La Côte-Nord est la région québécoise qui a le plus souffert de la chute du prix des métaux. Toutefois, ce territoire huit fois plus grand que la Belgique n'est pas à l'agonie.

Malgré un creux, son économie recommence enfin à tourner et se diversifie lentement, mais sûrement. Les sociétés minières et les multinationales y investissent. Le secteur de l'éducation y est effervescent. Et le transport maritime y sera plus efficace, dit-on.

Après l'euphorie de la croissance, la Côte-Nord a connu un lendemain brutal. Le prix des matières premières a chuté (fer et aluminium au premier chef). Cliffs Natural Ressources a fermé et démantelé ses installations de Sept-Îles et du lac Bloom. Labrador Iron Mine (LIM) a mis fin à ses activités. Sans oublier les hauts et les bas de l'industrie forestière, qui reprend du poil de la bête ces temps-ci.

Depuis l'an dernier, un regain d'optimisme souffle sur la Côte-Nord. Partout, on s'active pour redonner du tonus à l'économie régionale.

UN QUAI MULTI-USAGES

À Sept-Îles, royaume du fer, la construction d'un quai multi-usages est enfin terminée. Propriété du Port de Sept-Îles, ce site de 250 millions de dollars, situé à Pointe-Noire, peut désormais accueillir des China Max, ces géants des mers. Les installations portuaires et ferroviaires appartenant autrefois à Cliffs, également à Pointe-Noire, sont maintenant la propriété de la Société du Plan Nord.

« C'est une excellente nouvelle, car ces installations pourront servir à plusieurs joueurs, dont Champion Iron Mines, qui a racheté la mine de Cliffs au lac Bloom », explique Émilie Paquet, directrice générale de la Chambre de commerce de Sept-Îles.

C'est également à Sept-Îles, ville la plus peuplée (26 000 âmes) de la Côte-Nord, que l'éducation connaît un boom sans précédent. Au nouveau pavillon universitaire de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), payé 10 millions par Aluminerie Alouette il y a deux ans, le cégep de Sept-Îles s'apprête à injecter 30 millions sur son campus.

À Baie-Comeau, le port fédéral est sur le point de changer de main. La Corporation de gestion du port de Baie-Comeau va vraisemblablement en hériter afin de le rendre plus performant. Mais pas à n'importe quel prix, prévient Marc Lefebvre, président de l'organisme.

DIVERSIFICATION

La grande région de Baie-Comeau voit son économie se diversifier, explique Guy Simard, directeur du développement industriel à Innovation et développement Manicouagan.

« On est en train d'attirer des fabricants de batteries avec nos projets miniers. Le secteur bioalimentaire, notamment avec la filière des petits fruits, se développe également. Le tourisme, entre autres les croisières en eau froide, est en hausse. Et il reste encore la phase quatre au projet hydroélectrique de La Romaine. » - Guy Simard

Baie-Comeau, Sept-Îles et le reste de la Côte-Nord sont l'hôte de quelques projets miniers d'importance. Mason Graphite exploitera bientôt une mine de graphite et une usine de transformation. Le gisement d'apatite de la mine Arnaud est en attente de financement. Stria Lithium, une junior, termine ses études de préfaisabilité pour la transformation de lithium. Les Métaux Canadiens explore quant à elle la filière du silicium métallique.

INVESTISSEMENT DE 500 MILLIONS

Arcelor Mittal a récemment annoncé un investissement de 500 millions sur la Côte-Nord afin, notamment, d'accroître la productivité de sa mine de Fire Lake, près de Fermont.

En marge d'une nouvelle entente énergétique tarifaire, Alcoa a investi 300 millions dans ses installations de Baie-Comeau ces dernières années.

Outre les zones dites de la « Haute Côte-Nord » allant de Tadoussac à Baie-Comeau, de la « Moyenne Côte-Nord » (Sept-Îles) et de la « Basse Côte-Nord » (vers l'est jusqu'à Blanc-Sablon), la région compte également l'île d'Anticosti sur son territoire. Anticosti, plus que jamais sur la sellette en raison de l'exploration pétrolière s'y déroulant, ne manque pas de projets.

L'île de 200 habitants vient tout juste de déposer sa candidature pour faire partie du patrimoine mondial de l'UNESCO. Le maire de l'endroit, John Pineault, milite en faveur d'une meilleure desserte fluviale. « On travaille pour faire partie du circuit des Traversiers », dit-il. Grande comme la Corse, l'île d'Anticosti serait sur le point d'accueillir un « resort nordique » haut de gamme.

Quatre projets

Mine de graphite

Une mine de graphite de classe mondiale et une usine de transformation verront le jour sur la Côte-Nord en 2018. Mason Graphite attend les autorisations gouvernementales pour exploiter un gisement, près de Manic 5, qui alimentera des installations construites sous peu à Baie-Comeau. Cent emplois seront créés dans ce projet de 70 millions de dollars. « On n'utilisera que 7 % du gisement durant les 25 premières années d'exploitation », dit Benoit Gascon, président et chef de la direction.

Cégep de Sept-Îles

Après avoir investi près de 40 millions depuis six ans, le cégep de Sept-Îles prévoit injecter 30 autres millions sur son campus au cours des prochaines années. Au programme : un pavillon dédié à la recherche en maintenance industrielle, en énergie et en métallurgie ; la création d'un centre de valorisation pour les essaimages, de même que la construction d'un gymnase multifonctionnel. Le tout se fait en collaboration avec l'Université du Québec à Chicoutimi.

Port de Baie-Comeau

Le gouvernement fédéral se déleste de centaines de quais au pays. À Baie-Comeau, où la Corporation de gestion du port de Baie-Comeau prendra les choses en main, on réclame une aide d'environ 40 millions. « Récemment, on s'est fait dire par une multinationale intéressée à s'établir dans la région qu'il manquait d'espaces au quai. On a raté une belle occasion d'affaires », dit Marc Lefebvre, président de l'organisme.

Petits fruits

La production de petits fruits est en forte hausse dans la région de Baie-Comeau. Donald Bérubé fait partie de cette nouvelle génération de producteurs. À 72 ans, cet homme d'affaires « retraité » s'est lancé dans la culture de la camerise. Déjà, il est entré en contact avec le Japon pour y exporter ses produits. « On augmente la superficie de culture tous les ans. On veut être prêt quand ça va débloquer avec le Japon. »