Des intervenants municipaux viennent de partout au Québec pour en apprendre davantage sur le succès entrepreneurial de Shawinigan. La ville au riche passé industriel et touchée par d'importantes fermetures a su se relever de belle façon.

En 2010, Shawinigan a acquis une ancienne usine de textile pour en faire le Centre d'entrepreneuriat Alphonse-Desjardins, un vaste écosystème voué au démarrage et à la croissance des entreprises. On y retrouve entre autres le Digi-Hub, un organisme offrant un environnement propice à l'innovation. « Il vient marquer le virage numérique dans le développement économique, indique Luc Arvisais, responsable du développement économique à la Ville de Shawinigan. La Ville a décidé de prioriser comme créneau de diversification tout le secteur du développement logiciel et numérique. Il s'est accentué avec l'arrivée de CGI, qui a embauché 150 personnes et qui, à terme, devrait avoir 300 employés. »

Des sociétés immobilières commencent d'ailleurs à acquérir des bâtiments pour accueillir des entreprises. 

« Olymbec a notamment acheté l'ancien aréna Jacques-Plante pour le transformer en immeuble de bureaux. Les propriétaires immobiliers investissent parce qu'ils voient ce qui se passe. Le centre va déborder éventuellement. »  - Luc Arvisais, responsable du développement économique à la Ville de Shawinigan

67 DÉMARRAGES À TROIS-RIVIÈRES

Trois-Rivières n'est pas en reste. L'an dernier, Innovation et développement économique Trois-Rivières (IDETR) a offert du soutien au démarrage de 67 entreprises. L'organisme a également acquis un ancien centre funéraire pour le transformer en accélérateur d'entreprises dans le domaine des technologies.

De plus, le fonds de diversification économique de 200 millions créé à la suite de la fermeture de la centrale Gentilly en 2014 permet également de donner un bon coup de pouce à plusieurs entreprises en Mauricie et dans le Centre-du-Québec. Jusqu'à maintenant, environ la moitié des sommes ont été utilisées, selon Denis Hébert, directeur régional pour le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation.

La mise en place de la zone industrialo-portuaire de Trois-Rivières devrait également permettre d'attirer des entreprises manufacturières de l'étranger. « Nous sommes en train de faire des études pour déterminer le type d'entreprises recherchées », précise M. Hébert.

RENÉGOCIATION DE L'ALENA

La confiance est au rendez-vous, notamment dans le secteur manufacturier. « L'an dernier, 586 millions en investissements ont été réalisés dans les entreprises de Trois-Rivières et de Bécancour, dont 397 millions dans le secteur manufacturier. Le plus important, c'est le rebond de Kruger, qui s'est lancé dans le cartonnage. »

La baisse du dollar canadien a été favorable aux entreprises qui exportent des biens, analyse-t-il. Reste à voir l'impact que pourrait avoir la renégociation de l'ALENA et d'autres ententes commerciales. « Dans toute négociation, il y a des choses que l'on doit laisser passer et, pour l'instant, nous ignorons ce que nous devrons donner comme monnaie d'échange. C'est préoccupant », note Mario De Tilly, directeur général d'IDETR.

D'ailleurs, les entreprises forestières, plus au nord de la région, guettent aussi la situation aux États-Unis. « Pour les entreprises qui vivent directement de la forêt, il y a un questionnement, note M. Hébert. Par contre, des entreprises de deuxième et de troisième transformation investissent dans leurs installations. »

MAIN-D'OEUVRE : RECRUTEMENT DIFFICILE

Autre enjeu : la disponibilité de la main-d'oeuvre. Comme plusieurs autres régions, la Mauricie doit faire face au vieillissement de sa population et aux difficultés de recrutement. « Les entreprises ont des emplois intéressants à offrir, mais l'attraction de la main-d'oeuvre est un défi important, indique M. Arvisais. On doit faire savoir aux gens qu'il y a des opportunités pour des gens dans le secteur des technologies de l'information. »

La même problématique se pose quant à la relève entrepreneuriale. « La population vieillit et nos entrepreneurs aussi, note M. Hébert. C'est déjà un défi de trouver des repreneurs, et plus ça va aller, plus ce sera le cas. Ce qu'on espère, c'est qu'il y ait une modernisation de ces entreprises pour augmenter la productivité. »

L'intérieur du Centre d'entrepreneuriat Alphonse-Desjardins rappelle l'ancienne usine de textile dans lequel il a pris place. PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE--CLD de Shawinigan. Espace collectif et de formation. Pour la section : Portfolio-30-# REF : 700 007

Un endroit idéal pour l'échange d'idées et le réseautage.PHOTO ULYSSE LEMERISE, COLLABORATION SPÉCIALE--CLD de Shawinigan. le DigiHub. Pour la section : Portfolio-30-# REF : 700 007