L'avion a toujours été privilégié pour transporter la marchandise du Sud québécois vers le Grand Nord. Aujourd'hui, les acteurs du Nord-du-Québec souhaitent changer les choses en maximisant le transport routier, ferroviaire et maritime pour diminuer les coûts et favoriser la croissance économique de la région.

Le chemin de fer se rend jusqu'à Matagami. Le réseau routier se rend jusqu'à La Grande, via la route de la Baie-James. Pourtant, la voie des airs prime. « Avant la création de la route, les communautés du Grand Nord étaient joignables uniquement par voies aériennes. Les modèles de transport ont peu changé depuis », explique Alain Coulombe, directeur général adjoint à la Société de développement de la Baie-James.

Le maire de Matagami, René Dubé, affirme qu'il est temps de changer le cours des choses. « Ça fait des années qu'on veut prioriser le chemin de fer et le transport routier pour rapprocher les communautés. C'est bien beau de développer le nord, mais il ne faut pas oublier ceux qui décident d'y rester. »

Pendant des années, les programmes gouvernementaux de transport de denrées alimentaires exigeaient que la marchandise parte de points d'entrée officiels désignés principalement dans le sud de la province. Une règle qui n'existe plus. « Ça change la donne pour la logistique d'expédition », souligne M. Coulombe.

Désormais, la voie est libre afin de solliciter davantage les infrastructures de transports. « Avant de mettre du volume de transport sur le train, on va le mettre sur un navire. Pendant six à huit semaines, en été, les bateaux partent de Valleyfield jusqu'au Nunavik, en passant par le détroit de Belle-Isle. Idéalement, on devrait ensuite envisager les moyens terrestres, avant d'utiliser le transport aérien. Et encore, les avions devraient partir le plus au nord possible, afin d'optimiser les avantages du transport intermodal », illustre Alain Coulombe.

« Ce n'est pas uniquement un enjeu de développement pour notre région, mais pour le Québec en entier, afin d'assumer notre avantage concurrentiel sur le reste du Canada », ajoute-t-il.

Le chemin de fer prenant fin sur son territoire, Matagami espère devenir un point de distribution nordique. « En amenant la marchandise par chemin de fer et en transitant en camion vers le secteur minier, ça ferait toute la différence. On sauverait des coûts énormes. Et on pourrait créer des emplois en manutention, en services et en transports. »

Coûts de transport

1600 $/tonne de marchandise via les airs

60 $/tonne de marchandise via la route

Source : Société de développement de la Baie-James

La diminution des coûts de transport pourrait avoir un impact majeur dans les communautés du Grand Nord, où les habitants déboursent des sommes astronomiques pour leurs biens de consommation. Une diversification des modes de transport permettrait assurément d'améliorer le niveau de vie des populations locales, estime Alain Coulombe.

À long terme, les acteurs régionaux espèrent également développer davantage les installations maritimes, afin d'offrir une autre option de transport aux compagnies minières qui expédient leurs ressources vers le Sud.

5 objectifs du Plan Nord en transport

 - Assurer la pérennité des infrastructures maritimes au Nunavik. Développer la capacité du port de Sept-Îles.

 - Augmenter la capacité de la desserte ferroviaire entre la fosse du Labrador et le port de Sept-Îles.

 - Poursuivre l'amélioration des aéroports nordiques.

 - Prolonger la route 138 et améliorer la route 389.

 - Refaire la route de la Baie-James et la route reliant Schefferville à Kawawachikamach.

Source : Société du Plan Nord