part des choses et cerner les enjeux», explique-t-il.

Son parcours l'a également bien familiarisé avec les différents ministères et les organismes publics, comme la Caisse de dépôt. «Je suis aussi habitué à travailler en équipe», ajoute M. Johnson.

Tout comme en politique auparavant, l'avocat a un horaire chargé, qui varie selon les mandats. «Pendant les négociations européennes, j'étais absent du bureau une semaine sur deux, dit-il. J'ai la chance d'avoir des collègues compréhensifs.» Il donne en plus des conférences à l'extérieur.

Même s'il suit de près la politique et qu'il travaille parfois pour le gouvernement, Pierre Marc Johnson n'a aucune envie d'intervenir dans l'espace public. «Je ne suis pas très belle-mère, admet-il en riant. Discuter de politique partisane ne m'intéresse pas.»