La présence de grandes entreprises a favorisé la naissance de plusieurs fournisseurs et équipementiers au fil des ans. Mais la région est encore fortement tributaire de ces géants et du secteur des ressources naturelles, qui font actuellement face à un ralentissement. Les entrepreneurs Jean-François Turcotte et Liliane Savard en témoignent.
Saguenay-Lac-Saint-Jean
-Population active : 139 000 (janvier 2016)
-Taux de chômage : 8,1 % (janvier 2016)
-Revenu disponible par habitant : 24 483 $ (2014)
Québec
-Population active : 4 444 700 (janvier 2016)
-Taux de chômage : 7,6 % (janvier 2016)
-Revenu disponible par habitant : 26 046 $ (2014)
DIVERSIFICATION
JEAN-FRANÇOIS TURCOTTE
Âge : 40 ans
Profession : PDG de Filtrartech
Dans la région depuis : 40 ans
Les grandes entreprises de la région ont amené dans leur sillon un nombre élevé de PME qui leur fournissent des services et de l'équipement ou se spécialisent dans la deuxième et troisième transformation des ressources naturelles. « On peut compter sur d'importants clients, comme Rio Tinto Alcan ou Alcoa », indique M. Turcotte, PDG de cette entreprise créée en 2006 qui conçoit des équipements de dépoussiérage industriel pour assurer une meilleure qualité de l'air. Il cite en exemple d'autres petites entreprises, comme Mecfor, STAS ou encore Morin Énertech, qui profitent aussi de cette manne. Mais il y a un revers à cette médaille. « Quand il y a un ralentissement des activités, on s'en ressent », précise-t-il. Or, celles qui réussissent à traverser les tempêtes sont « les PME qui ont su diversifier leur clientèle et leurs marchés géographiques ». Filtrartech est d'ailleurs en discussion avec des distributeurs et des clients potentiels qui lui ouvriraient les portes du marché nord-américain.
RALENTISSEMENT
Liliane Savard
Âge : 52 ans
Profession : vice-présidente, développement des affaires, Groupe POG
Dans la région depuis : 17 ans
« La région dépend encore beaucoup trop des grandes entreprises », lance d'entrée de jeu Liliane Savard, qui fait écho aux propos de Jean-François Turcotte. Le Groupe POG, dont elle est actionnaire, se spécialise dans la fabrication et l'installation de tuyauterie industrielle. L'entreprise a notamment été impliquée dans les projets de développement du complexe hydroélectrique La Romaine et de la mine Niobec. Elle compte aussi Rio Tinto Alcan et Résolu parmi ses clients. Aujourd'hui, une quarantaine de ses 60 employés participe au projet de mine de diamant Stornoway, dans la région de la Baie-James. « Les grands projets se font rares », constate Mme Savard, en précisant que plusieurs PME en arrachent ou doivent même fermer leurs portes. Par ailleurs, celle qui préside la Corporation des femmes d'affaires du Saguenay se réjouit de voir un nombre grandissant de femmes entrepreneures, même si elles ne sont pas encore légion.
FORCES
Le virage vers l'utilisation des énergies renouvelables pourrait profiter à la région, estime Marc-Urbain Proulx, professeur d'économie de l'Université du Québec à Chicoutimi. « La plupart des nouveaux projets de production d'aluminium dans le monde utilisent le charbon ou le gaz. Nos alumineries et entreprises de transformation, qui utilisent des ressources hydroélectriques plus vertes, sont donc mieux positionnées pour répondre aux engagements de Paris qui visent la réduction des émissions des gaz à effet de serre », précise M. Proulx. Cette « vallée de l'aluminium », qui regroupe une centaine d'entreprises de ce secteur d'activité, peut compter sur une autre bonne nouvelle : l'été dernier, le Québec se dotait pour la première fois d'une Stratégie de développement de l'aluminium, dont l'objectif est de doubler la transformation de l'aluminium en sol québécois d'ici 2025 pour la porter à 10 milliards par année. Enfin, « la région est aussi une porte d'entrée pour les projets miniers plus au nord », tandis que son ouverture sur le fleuve permet d'accéder aux marchés américain et asiatique.
DÉFIS
Les forces de la région sont aussi ses faiblesses, fait valoir M. Proulx. La région s'est en effet bâtie sur l'exploitation et la transformation des ressources naturelles, en particulier les industries du bois et de l'aluminium, « qui déclinent et ne sont plus les piliers de l'économie », observe-t-il, soulignant que plusieurs activités manufacturières ont été délocalisées aux États-Unis. De plus, les grandes entreprises de ces secteurs d'activité traditionnels « investissent dans la technologie pour améliorer leur productivité, ce qui entraîne du même coup des pertes d'emplois très bien rémunérés ». Par ailleurs, la morosité économique amène des entreprises à retarder leurs projets de développement et d'investissement. Et ce, au moment où « le gouvernement est engagé dans l'assainissement des finances publiques et réduit aussi ses investissements », constate M. Proulx. Si la région a mis en place des mesures pour favoriser l'entrepreneuriat, « les retombées sont encore limitées », note M. Proulx.
EN CHIFFRES
Grands employeurs
Rio Tinto Alcan : 4458
Produits forestiers Résolu : 1342
CGI : 525
Mine Niobec : 499
Gegertec WorleyParsons : 400
-Parcs industriels : 31
Grands secteurs d'activité
Commerce de détail : 17 000 emplois
Soins de santé : 15 800 emplois
Fabrication : 15 100 emplois
Sièges sociaux
Cégertech WorleyParsons : Saguenay
Canmec Industriel : Saguenay
LAR Machinerie : Métabetchouan - Lac-à-la-Croix
Constructions Proco : Saint-Nazaire