L'heure est à la mobilisation pour forcer le gouvernement Couillard à contribuer davantage au développement économique des régions, affirme Richard Lehoux, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM). «C'est le moment de bouger et de nous faire entendre d'une seule voix», précise-t-il en entrevue à La Presse.

Le président de la FQM, en poste depuis un an, envoie un message aux maires Denis Coderre et Régis Labeaume. «Il faut faire preuve d'une solidarité qui implique toutes les villes, y compris Montréal et Québec».

«Il ne faut pas oublier que les régions comptent pour la moitié de la population du Québec, ajoute-t-il. Ce n'est pas le moment de les abandonner. Pour cette raison, il faut continuer d'appuyer nos entrepreneurs si nous voulons que nos régions restent dynamiques.»

Une concertation

Aujourd'hui même, plus de 300 maires vont converger vers Québec, où ils participeront au Grand Rendez-vous des régions, «une première dans le milieu municipal», note Richard Lehoux.

«Ce sera une vraie rencontre de concertation, annonce-t-il, qui devrait culminer par une déclaration commune du monde municipal. Nous sommes à un tournant. Nous voulons que le gouvernement rajuste son tir et accepte de nous verser les montants dont nous avons besoin pour assurer notre développement.»

Richard Lehoux reconnaît que le projet de loi 28 est venu «changer la donne» dans les municipalités.

Il fait un calcul rapide.

> Les sommes allouées pour le développement économique sont passées de 72 millions à 32 millions, soit une baisse de 40 millions.

> Les sommes versées pour le développement régional sont passées de 48 millions à 21 milions, soit une baisse de 27 millions.

«On vient de nous enlever 67 millions, ce n'est pas rien!», tonne-t-il.

Une démobilisation

Le président de la FQM déplore en outre la fin du Fonds de soutien aux municipalités dévitalisées, qui a permis de verser 55 millions pendant 10 ans à 650 municipalités, pour des projets de coopérative, ou encore pour maintenir la station-service et le dépanneur du village.

«C'était une somme de 5 millions par année, dit-il. C'était très peu. Mais c'était un coup de pouce pour des projets locaux. Le Fonds n'a pas été renouvelé en mars 2014.»

«Tout cela est très inquiétant pour les régions, ajoute-t-il. On voit une démobilisation. On ampute les organisations. Les gens se questionnent.»

Richard Lehoux refuse d'abdiquer, bien qu'il se sente placé devant un fait accompli. «On nous demande de rapatrier le développement économique des régions au sein des MRC, et c'est ce qu'on va faire, mais on n'aura pas plus d'argent pour effectuer le suivi, sur le terrain, pour les entreprises en démarrage.»

Autre appel à la mobilisation

À Québec, le député péquiste de Berthier, André Villeneuve, qui a été maire de Lanoraie et préfet de la MRC d'Autray, invite les MRC à «s'entendre pour garder le coeur des CLD», qu'il voit comme des outils qui ont fait leurs preuves.

«Si j'étais encore préfet, avance-t-il, j'essaierais de rallier tout mon monde. Je dirais: "Écoutez, il est clair qu'on n'offrira pas les mêmes services qu'avant. Il faudra supprimer des postes, mais faire l'impossible pour permettre à tout le monde de travailler ensemble.»»

André Villeneuve prévient toutefois ceux qui seront tentés de prendre une autre direction - et d'embaucher un commissaire industriel pour «dérouler le tapis rouge» et attirer des investisseurs - pourraient «revenir 30 ans en arrière».

Pacte fiscal

Tout cela en pleine négociation du pacte fiscal entre les municipalités et l'État québécois. Une négociation menée avec du sable dans l'engrenage.

«Mais une chose est claire: des responsabilités additionnelles, on n'en veut plus! martèle Richard Lehoux. On rappelle au gouvernement que chaque fois qu'il nous en transfère, il nous coupe les sommes qui viennent avec!

«On peut bien vouloir être imaginatif et créatif en région, mais quand on se fait couper plus de 50% de notre potentiel de ressources, il ne faut pas penser qu'on va réaliser les mêmes choses en bout de piste.»