Sans faire trop de bruit, Margarine Thibault, seul fabricant de margarine à propriété québécoise, poursuit sa croissance et prépare la relève.

« Nous avons réalisé trois agrandissements depuis six ans à notre usine située dans le parc industriel de Trois-Rivières, souligne Danielle Bergeron, présidente de la PME qui emploie 60 personnes à la production et 15 autres employés au siège social. Il y a deux ans, nous avons ajouté une cinquième ligne de production. L'activité ne manque pas. »

Danielle Bergeron ne cache pas que l'entreprise se doit d'innover sans cesse pour se démarquer face à ses concurrents de la trempe des géants Unilever, Becel et Lactantia, qui contrôlent le marché de détail.

« Nous occupons un petit espace dans la vente de margarine destinée aux consommateurs, concède-t-elle. Notre croissance est beaucoup plus nette dans les produits de boulangerie et de pâtisserie destinés aux entreprises de transformation alimentaire. »

« Nous faisons d'ailleurs beaucoup d'efforts, dans la recherche et le développement, afin d'ajuster notre production en fonction des besoins pointus de nos clients, qui apprécient notre approche personnalisée », ajoute-t-elle.

Les enjeux sont grands dans ce secteur d'activité, précise l'ex-présidente du Conseil de la transformation alimentaire du Québec.

« Il y a tous ces débats entourant les OGM et la sécurité alimentaire. Et nous devons en tenir compte. »

- Danielle Bergeron, présidente de Margarine Thibault

Margarine Thibault, qui exporte 5 % de sa production en Colombie et en Nouvelle-Calédonie, notamment, doit composer avec la faiblesse du dollar canadien. « On achète nos intrants à l'étranger et on doit payer en dollars américains, ce qui fait augmenter nos coûts », calcule-t-elle.

LA RELÈVE SE POINTE

Danielle Bergeron avoue, par ailleurs, se sentir dans son élément dans l'industrie agroalimentaire, elle qui a grandi dans une famille où on mettait du beurre - et non pas de la margarine ! - sur les tranches de pain, au petit-déjeuner.

Il faut comprendre que son grand-père J.-Eudore Bergeron a été beurrier avant de se lancer dans la production de margarine.

« Mais je n'ai jamais pensé me retrouver à la tête de l'entreprise familiale », admet-elle.

C'est à la suite du décès de son frère Bernard, qui n'avait que 40 ans, qu'elle a été appelée à prendre les commandes de l'entreprise. Une décision qu'elle n'a jamais regrettée depuis.

LA TRANSITION

Et il y a son fils Nicolas Adam, 38 ans, vice-président exécutif, qui marche dans ses traces.

« Il est en quelque sorte la source et la motivation des changements qui s'opèrent au sein de l'entreprise, souligne sa mère. Il prend de plus en plus de place dans notre organisation et nous travaillons ensemble, avec nos autres collaborateurs, à élaborer les plans stratégiques en devenir. »

Pas question de retraite, toutefois, pour la présidente âgée de 62 ans.

« Je ne suis pas encore prête », souligne-t-elle.

À l'entendre, Margarine Thibault a encore beaucoup de pain sur la planche.

« Nous voulons continuer d'investir à nos installations de Trois-Rivières, soumet-elle. On souhaite prendre de nouvelles parts de marché. Cela signifie que nous allons aussi devoir embaucher, éventuellement. »