La disparition des CRÉ (Conférences régionales des élus) et les coupes dans les sommes allouées aux CLD ne sont pas que négatives, selon nombre d'organisations représentant le milieu des affaires du Québec. La simplification des structures permettrait plus d'efficacité et de flexibilité. Voici ce qu'elles en pensent.

Françoise Bertrand, présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec

Est-ce que ces coupes sont de bonnes nouvelles? Pas nécessairement.

Toutefois, elles amènent une simplification des structures existantes qui était désirée. Force est de constater qu'il y avait une superposition des organismes qui se veulent des aides au développement économique et à l'entrepreneuriat.

Au fil du temps, des organismes avaient été créés pour chaque type de clientèle: organisations pour tel ou tel type de commerçants, organisations destinées aux femmes entrepreneures, etc.

Pour simplifier ces structures, nous avions déjà proposé qu'il n'y ait qu'un CLD par MRC; un guichet unique qui chapeauterait les services liés au développement économique régional.

Toutefois, les événements ont fait que les régions ont adopté à la suite de ces coupes des structures différentes les unes des autres. Des régions veulent rétablir des structures de développement similaires à ce qui existait, tandis que d'autres disent qu'il ne faut surtout pas revenir à ce mode de fonctionnement.

Toutefois, tous s'entendent sur une chose: les nouvelles structures de développement économique ne doivent pas être dirigées uniquement par des élus.

Les gens d'affaires doivent avoir leur mot à dire dans l'élaboration des grandes orientations économiques de leur MRC. Ils sont à même de savoir ce qui doit être fait pour aider les entreprises. Cet organisme n'est pas un conseil municipal!

Patrice Gagnon, directeur général de l'Association des professionnels en développement économique du Québec (APDEQ)

D'entrée de jeu, disons que nous ne sommes pas un organe politique ou un groupe de pression. L'APDEQ regroupe des acteurs du développement économique de tous les horizons: CLD, parcs technologiques, MRC, municipalités. Il est donc difficile d'asseoir une position qui représente l'ensemble de nos membres.

Cela étant dit, actuellement, nous sommes surtout préoccupés par le maintien de l'expertise acquise dans le développement économique régional. Il y a une profession de «développeur économique» reconnue pour la qualité de ses interventions qui s'est forgée au fil des décennies. Cette expertise ne doit pas s'évaporer.

Dans un deuxième temps, nous sommes préoccupés par la façon dont les élus municipaux s'approprieront le développement économique qui leur est maintenant dévolu.

Par ailleurs, il y a un point positif à relever dans toute cette réorganisation: les acteurs économiques de toutes les régions - et je ne parle pas uniquement des élus - voient là une occasion de s'asseoir ensemble et de revoir l'offre de services et la façon dont on assure le développement économique régional.

Qui sont les acteurs et quels sont leurs rôles? Avons-nous le meilleur modèle? Quels sont nos objectifs? Bref, avons-nous les bonnes personnes aux bons endroits?

Véronique Proulx, directrice, communications, affaires publiques et stratégies à Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ)

Nous pensons qu'il y a trop de structures économiques au Québec et trop d'argent public investi dans ces structures. Certes, les organisations de développement économique stimulent la croissance économique en intervenant là où le privé ne va pas et en prenant certains risques que les entreprises ne prennent pas.

Cela étant dit, elles doivent être performantes et bien gérées; elles doivent être en mesure de travailler en complémentarité avec les autres organisations sur le territoire.

En ce sens, il nous semble très positif de redonner le pouvoir aux municipalités qui sont en mesure d'assurer leur propre développement économique. En ramenant ces structures au sein de la municipalité, on réduit le risque de dédoublement.

Qui plus est, les municipalités connaissent leurs capacités, leurs réalités, mais surtout elles connaissent leurs entreprises et savent comment les appuyer adéquatement. C'est un facteur important dans un contexte de ressources financières limitées.

Pour les municipalités, reste maintenant à savoir comment s'approprier et subventionner les mandats qu'elles se sont vu confier. Plusieurs d'entre elles doivent présentement se questionner sur les moyens d'assurer cette transition.

SIMON Gaudreault, économiste principal à la FCEI

Dans un de nos mémoires, nous avions souligné les dédoublements qu'il y avait dans les différentes structures de développement économique.

Plusieurs organismes avaient des missions similaires et il était important de remédier à la situation. Pour nos membres, ç'a été une bonne nouvelle de constater que le gouvernement voulait travailler à rendre le système plus efficace, même si cela passait par des coupes. Car en allouant moins d'argent aux structures de développement, il est dès lors possible d'en allouer davantage à l'amélioration de l'environnement d'affaires. Et c'est ce qui préoccupe nos membres.

Car pour eux, un bon environnement d'affaires stimule le développement économique. Évidemment, cela peut prendre la forme de plusieurs mesures: réduction du fardeau fiscal, simplification de la réglementation, aide pour régler les problèmes d'adéquation entre l'offre de main-d'oeuvre et la demande.

Même si le Québec offre plus d'aide aux entreprises qu'ailleurs - par le truchement des subventions et des crédits d'impôt -, force est de constater que cela ne stimule pas nécessairement l'entrepreneuriat. Peu d'entreprises en bénéficient; au cours des dernières années, seule une PME québécoise sur cinq a bénéficié de crédits d'impôt ou de subventions.