Les ressources naturelles de la Côte-Nord ne se résument pas au minerai, aux arbres et aux produits de la mer. Plusieurs plantes et petits fruits sont actuellement transformés en produits alimentaires et cosmétiques haut de gamme par une coopérative de Bonne-Espérance.

Depuis cinq ans, la Lower North Shore Bioproducts Solidarity Cooperative teste des recettes afin de créer de nouvelles douceurs à base de petits fruits, comme les plaquebières, les airelles et les graines noires. Au menu : des gelées (dont certaines enrobées de chocolat), des purées et un sirop à cocktails.

Au Québec et aux États-Unis, quelques bars et commerces de produits fins ont exprimé leur intérêt pour les produits, avant même qu'ils ne soient offerts. « On vient de finaliser l'image de marque et on va débuter la mise en marché à la fin mai, explique Kimberly Buffitt, présidente de la coopérative. Nos produits vont se nommer "Parallel 51", en référence à notre position géographique. »

Son équipe veut d'ailleurs mettre sur pied une activité agrotouristique qui permettrait aux gourmands de fabriquer leurs propres bonbons et de visiter les villages nord-côtiers où sont cueillis les fruits (Harrington Harbour, Kegeska, La Tabatière, etc.).

La coopérative s'est également associée à Arclay Technologies, une entreprise qui établit peu à peu sa réputation dans le milieu cosmétique, grâce à une technique novatrice permettant de fabriquer une crème anti-âge sans éléments pétrochimiques. « On crée une émulsion physique, qui consiste à encapsuler les molécules avec un biomatériau à base de minéraux, dans un processus à froid, précise Stephan Doyon, vice-président de l'entreprise. On peut donc livrer à bon port les actifs que notre crème Ocean+ contient, sans affecter l'intégrité de la peau des consommateurs comme les autres crèmes sur le marché. »

Arclay souhaite désormais franchir une nouvelle étape, en produisant des crèmes avec les petits fruits, les plantes et les champignons de la Côte-Nord. « On aimerait valoriser les résidus de la production alimentaire de la coop, afin de profiter de leurs antioxydants et des autres bénéfices qu'on ne cesse de découvrir en laboratoires. Par exemple, les plantes du Nord québécois comptent entre 8000 et 10 000 composantes, soit le double de celles qu'on retrouve en Afrique et en Amazonie. Les possibilités sont exponentielles ! »

Le travail de recherche est effectué conjointement avec trois étudiants à la maîtrise de l'Université du Québec à Trois-Rivières, qui explorent les applications pharmaceutiques des produits de la terre.

Les différents intervenants sont tous regroupés sur la Côte-Nord. Un choix répondant à la volonté de ramener au bercail de jeunes cerveaux en exil. « Plusieurs gens brillants pensent qu'ils ne peuvent pas revenir à la maison, mais mon objectif est de les convaincre du contraire en stimulant l'innovation », souligne Mme Buffitt.

Elle espère aussi retaper plusieurs usines à pêche dans les villages, afin d'augmenter la production. « Notre objectif n'en est pas un de profits, mais plutôt de création d'emplois. Si on veut une région forte, on doit avoir une industrie vibrante », affirme-t-elle.