Depuis 2013, Ressources GéoMégA travaille à l'élaboration d'un procédé de séparation des éléments de terres rares à base d'électricité. Une méthode qui pourrait révolutionner l'industrie, selon certains observateurs.

Détentrice à 100 % du projet minier Montviel, près de Lebel-sur-Quévillon, GéoMégA a créé une société à capital fermé nommée Innord, afin de favoriser les investissements extérieurs dans son procédé novateur.

Celui-ci permet de séparer les éléments de terres rares avec l'électrophorèse, soit la migration des espèces chargées dans une solution en présence d'un champ électrique. Habituellement, la séparation s'effectue avec une méthode chimique, à base de solvants.

Au début du mois de mars, on a appris que le gouvernement du Québec investissait 500 000 $ dans l'aventure, dans le cadre du Plan Nord et du Réseau Capital Baie-James.

« La solution d'Innord est une alternative aux produits chimiques utilisés à grande échelle et très nuisibles pour l'environnement, C'est un projet très innovant. On parle d'un "game changer" dans l'industrie. »  - Alain Coulombe, directeur général adjoint de la Société de développement de la Baie-James

RENVERSER LE MONOPOLE CHINOIS

À l'heure actuelle, les permis de mise en marche d'une usine de séparation traditionnelle sont infiniment complexes à obtenir en Amérique du Nord, puisque la concentration des acides est très élevée. « Les grandes quantités d'acides qui sortiraient de l'usine créeraient un énorme parc à résidus et il serait très difficile de protéger l'environnement de possibles fuites », explique Kiril Mugerman, président de GéoMégA.

Bien qu'il existe de telles usines en France, en Estonie et en Malaisie, plus de 90 % des concentrés de terres rares du monde sont traités en Chine présentement. « Il y a donc très peu de mines de terres rares opérationnelles à l'extérieur de la Chine, car les minières sont obligées d'envoyer leurs concentrés là-bas, ce qui affecte leur rentabilité. Innord aimerait fournir une méthode alternative à toute l'industrie. »

Ses dirigeants rêvent de rapatrier les concentrés de terres rares de plusieurs projets miniers internationaux et de sources secondaires dans son usine à construire dans le Nord-du-Québec. « Idéalement, nous aimerions l'installer près de Lebel-sur-Quévillon, mais rien n'est garanti encore », précise M. Mugerman.

Le climat d'incertitude qui plane sur le monde minier n'est guère encourageant, mais le chef de la direction précise que le projet de mines de terres rares de GéoMégA et l'usine de séparation d'électrophorèse sont indépendants. « L'usine va être construite même sans la mine et les concentrés qu'elle générerait, dit-il. On aimerait que l'usine face du recyclage de terres rares. Actuellement, seuls 5 % des produits de terres rares sur la planète sont recyclés. »

La construction de l'usine dépend non pas du projet minier, mais du succès du prototype présentement à l'essai. Jusqu'à présent, près de 1 million de dollars ont été investis dans le développement de l'électrophorèse dans le domaine des terres rares. Outre le demi-million du gouvernement provincial, 300 000 $ ont été investis par le fédéral et 200 000 $ par GéoMégA.