Environ huit mois après la fermeture de l'usine Electrolux à L'Assomption, qui a entraîné la perte de plus de 1200 emplois, Lanaudière est en recherche de solutions. Interpellés par les projets de diversification économique, de concertation régionale et de formation de la relève, les entrepreneurs Isabelle Liard et David Hervieux nous font part de leurs observations sur la région.
Relève
Isabelle Liard
> Âge: 37 ans
> Profession: présidente de Liard Industries, sous-traitant en fabrication métallique (usinage et soudage).
> Dans la région: depuis sa naissance.
Majoritairement spécialisées dans l'industrie du métal, les PME de Lanaudière misent sur le Centre d'excellence en formation métallique afin de promouvoir les métiers tels que soudeur et machinistes. «Grâce à la campagne Alliez métal et Savoir-fer, on remarque une augmentation significative des inscriptions au DEP en usinage, dans les écoles secondaires de Joliette et de Saint-Lin, souligne Isabelle Liard.
On compte maintenant sur des classes complètes d'une vingtaine d'élèves, au lieu de seulement quatre ou cinq finissants. Après les avoir formés, on travaille très fort pour éviter qu'ils partent travailler à Montréal, Laval ou Trois-Rivières.» La relève passe aussi par des projets de formation continue en entreprises. «Avant que les employés-clés partent à la retraite, on documente leurs connaissances et on les rend accessibles sur une application iPad. Les gestionnaires gardent ça pour former les nouveaux. Partout au Québec, des PME veulent qu'on exporte notre expertise en métal.»
Main-d'oeuvre spécialisée
David Hervieux
> Âge: 36 ans
> Profession: président de Dévolutions, une firme spécialisée en développement de produits technologiques.
> Dans la région: depuis sa naissance.
Implanter une entreprise techno hors de Montréal n'est pas chose aisée, mais David Hervieux relève le défi depuis 2010. «C'est plus complexe de trouver une main-d'oeuvre spécialisée en région, mais je préfère être une bille rouge dans un sac de billes bleues, explique-t-il. Comme il y a peu de concurrence, le bouche-à-oreille se propage plus facilement et on arrive à faire du recrutement.»
Chaque année, il accueille des stagiaires des programmes en informatique du cégep de Joliette et de l'Université du Québec à Trois-Rivières. «On investit beaucoup dans notre capital humain. Les entreprises régionales offrent souvent des salaires moindres, mais on refuse de jouer cette carte. On offre des salaires similaires à ceux offerts à Montréal pour attirer de bons candidats.» Comme Lanaudière est une région très francophone, l'entreprise donne aussi des cours d'anglais sur place, pour que ses employés deviennent bilingues. «C'est hyper important dans notre domaine.»
Forces
Avec une augmentation de 10,5% de sa population entre 2011 et 2014, Lanaudière est l'une des régions qui ont connu la progression la plus rapide, selon les données de février 2015 fournies par l'Institut de la statistique du Québec. «On chatouille le demi-million d'habitants, précise Claude Robichaud, directeur général du CLDEM.
On remarque une croissance des naissances et l'installation importante de nouveaux résidants, qui veulent bénéficier du contexte métropolitain, tout en étant périurbains. Il y a encore beaucoup d'espace en région pour continuer le développement résidentiel.»
Bien que la croissance soit davantage observée dans le sud du territoire, elle bénéficie à toute la région. «Plus de monde, c'est plus de consommateurs, plus de travailleurs et potentiellement plus d'entrepreneurs, qui auront des idées nouvelles pour maintenir la diversité économique de la région, dit-il. Lanaudière est très forte en produits métalliques et en ameublement, mais elle n'a jamais été tributaire d'un seul secteur.»
Défis
Les statistiques ne sont pas toutes favorables à Lanaudière, comme en témoigne son PIB par habitant (24 758$ en 2012), l'un des plus bas du Québec. «Il faut renverser la situation et faire en sorte que la région prenne du tonus en termes de production, affirme Claude Robichaud.
En plus de composer avec la diminution d'emplois dramatique depuis la fermeture d'Electrolux à L'Assomption, nous devons constamment tenter de créer de nouveaux emplois pour revigorer l'économie.»
Selon lui, le dynamisme régional passe en partie par des programmes d'aide au démarrage d'entreprises, mis à mal par les coupes du gouvernement Couillard. «Avec les coupes financières dans les CLD, les différends fonds dédiés aux jeunes entrepreneurs sont peut-être en danger. On ne connaît pas encore toutes les conséquences des décisions gouvernementales, mais on pose l'hypothèse que les localités devront affronter de nouveaux défis, avec moins de moyens.»
Lanaudière en chiffres
Population (2014): 492 234
Taux de chômage (janvier 2015): 7,1%
Revenu disponible par habitant (2013): 26 189$
Au Québec
Population (2014): 8 214 672
Taux de chômage (janvier 2015): 7,5%
Revenu disponible par habitant (2013): 26 774$
29: Nombre de parcs industriels
Trois plus grands secteurs d'activités
Fabrication
Construction
Soins de santé et assistance sociale
Cinq plus importants employeurs privés
Desjardins: 1500
Bridgestone Canada: 1250
IGA Crevier: 1120
Groupe PR Maintenance: 850
General Dynamics: 800
Plus grands sièges sociaux
Groupe ADF
Mailhot Industries
Les Centres de rénovation Patrick Morin
Groupe Gaudreault
EBI environnement
Groupe Harnois
Les cinq plus grandes villes
Terrebonne: 110 285
Repentigny: 84 472
Mascouche : 45 564
L'Assomption: 21 517
Joliette: 20 654
Sources: Institut de la statistique du Québec, Lanaudière Économique, CLD de Joliette, Affaires Lanaudière