Le Plan Nord, dont la nouvelle mouture sera présentée aujourd'hui, se déploie trop lentement aux yeux des entrepreneurs locaux. Le prix des métaux ralentit les projets d'exploration. Le climat et la situation géographique sont des défis constants. Mais les habitants du Nord-du-Québec se rassemblent et rivalisent d'ingéniosité pour tirer leur épingle du jeu, comme en témoignent les entrepreneurs Frédéric Verreault et Christine Nakoolak.

COMPÉTITIVITÉ

Frédéric Verreault

> Âge: 36 ans

> Emploi: directeur des affaires corporatives et des communications aux Chantiers Chibougamau, entreprise manufacturière

> Dans la région: depuis sa naissance

Affrontant des défis de distance et de coûts d'exploitation importants, Chantiers Chibougamau mise sur des travailleurs habités par un grand esprit de compétition, selon Frédéric Verreault. «Comme on paye nos employés environ 20% de plus que pour un poste équivalent plus au sud, on doit se retrousser les manches tous ensemble pour se positionner adéquatement sur le marché. Heureusement, les gens restent chez nous longtemps. Cette stabilité amène une compréhension très forte de notre réalité d'affaires. S'ils ne mettent pas l'épaule à la roue, on ne pourra tout simplement plus les employer. On est tous dans le même bateau.» Ayant pour compétiteurs des fabricants établis à Toronto et Vancouver, l'entreprise doit investir des sommes colossales pour continuer de croître. «On investit plus qu'ailleurs en Amérique du Nord pour être au top d'un point de vue technologique. C'est une question intrinsèque de survie.»

CONFIANCE

Christine Nakoolak

> Âge: 40 ans

> Emploi: directrice des opérations d'Avataa Explorations and Logistics

> Dans la région:  depuis 1990

Basée à Kuujjuaq, Christine Nakoolak relève un pari peu banal depuis 2011: convaincre les entreprises minières de ne plus penser uniquement aux fournisseurs venus du sud pour le soutien logistique et la location d'équipement. «On a gagné leur confiance un à un, dit-elle. À nos débuts, nous nous sommes rendus à plusieurs événements du domaine minier. Nous avons rencontré beaucoup de gens et fait savoir qu'il existait maintenant une solution nordique à un besoin nordique.

Quand les clients ont compris que nous avions une expertise régionale et que nous étions fiables, ils ont été nombreux à venir vers nous.» L'initiative est en train de faire des petits. «Plusieurs autres entreprises locales ont été lancées après la nôtre, que ce soit en construction, en plomberie ou en électricité. J'aime croire qu'ils ont eu la confiance pour commencer en voyant notre succès. Le Plan Nord doit profiter aux communautés locales comme les nôtres, pas seulement aux grandes entreprises.»

PHOTO FOURNIE PAR CHRISTINE NAKOOLAK

FORCES

Le Nord-du-Québec est une région peuplée de gens innovateurs, qui travaillent d'arrache-pied pour s'adapter à leur milieu, selon René Dubé, maire de Matagami et président de l'Administration régionale Baie-James. Mais de son propre avis, il faut aller plus loin. «C'est bien beau, être imaginatifs, mais on doit attirer de nouveaux investisseurs et convaincre les travailleurs d'habiter la région. On ne peut pas seulement être une région ressource.»

À ce sujet, il évoque les projets d'ensembles résidentiels à Chibougamau, Lebel-sur-Quévillon et Chapais. Il cite aussi l'implication d'une entreprise citoyenne à Matagami: Glencore. «L'entreprise met de l'oxygène dans le secteur des mines et travaille étroitement avec le milieu communautaire. L'an dernier, neuf maisons ont été construites pour la rétention des travailleurs. Et la compagnie s'implique énormément dans les loisirs, la culture et les réalités municipales.»

DÉFIS

Lancer une entreprise dans l'un des 14 villages inuits du Nord-du-Québec, c'est comme monter une rivière à contre-courant aux yeux d'Adel Yassa, directeur du Service du développement à l'Administration régionale Kativik. «Les coûts pour se lancer en affaires sont beaucoup plus élevés que dans le Sud. Comme il est pratiquement impossible de trouver un local à louer pour son entreprise, il faut construire sa propre bâtisse. Les taxes municipales sont très élevées.

Tout comme le coût de la main-d'oeuvre, en raison de la concurrence entre les services privés, publics et coopératifs.» Malgré les limitations du marché et les difficultés du climat, des entreprises locales s'établissent et réussissent. Elles doivent toutefois composer avec la quasi-inexistence de services bancaires sur le territoire. «On retrouve une seule succursale de la CIBC à Kuujjuaq et les autres localités n'en ont pas. Il nous faut absolument un service bancaire moderne!»

LE NORD-DU-QUÉBEC EN CHIFFRES

NORD-DU-QUÉBEC

Population active: 26 951 (février 2015)

Taux de chômage: 10,8% (février 2015)

Revenu disponible par habitant: 25 895$ (2013)



AU QUÉBEC


Population active: 4 403 500 (février 2015)

Taux de chômage: 7,4% (février 2015)

Revenu disponible par habitant: 26 774$ (2013)



LES PLUS GRANDS EMPLOYEURS

Mine Raglan (Glencore): 650 employés

Chantiers Chibougamau: 600 employés

Barrette-Chapais: 330 employés

Mine Bracemac-McLeod (Glencore): 300 employés

Mine Éléonore (Goldcorp): 300 employés



4: 
Nombre de parcs industriels



LES GRANDS SECTEURS D'ACTIVITÉ

1. Fonction publique

2. Mines

3. Forêts, pâtes et papiers



LES VILLES LES PLUS PEUPLÉES (2011)

Chibougamau: 7541 habitants

Lebel-sur-Quévillon: 2159 habitants

Chapais: 1610 habitants

Matagami: 1526 habitants



SIÈGE SOCIAL


Chantiers Chibougamau: 650 employés