Le développement économique est à géométrie variable dans la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Pendant que Gaspé connaît un boom économique rarement vu, certains villages poursuivent leur dévitalisation. De son côté, l'archipel des Îles-de-la-Madeleine entreprend une diversification de son économie dans un contexte favorable.

« On gère la croissance. On est en pénurie de main-d'oeuvre et de logement. Quelqu'un nous aurait dit cela il y a quelques années et on ne l'aurait pas cru », explique Daniel Côté, maire de Gaspé.

L'obtention d'un important contrat par LM WindPower à Gaspé explique en partie cette effervescence autour de la ville-centre de 15 000 habitants. Propriété de General Electric, le fabricant de pales pour éolienne passera de 200 à quelque 500 employés au cours de l'année. L'entreprise reçoit des milliers de C V des quatre coins du Québec. La ville met donc les bouchées doubles afin de favoriser la construction à court terme de plusieurs immeubles à logements.

La filière éolienne est d'ailleurs sur une lancée, poursuit le maire. Des PME, fondées et dirigées par des Gaspésiens, commencent à prendre leur envol. Plaquettes B & B et Groupe Ohmega, dont le potentiel de croissance est mondial, en sont deux exemples.

Toujours à Gaspé, l'entreprise Chantier naval Forillon s'est vu attribuer un important contrat pour la construction de bateaux pour la Garde côtière canadienne. « Le chantier est habitué à faire des bateaux de pêche. Ce contrat vient sécuriser l'entreprise pour au moins cinq ans », signale le maire Daniel Côté qui, à 37 ans, sollicitera un deuxième mandat à l'automne.

« Mon rêve est de voir le boom économique de Gaspé rejaillir sur l'ensemble de la Gaspésie. Il y a encore trop de petits villages qui se dévitalisent. » - Daniel Côté, maire de Gaspé

Dans l'industrie du tourisme, l'un des trois importants moteurs économiques de la région au même titre que l'industrie éolienne et le secteur des pêches et des activités maritimes, les nouvelles sont aussi très bonnes ces années-ci. Le parc national du Canada de Forillon, le rocher Percé et le centre-ville de Gaspé sont les trois sites les plus courus et ceux où les investissements (entre 30 et 50 millions) pour de nouvelles infrastructures, de nouveaux services et de nouveaux commerces ont déferlé depuis quelques années.

Quant à l'exploitation des hydrocarbures, différents projets continuent à progresser. L'exploration et les analyses se poursuivent en marge du projet d'exploitation et de liquéfaction de gaz naturel par les entreprises Tugliq et Pétrolia dans le canton de Bourque, près de Murdochville. But recherché : extraire et liquéfier du gaz qui sera ensuite envoyé dans le Nunavik afin, notamment, de remplacer le diesel.

Le projet de Junex à Galt (20 km à l'ouest de Gaspé) va très bien, selon Dave Pépin, vice-président aux finances et aux affaires corporatives. « On est près de la production commerciale de pétrole et de gaz, dit-il. On espère forer un puits additionnel cet été. On travaille fort avec la communauté pour en faire un projet harmonieux. Et on a le feeling qu'on est très bien accueilli. »

Pétrolia et son projet Haldimand, dont l'un des forages est situé tout près d'un secteur résidentiel de Gaspé, obtiennent toutefois difficilement la faveur populaire, soutient le maire Côté.

AUX ÎLES

Aux Îles-de-la-Madeleine, l'économie se porte très bien ces années-ci. La pêche, le tourisme et la mine de sel, les trois principaux secteurs d'activités de l'archipel, ont le vent en poupe.

« Les captures de homards et de crabes sont en hausse et les prix offerts aux pêcheurs aussi. Quant au tourisme, nous avons attiré un record de 65 000 visiteurs l'an dernier », se félicite Jonathan Lapierre, maire de la municipalité des Îles-de-la-Madeleine et président de la communauté maritime des îles, l'équivalent d'une MRC.

Malgré tout, le maire Lapierre et la communauté d'affaires veulent désormais diversifier l'économie madelinoise. Dans la foulée, le gouvernement provincial s'apprête à construire un site unique au Québec : le Centre d'expertise pour la gestion des risques d'incidents maritimes.

« On aimerait devenir une sorte de baromètre pour les enjeux environnementaux, les changements climatiques, l'érosion des berges, explique Jonathan Lapierre. Pas juste pour les îles, mais pour tout le Québec et même ailleurs. On cherche aussi à attirer des entreprises en recherche et en innovation. Vous savez, on a accès à la même fibre optique qu'à Montréal, sauf qu'ici, on offre une qualité de vie avec vue sur la mer en tout temps. »