Les acteurs industriels de l'agglomération de Longueuil ont le regard tourné vers l'étranger, notamment les États-Unis, l'Europe et le Brésil, potentiels marchés d'exportation. La région pourrait ainsi se hisser parmi les leaders mondiaux du transport intelligent.

Forte de ses 270 entreprises liées au transport et à la logistique, l'agglomération de Longueuil s'est donné au printemps un objectif ambitieux : se hisser parmi les leaders mondiaux du transport intelligent. Pour y parvenir, elle s'est dotée d'un technopôle pour mobiliser les forces locales de cette industrie. Entretien avec son directeur, Benoit Balmana.

Grâce à ses autoroutes connectées au port de Montréal et au marché américain, la banlieue sud de Montréal peut se targuer d'être la plaque tournante de la production industrielle québécoise. Mais son industrie du transport ne se limite pas à de petits et grands parcs de camions. Elle comprend aussi des centres de recherche et un grand nombre de fournisseurs de technologie. Ce secteur d'activité emploie 14 000 travailleurs dans la région, selon le plus récent relevé de Développement économique de l'agglomération de Longueuil (DEL).

« Nous avons la masse critique d'entreprises pour transformer les transports de manière plus intelligente et plus responsable de l'environnement », croit fermement M. Balmana, auparavant PDG de Prima Québec, un organisme voué au développement des nanotechnologies et des matériaux avancés.

Déployé d'ici à la fin de 2017, le technopôle assurera le maillage entre les chercheurs, les fabricants et les sociétés dites « intégratrices », c'est-à-dire là où les innovations peuvent être testées en conditions réelles. Il offre des aides financières et, dans les prochains mois, un incubateur pour des entreprises en démarrage.

« Notre réflexion débute par le transport de marchandises, mais elle s'étend au transport de passagers, donc les autobus, le ferroviaire, l'aéronautique et le maritime. » - Benoît Balmana, directeur du technopôle des transports intelligents et durables

Par exemple, le technopôle suit de près le développement du train électrique léger sur le pont Champlain. « On pourrait aussi envisager des projets aéronautiques ou encore des navettes fluviales propulsées à l'électricité ou avec des carburants bios. »

RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT

Rassembler des acteurs complémentaires autour d'un projet commun s'avère le principal rôle du technopôle. « On est toujours étonnés de voir à quel point les gens ne se connaissent pas. » À ce titre, M. Balmana compte tirer profit des importants centres de recherche implantés sur son territoire.

Outre l'Agence spatiale canadienne et le Centre de technologie en aérospatiale (CTA) à Saint-Hubert, on y trouve le Centre national de recherche spécialisé dans les matériaux et la connectivité. « Le CTA a effectué une étude sur les silencieux de petits avions pour réduire le bruit à l'aéroport de Saint-Hubert. » L'Université de Sherbrooke offre pour sa part une expertise en développement durable, ainsi qu'en technologie de capteurs et de logiciels.

Cette masse critique de chercheurs peut contribuer au développement des produits des fournisseurs de technologie. « Les produits de ces fournisseurs peuvent ensuite être intégrés dans la flotte des transporteurs pour la rendre plus intelligente et plus durable », souligne M. Balmana.

À ce titre, l'entreprise TM4, à Boucherville, est décrite comme le vaisseau amiral de ce secteur d'innovation. Cette société, créée pour mettre au point le moteur-roue imaginé dans les années 80 par les chercheurs d'Hydro-Québec, connaît un certain succès dans l'électrification des transports publics en Europe et en Asie.

Pour permettre aux entreprises innovantes de tester leur technologie, le technopôle prévoit mettre en place des sites pilotes et de démonstration. Ainsi, une entreprise pourrait utiliser les données de circulation amassées par les capteurs de la Ville de Longueuil et tester auprès des citoyens une application pour téléphone intelligent susceptible d'améliorer la circulation automobile.

Le milieu d'affaires longueuillois semble prêt à sauter dans l'aventure proposée. En mai dernier, DEL a lancé un appel de projets assorti d'une aide financière globale de 250 000 $. En seulement 6 semaines, 15 projets ont atterri sur le bureau de Benoit Balmana. « Il faudra voir avec les autres ordres de gouvernement comment doubler ou tripler notre aide financière. »

Selon M. Balmana, le temps est compté pour prendre rapidement une position dominante dans ce marché en émergence. « Il existe déjà beaucoup de choses, mais là, il faut appuyer sur l'accélérateur. »