Avec la mondialisation des marchés, le droit des affaires s'internationalise, se complexifie et prend de l'expansion. Le récent accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, conclu le mois dernier, n'est qu'un exemple de cette nouvelle réalité.

«L'accord fait que beaucoup de nos clients prendront de l'expansion dans de nouveaux marchés, donc ça crée des occasions. On n'est plus juste isolé dans un marché à travailler localement», résume Me Clemens Mayr, associé chez McCarthy Tétrault et spécialiste des fusions-acquisitions.

Le droit des affaires, principale spécialité du droit «en volume d'activités et en honoraires», occupe une grande majorité des avocats, estime Guy Lefebvre, professeur et doyen de la faculté de droit de l'Université de Montréal.

Extrêmement vaste, ce droit couvre un nombre important et grandissant de secteurs: services financiers, contrats commerciaux, ressources naturelles, transports, technologies et commerce électronique, propriété intellectuelle, fiscalité, litiges commerciaux, gouvernance et éthique...

«Le droit des affaires a cette particularité: on fait beaucoup de choses qui débordent du droit au sens strict. Depuis les 20 dernières années, on est appelés à être des conseillers sur des questions juridiques, stratégiques, d'affaires. C'est un domaine qui est de plus en plus large», souligne Me Mayr.

Responsabilité des entreprises

Parmi ces nouvelles tâches, les spécialistes du droit des affaires sont aujourd'hui appelés, notamment, à traiter de questions de relations publiques, par exemple en minimisant la portée d'un événement qui pourrait circuler partout sur la planète par l'entremise de l'internet.

«La question n'est plus qui a raison, qui a tort, mais il y a aussi la question de la réputation des entreprises et de savoir si c'est socialement acceptable d'avoir telle ou telle position. Il y a de plus en plus d'enjeux relatifs à l'action citoyenne et aux groupes de pression. C'est un nouvel élément qu'on n'avait pas il y a cinq ans», explique le professeur Guy Lefebvre.

Intégrité et bonne conduite

Les sociétés publiques sont en outre assujetties à une multitude de règles sur la gestion de leur conseil d'administration. «Les règles sont devenues beaucoup plus complexes et volumineuses à cause des autorités réglementaires, souvent en raison de cas de fraude, donc il y a des avocats spécialisés dans ces questions de gouvernance», souligne Me Mayr.

L'avocat du droit des affaires doit ultimement agir comme un chef d'orchestre, en s'assurant de coordonner l'intervention d'une multitude d'experts sectoriels qui contribuent au succès d'une opération, comme une acquisition. «Ultimement, il est le gardien de l'efficacité du processus et de la gestion du risque qui appuie l'objectif d'affaires du client», estime-t-il.

L'avocat chez McCarthy Tétrault regrette toutefois le rôle qu'ont pris, au cours des 20 dernières années, les banquiers et les boîtes de consultants dans le champ du conseil stratégique. «Je crois que nous devons reprendre ce rôle pour redevenir ou demeurer le «conseiller d'affaires» privilégié de nos clients, autant que l'expert juridique», dit-il.