En matière d'emplois, de croissance et d'entrepreneuriat, le Centre-du-Québec est un exemple à suivre. Pour ce qui est des salaires, ils sont étrangement parmi les plus bas à l'échelle provinciale. Portrait du paradoxe du Centre-du-Québec.

Selon Geneviève Caron, directrice au bureau d'affaires du Centre-du-Québec à Développement économique Canada (DEC), le taux de chômage de la région se situe à environ 5,3 %. Sa population active a crû de 9 % entre 2011 et 2016. Et c'est ici qu'il se crée le plus d'entreprises au Québec.

Malgré tout, le revenu disponible par habitant est l'un des plus bas au Québec, soutient Mme Caron. Il est de 23 614 $ par habitant, comparativement à une moyenne québécoise de 26 046 $, dit-elle.

Un important secteur de la fabrication (lequel représente 25 % du PIB de la région) et des emplois de journaliers, dans certains cas moins bien rémunérés qu'ailleurs au Québec, expliqueraient en partie le phénomène, croit Geneviève Caron.

« Même le revenu moyen des entrepreneurs est plus bas : 51 955 $ dans le Centre-du-Québec, contre 72 098 $ dans le reste du Québec. » - Geneviève Caron, directrice au bureau d'affaires du Centre-du-Québec à DEC

Les intervenants économiques et les maires des trois grandes villes du Centre-du-Québec (Drummondville, Victoriaville et Bécancour) sont unanimes sur le sujet : les salaires sont moins élevés, car le coût de la vie (maisons, assurances, services, etc.) y est aussi moins élevé. La rémunération en général aurait cependant tendance, lentement mais sûrement, à grimper, indique-t-on.

Malgré ce soi-disant paradoxe, la région n'en demeure pas moins en santé. L'activité économique y bourdonne et les projets ne manquent pas.

Championne du secteur de la fabrication, avec près de 700 entreprises, Drummondville est sur une lancée. Les investissements dans les entreprises manufacturières y ont atteint 253 millions en 2016. Le taux de chômage avoisine les 4 %.

La croissance démographique nette de cette agglomération de près de 75 000 habitants est de 1000 personnes par année, indique Martin Dupont, directeur général de la Société de développement économique de Drummondville.

BÉCANCOUR PANSE SES PLAIES

Durement éprouvée par la fermeture en 2012 de la centrale nucléaire Gentilly 2 et la perte directe de 850 emplois très bien rémunérés, la ville de Bécancour continue à panser ses plaies. « Depuis quatre ans, nous sommes dans une période de stagnation, avoue le maire Jean-Guy Dubois. Il y a tout de même une grande effervescence entourant plusieurs projets qui sont dans l'air. »

En effet, Bécancour a quatre projets d'importance qui pourraient enfin lui apporter le réconfort dont elle a grandement besoin.

IFFCO Canada garde en veilleuse son projet d'usine d'urée granulaire de 2 milliards. Quest Minerals travaille à la mise en place d'une usine de traitement des terres rares de 1 milliard. La Société internationale métallique désire encore investir 850 millions dans la transformation de boulettes métalliques. Enfin, la suédoise Stolt LNGaz est en attente pour son projet de 50 millions destiné à la liquéfaction de gaz naturel.

Dans la grande région de Victoriaville, où le chômage frôle les 5 %, le nouveau maire, André Bellavance, affirme que la valeur des permis de construction, tous secteurs confondus, a franchi les 75 millions en 2016. Le projet d'investissement d'environ 40 millions des laboratoires Abbot et la revitalisation du centre-ville (8 millions) sont parmi les projets qui retiennent l'attention ces temps-ci.

La rareté de la main-d'oeuvre, le vieillissement de la population et une plus grande diversité en matière d'éducation et de formation figurent parmi les principaux défis auxquels la région est confrontée.

À cet égard, Drummondville organisera cette année la 11e édition de son Défi Emplois Drummond, où, bon an, mal an, près de 1000 postes sont affichés. Depuis cinq ans, la région attire environ une famille française ou belge par mois. Neuf d'entre elles sont actuellement en attente pour venir s'établir sur le territoire.

Quatre projets

IFFCO À BÉCANCOUR

Évalué à 2 milliards, le projet de construction d'une usine d'urée granulaire à Bécancour est toujours vivant. « On attend les conditions économiques favorables, dont de meilleurs prix pour l'urée, vendue actuellement 216 $ US la tonne, contre 770 $ en 2008 », explique Yvan Martin, porte-parole d'IFFCO Canada. Les partenaires financiers de ce projet qui créera 300 emplois sont la Coop fédérée, Investissement Québec, Pacific Gateway Energy, de même qu'IFFCO India.

BÂTIMENTS INDUSTRIELS

Deux projets de bâtiments industriels de 25 millions chacun verront le jour à Drummondville en 2017. Il s'agit d'une entreprise déjà en place qui désire ajouter des nouvelles installations, de même qu'un nouveau venu. L'identité de ces entreprises ne peut être dévoilée actuellement, affirme Martin Dupont, directeur général de la SDED. « On ne dépassera peut-être pas les 253 millions investis en 2016 dans le secteur manufacturier, dit-il, mais on est sur la bonne voie. »

AÉROPORT DE VICTORIAVILLE

L'aéroport de Victoriaville investit actuellement 6 millions dans ses installations. La part du lion servira au prolongement de la piste d'atterrissage, dont la longueur passera de 4000 à 5500 pieds. Résultat : l'endroit pourra désormais accueillir de plus gros porteurs, dont certains avions d'affaires de type Challenger 350. « On va passer d'un aéroport de plaisance à un véritable aéroport d'affaires », s'enthousiasme André Bellavance, maire de Victoriaville. Les travaux, dit-il, seront terminés en juillet 2017.

ÉCOLOXIA AUX ÉTATS-UNIS

Grâce à ses conteneurs semi-enfouis Le Cube et Le Tube, Écoloxia est sur le point de faire une percée aux États-Unis. « Nous sommes en discussion avec une importante chaîne de dépanneurs », confirme Frédéric Fonjallaz, président et fondateur. Depuis sa création en 2009, la PME, qui fabrique ses produits au Québec de A à Z, a vendu près de 680 conteneurs. En marge des présentes négociations, le pays de l'oncle Sam pourrait à lui seul acheter 350 conteneurs annuellement.