La Côte-Nord navigue en eaux troubles depuis deux ans. Victimes du ralentissement économique découlant de la chute des prix des minerais, les entreprises doivent aujourd'hui se retrousser les manches et trouver des solutions. Pourquoi ne pas défricher de nouveaux marchés? L'international pourrait bien permettre à des entreprises de traverser les années de vaches maigres qui se profilent à l'horizon. De nouveaux dirigeants s'en font les porte-étendards.

International

Marc-André Gervais

Âge: 58 ans

PDG de Métal 7

Dans la région depuis: un an

Marc-André Gervais est Nord-Côtier depuis moins d'un an. Il n'en est pas moins à la tête de Métal 7, un fleuron de l'économie régionale spécialisé dans la conception et la fabrication d'équipements destinés à l'industrie primaire.

«C'est certain que nous avons perdu des clients avec les fermetures annoncées. En contrepartie, ceux qui poursuivent leurs activités sont plus que jamais à l'affût de procédés qui leur permettraient de réduire leurs coûts d'exploitation. Et c'est ce que nous offrons», fait-il remarquer.

L'entreprise a traversé le creux des années 80. Pour assurer son développement, Métal 7 avait alors «saisi de nouvelles opportunités comme celles qui viennent de l'international», dit-il.

Résultat: plus de 65% de ses activités se font aujourd'hui hors Canada. Métal 7 est présente dans 17 pays répartis aux 4 coins de la planète: Afrique, Europe, Amérique du Sud et États-Unis. «C'est évident que ça nous permet de passer au travers la période actuelle plus facilement que d'autres entreprises, dit-il.

Diversification

Michael Lachance

Âge: 56 ans

Vice-président chez Porlier Express

Dans la région depuis: 2 ans

Le ralentissement économique a engendré une baisse significative des demandes pour les services de transport, admet Michael Lachance, qui a récemment pris les rênes de Porlier Express, une filiale du Groupe Somavrac. L'entreprise offre des services de transport spécialisés pour les grands donneurs d'ouvrage.

Pour contrer les hauts et les bas, Porlier Express a élargi son offre de services: arrimage, gestion de terminaux ou transbordement ferroviaire.

«Aussi, en faisant partie d'un groupe plus grand, nous ne dépendons pas uniquement de ce qui se déroule sur la Côte-Nord. Nos activités sont diversifiées. Cela nous permet de passer au travers un ralentissement comme celui qu'on vit actuellement», raconte Michael Lachance, Porlier Express a les yeux tournés vers l'avenir. Elle fonde ses espoirs sur deux projets d'envergure qui verront bientôt le jour dans la région : la nouvelle usine de silicium de FerroAtlantica à Port-Cartier - un projet de 382 millions de dollars et 345 emplois directs - et le projet de Mine Arnaud à Sept-Îles, dont les travaux de construction commenceront en janvier 2016.

Forces

L'hyperspécialisation des entreprises de la région permet d'exporter leurs savoir-faire et produits à l'extérieur du marché naturel qu'est celui de la Côte-Nord. «Elles font, pour plusieurs, affaire avec des fournisseurs de classe mondiale présents sur d'autres marchés. Elles peuvent les suivre», indique Éric Berthelot, directeur général et commissaire à l'international chez Commerce international Côte-Nord.

Les entreprises du secteur minier peuvent ainsi miser sur des marchés prometteurs comme ceux de l'Australie, de la Chine, du Midwest américain ou du Brésil. Qui plus est, la Côte-Nord ne se résume pas qu'à l'industrie minière, dit-il, soulignant l'importance de la pêche dans la région. «Pour les entreprises du secteur, elles doivent miser sur les opportunités», dit-il. Il cite l'exemple de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne qui fait en sorte qu'il n'y a plus de tarifs sur 95% des produits de la pêche exportés vers l'Europe.

Défis

Selon Éric Berthelot, le défi le plus important relève de l'engagement des entreprises de la Côte-Nord à consacrer les ressources financières et humaines nécessaires au développement international. «Pour ce faire, elles doivent augmenter la place de la commercialisation au sein de leur organisation. Normalement, le modèle d'affaires d'une entreprise s'articule autour de la relation qu'elle entretient avec les donneurs d'ordres locaux. Sur les marchés extérieurs, il faut pouvoir établir des relations de confiance avec des donneurs d'ordres qui se trouvent plus loin. Ça demande un engagement, si on ne veut pas être confronté à des échecs», dit-il.

Outre l'éloignement géographique, les entreprises nord-côtières doivent jongler avec «l'éloignement culturel», dit-il. L'unilinguisme de plusieurs entreprises freinerait leur expansion à l'international. «L'éloignement culturel est souvent plus important que l'éloignement géographique.»

Il cite l'exemple de Terre-Neuve-et-Labrador: «Même si la Côte-Nord est géographiquement plus près de ce marché que le Nouveau-Brunswick, les entreprises de cette province ont davantage de facilité à développer ce marché.»



Investissements


De 2008 à 2014, l'investissement privé non résidentiel a augmenté de 16,3% par an sur la Côte-Nord.



Fluctuations démographiques


De 2011 à 2016, la population de la région devrait diminuer de 0,4 %, alors que celle du Québec devrait croître de 4,4%.



Deux projets prometteurs


Mine Arnaud : projet de mine d'apatite près de Sept-Îles représentant des investissements de 854 millions. La construction doit s'amorcer en janvier 2016 pour se terminer vers la fin de 2018.

Ferro-Québec: projet d'usine de silicium à Port-Cartier représentant des investissements de 382 millions. La mise en service complète est prévue à la fin de l'année 2017.

EN CHIFFRES

Côte-Nord

Population active: 54 800 (janvier 2015)

Taux de chômage: 9,8 % (janvier 2015)

Revenu disponible par habitant: 28 890 $ (2013)



Province de Québec


Population active: 4 397 600 (janvier 2015)

Taux de chômage: 7,5 % (janvier 2015)

Revenu disponible par habitant: 26 774 (2013)



Emplois


Secteur tertiaire: 75,2 % des emplois

Secteur de la fabrication: 10,9 % des emplois

Secteur de la construction: 9,2 % des emplois

Secteur primaire: 4,6 % des emplois



Top 3 des villes par population


Baie-Comeau (28 789 personnes)

Sept-Îles (28 487 personnes)

Port-Cartier (6 651 personnes)