La vigueur de l'économie américaine et la baisse du dollar canadien ont de quoi réjouir les entreprises manufacturières de l'Estrie, qui comptent en profiter pour accentuer leur présence au sud de la frontière. Entre-temps, la région mise aussi sur le développement de jeunes entreprises dans des secteurs émergents comme les technologies propres.

En chiffres :

Estrie

Population active : 164 800 habitants (2013)

Taux de chômage : 6,6 % (déc. 2014)

Revenu disponible par habitant : 24 673 $ (2013)

Province de Québec

Population active : 4 365 100 habitants (2013)

Taux de chômage : 7,6 % (déc. 2014)

Revenu disponible par habitant : 26 774 $ (2013)

Sources : Institut de la statistique du Québec, Emploi-Québec

Personnalité 1 :

Exportation

Gilles Pansera

Âge : 63 ans

Profession : Président, Groupe SFR

En Estrie depuis 33 ans (1982)

La région prend du mieux, en particulier à Lac-Mégantic où l'activité industrielle s'est assez bien remise de la catastrophe qui a emporté le centre-ville, note Gilles Pansera. « Mais le moral des troupes demeure fragile », précise celui qui, lors de notre entretien, venait justement de luncher au nouveau Musi-Café, rouvert à la mi-décembre. La vigueur de l'économie américaine et la baisse du dollar canadien profiteront au secteur manufacturier de l'Estrie, en particulier l'industrie du bois et ses produits dérivés comme les meubles. « Les entreprises devront profiter de cette manne pour innover et moderniser leurs équipements. » D'autant que le recrutement de main-d'oeuvre spécialisée reste difficile. « Les jeunes sont attirés par les grandes villes, où les salaires sont souvent plus élevés. La région doit faire valoir sa qualité de vie, ses grands espaces pour compenser. » Elle mise aussi sur des secteurs émergents, comme celui des technologies propres, qui donnent un nouveau visage économique à la région.

Personnalité 2 :

Innovation

Francine Guay

Âge : 61 ans

Profession : Présidente, Groupe MI Intégration

En Estrie depuis 61 ans

Longtemps tributaire d'industries manufacturières traditionnelles, la région de l'Estrie a vu son économie prendre un virage ces dernières années. « Le paysage change, et de nouveaux secteurs d'activité renforcent son économie », constate Mme Guay, dont le Groupe MI Intégration se spécialise depuis 25 ans dans la conception et la fabrication de moules de joints d'étanchéité pour l'industrie automobile. Elle note, par exemple, le développement d'une importante filière environnementale poussée par « de jeunes entreprises très prometteuses ». Aussi, la présence du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) et de différents centres de recherche liés au secteur médical favorise le développement du secteur des sciences de la vie. Mais le recrutement de la main-d'oeuvre pose encore des défis. « Les entreprises ont intérêt à s'impliquer davantage auprès des écoles pour mieux faire connaître leurs besoins et certains métiers. » De récentes initiatives, comme l'organisation de portes ouvertes dans plusieurs entreprises, dont MI Intégration, ou encore des missions de recrutement en France, visent à pallier la situation.

Forces

Une économie américaine plus robuste, jumelée à la baisse du dollar canadien, sera favorable à l'économie manufacturière de l'Estrie, dont la frontière commune avec les États-Unis facilite les échanges nord-sud. « On est à deux pas des États de la Nouvelle-Angleterre ou de New York. Il faut en profiter encore davantage », estime Roger Noël, PDG de l'Accélérateur de création d'entreprises technologiques, de l'Université de Sherbrooke. De même, ajoute-t-il, « les problèmes de circulation dans la région montréalaise devraient aussi aider et inciter les entreprises de l'Estrie à faire plus de commerce avec nos voisins du Sud ». Autre facteur de développement : la présence d'institutions comme l'Université de Sherbrooke et le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke favorise de plus en plus la « création de jeunes pousses prometteuses dans le secteur des nouvelles technologies, en particulier dans le domaine de la Business Intelligence ». Il note enfin que plusieurs initiatives mises de l'avant ces dernières années, comme des services de mentorat ou Défi Innovation, ont facilité le démarrage et le développement de plusieurs entreprises.

Défis

La région de l'Estrie peine à attirer des entreprises étrangères, note Roger Noël. Outre la présence de la multinationale Charles River, qui a implanté des laboratoires de recherche préclinique à Sherbrooke il y a cinq ans, « la région n'a pas la masse critique pour en attirer d'autres », croit-il. Il précise du même coup que rares sont les entreprises de la région qui font des acquisitions d'entreprises, étrangères ou non, pour croître davantage. Résultat : la prospérité économique de la région repose sur le démarrage d'entreprises. « Ça devient essentiel de mettre plus d'efforts sur le développement de l'entrepreneuriat régional. » Il note aussi que le tissu industriel de la région, marqué par des secteurs comme la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique et la transformation du bois, demeure « fragile et a de la difficulté à se renouveler ». Sans compter, ajoute-t-il, que les entreprises ont aussi tendance à délocaliser leur production.

En bref

- Top 5 grands employeurs (données de 2012)

Université de Sherbrooke 6825

CHUS 6200

Commission scolaire de la région de Sherbrooke 4940

BRP 2737

CSSS 2735

Source : Emploi-Québec

- Nombre de parcs industriels 23

Source : CLD de l'Estrie

- Top 5 des grands secteurs d'activité (emplois)

Santé 23 300

Commerce de détail 17 600

Enseignement 12 700

Matériel de transport et élastomères 8 898

Transformation du bois 5 150

Source : Service Canada

- Top 3 des villes par population (2013)

Sherbrooke 160 745

Magog 26 423

Coaticook 9 209

Source : Gouvernement du Québec