Après l'abolition des conférences régionales des élus (CRE) et les coupes dans le financement des centres locaux de développement (CLD), la Côte-Nord revisite ses structures de développement économique. Les villes de la région ont donné naissance à une nouvelle assemblée régionale.

Le CLD de la MRC de Sept-Îles n'est plus. Toutefois, les villes de Sept-Îles et de Port-Cartier ont intégré la mission du CLD à leurs corporations de développement économique respectives. Celles-ci accompagnent déjà les entreprises dans leur développement.

«C'est un modèle qui a déjà existé auparavant», explique Violaine Doyle, mairesse de Port-Cartier. Elle se dit satisfaite du changement, rappelant la compétition de Sept-Îles et Port-Cartier dans plusieurs projets. Cette structure «respecte mieux les intérêts des deux villes».

«Nous exploitons la même ressource naturelle, soit le fer. La concurrence a toujours existé, et Port-Cartier a toujours été considérée comme la petite ville à côté de la grande. En ayant chacun notre instance de développement économique, ça permet une certaine autonomie», détaille-t-elle.

Jusqu'alors, le CLD relevait de la MRC de Sept-Îles. «Nous sommes en période de transition», dit-elle, ajoutant que «même si les règles étaient restées les mêmes, nous avions demandé de reprendre ces responsabilités».

La MRC continuera de gérer les sommes qu'alloue Québec aux corporations de développement économique par l'entremise des CLD. Elle restera responsable de la gestion des fonds locaux d'investissement (FLI), des fonds locaux de solidarité (FLS) et des fonds Jeunes Promoteurs (JP).

Quant au manque à gagner, Sept-Îles et Port-Cartier devront le combler. «Nous allons faire avec l'argent que nous avons», indique Violaine Doyle. Quoique cela bouleverse les façons de faire, «je crois qu'au final, ça devrait être mieux organisé», indique Réjean Porlier, maire de Sept-Îles.

Des guerres de clochers à l'horizon?

Par ailleurs, l'abolition de la CRE «a un gros impact», admet Violaine Doyle. L'organisation gérait et coordonnait plus de 130 programmes et ententes. «C'est certain que nous n'allons pas gérer tout cela. Nous allons devoir regrouper et faire des choix.»

Son de cloche similaire de la part de Réjean Porlier: «La CRE était le point de chute pour tous les programmes des ministères. Dès qu'il y avait un volet régional, ça tombait sur le bureau de la CRE.»

Non seulement l'organisation soutenait le développement régional, mais encore elle servait d'interlocutrice entre les municipalités. «Tout le territoire y était représenté», dit Réjean Porlier, qui note une intensification de «certaines guerres de clochers».

Car les divisions entre les municipalités existent. «Ce qui est bon pour une municipalité n'est pas nécessairement bon pour l'autre. Et quelques fois, nous nous retrouvons carrément en compétition», souligne Violaine Doyle.

Toutefois, les villes font front commun sur quelques enjeux. La mairesse cite l'exemple du prolongement de la route 138 jusqu'à Blanc-Sablon et la volonté commune de réduire au maximum le transport de gaz naturel liquéfié par camions sur cette route.

La Côte-Nord s'est aussi dotée d'une nouvelle instance au cours des derniers mois: l'Assemblée des MRC de la Côte-Nord. Celle-ci se veut un lieu de concertation.

«Ce sera l'Assemblée des MRC [de la Côte-Nord] qui devra indiquer au gouvernement quelles sont les orientations que privilégie l'ensemble des MRC», explique Violaine Doyle.