La région de l'Outaouais vit au rythme des disparités. Il y a bien sûr Gatineau, le pôle démographique, d'emploi et moteur économique majeur, qui profite de sa proximité avec Ottawa. Puis, des MRC avoisinantes qui dépendent d'une industrie forestière en déclin. Regard des gens d'affaires Mylène Chaumont et Georges Émond.

En chiffres

Outaouais

- Population active : 213 200 (avril 2016)

- Taux de chômage : 6,8 % (avril 2016)

- Revenu disponible par habitant : 25 202 $ (2014)

Province de Québec

- Population active : 4 437 400 (avril 2016)

- Taux de chômage : 7,5 % (avril 2016)

 -Revenu disponible par habitant : 26 046 $ (2014)

Occasions

Mylène Chaumont

Âge : 39 ans

Profession : présidente de la clinique privée Sentinelle Santé

Dans la région depuis : 20 ans

Mylène Chaumont a quitté son Abitibi natale pour venir étudier dans la région, en droit à l'Université Carleton, puis une maîtrise en gestion de projet à l'Université du Québec en Outaouais. En 2006, elle rejoint la clinique en médecine du travail et familiale fondée par son père, venu aussi s'établir à Gatineau, dont elle a repris les rênes en 2010. « C'est une région qui offre tellement de possibilités pour se lancer en affaires. Il y a la présence du gouvernement, qui est un employeur majeur, et un bassin de population de plus d'un million de personnes, en incluant Ottawa », dit-elle, en soulignant du même coup sa grande qualité de vie. L'envers de la médaille : les PME doivent rivaliser avec les excellents salaires et avantages sociaux offerts par le gouvernement pour recruter des employés en administration ou d'autres professionnels comme des ingénieurs. La fibre entrepreneuriale est aussi à développer. « Les jeunes n'ont pas de modèle », dit Mme Chaumont, qui est justement devenue mentor et organise depuis plus de cinq ans une journée entrepreneuriale pour mousser l'intérêt des étudiants de la région.

Georges Émond : Disparités

Âge : 47 ans

Profession : président directeur général, Laiterie de l'Outaouais

Dans la région depuis : toujours

Georges Émond a vu l'implantation d'une quinzaine d'entreprises ces dernières années dans le parc industriel où la Laiterie de l'Outaouais s'est elle-même établie en 2010. « On sent un dynamisme, mais il manque encore la présence d'entreprises de plus grande envergure », dit l'entrepreneur originaire de Maniwaki. Il note également la trop forte disparité économique entre la région urbaine de Gatineau, qui profite grandement de la présence du gouvernement fédéral, et les territoires ruraux avoisinants. « Maniwaki est une ville mono-industrielle. Son économie tourne autour de l'industrie forestière qui connaît des difficultés depuis des années. » Des familles ont même quitté la ville pour trouver des emplois à Gatineau, constate celui qui possède une maison en forêt dans la région de Maniwaki, où il se rend toutes les fins de semaine. « L'Outaouais, c'est un paradis pour les amateurs de plein air, de chasse ou de pêche. Pourtant, la région manque de notoriété touristique », déplore-t-il.

Forces

L'administration publique fédérale demeure l'élément central du développement économique de la région, rappellent Martin Robitaille, directeur du département des sciences sociales à l'Université du Québec en Outaouais, et Jean-Claude Des Rosiers, président de la chambre de commerce de Gatineau. « L'Outaouais partage une frontière avec la capitale canadienne qui lui insuffle un important dynamisme économique », souligne M. Robitaille. Le projet de réaménagement des plaines LeBreton, un vaste espace vierge au centre-ville d'Ottawa qui doit accueillir entre autres des amphithéâtres intérieur et extérieur, des appartements et des espaces commerciaux, amène aussi son lot d'occasions pour les entreprises situées sur l'autre rive. « Les entreprises de l'Outaouais doivent en profiter pour se connecter à ce projet », souhaite M. Des Rosiers. Le projet résidentiel et commercial de deux tours de 35 et 55 étages, au centre-ville de Gatineau, amènera aussi de l'eau au moulin du secteur de la construction, autre acteur majeur de l'économie de la région. Gatineau se prépare aussi aux festivités entourant le 150e anniversaire du Canada, en 2017.

Défis

La proximité de l'Outaouais avec la capitale fédérale Ottawa est aussi synonyme de dépendance économique. Ainsi, la longue campagne électorale de 2015 et l'élection d'un nouveau gouvernement a eu un impact majeur sur l'économie de la région, constate M. Des Rosiers. « Beaucoup d'entreprises faisant affaire avec le gouvernement ont enregistré des baisses de revenus importantes, jusqu'à 50 %, parce que les budgets gouvernementaux étaient bloqués », précise-t-il. Autre constat : la région est un vaste territoire contrasté où les trois quarts de la population habitent Gatineau, quatrième ville du Québec pour la population et voisine de « MRC parmi les plus pauvres au Québec qui dépendent de l'industrie forestière et sont en forte dévitalisation », fait valoir M. Robitaille. Enfin, les entreprises se disent « frustrées de la lenteur et de la lourdeur administratives pour arriver à faire des affaires à Gatineau », note M. Des Rosiers.

En bref

- Grands employeurs : 

Lauzon : 550

Kruger : 488

Fortress : 306

Glatfelter : 265

Pneus Lavoie : 260

- Parcs industriels : 21

- Les trois plus grands secteurs d'activité

Administrations publiques : 50 087 emplois

Enseignement, santé et assistance sociale : 47 279 emplois

Services financiers, immobiliers, professionnels et administratifs : 32 299 emplois

- Sièges sociaux

Lauzon

Glatfelter

Pneus Lavoie

Sources : Institut de la statistique du Québec et entreprises

Mylène Chaumont, présidente de la clinique privée Sentinelle Santé dans l’Outaouais

Photo fournie par Sentinelle Santé

Georges Émond, président directeur général, Laiterie de l’Outaouais

Photo fournie par Laiterie de l’Outaouais