Avec un taux de change favorable aux secteurs des ressources naturelles et une qualité de vie susceptible d'attirer de nouvelles générations de travailleurs, l'Abitibi-Témiscamingue réussit à tirer son épingle du jeu, malgré d'importantes fluctuations économiques. Impliqués en affaires depuis des années, Linda Coates et Jean Dion exposent les forces de la région.

En Chiffres

Abitibi-Témiscamingue

Population active : 76 600

Taux de chômage : 6,1 %

Revenu disponible par habitant (2014) : 26 451 $

Québec

population active : 4 444 700

Taux de chômage : 7,6 %

Revenu disponible par habitant : 26 046 $

Source : Institut de la statistique du Québec

Beauté

Faisant écho aux soldes migratoires positifs de l'Abitibi-Témiscamingue, Linda Coates est convaincue que la nouvelle génération est plus sensible au mode de vie offert en région. « Puisque les jeunes accordent beaucoup d'importance à l'équilibre entre le travail et leur vie personnelle, plusieurs d'entre eux aiment vivre à proximité de leur travail pour avoir plus de temps en famille, plutôt que de passer 10 heures par semaine dans le trafic. »

Originaire de Rouyn-Noranda, mais habitant aujourd'hui Toronto, elle croit aussi que de nombreux professionnels sont attirés par les beautés de la nature. « Beaucoup de gens aiment l'idée de se dessiner une vie en profitant des paysages. De mon côté, je vais en Abitibi deux fois par mois et chaque fois, je suis heureuse de retrouver le panorama enchanteur, l'air pur, les nuits avec le ciel marine, le ciel étoilé et la belle neige scintillante. Tout cela constitue un argument important pour attirer la main-d'oeuvre. »

Photo fournie par Linda Coates

Linda Coates, vice-présidente ressources humaines et affaires corporatives chez Tembec.

Expertise

Avec une économie majoritairement basée sur les ressources naturelles (mines, forêts), l'Abitibi-Témiscamingue a développé une expertise comme nulle part ailleurs dans le monde, selon Jean Dion. « Certains secteurs de la région font du développement minier depuis bientôt 100 ans. Avec le temps, notre expertise s'est énormément développée, si bien qu'on nous appelle les "constructeurs de mines". Tu n'auras pas ça au Saguenay ou sur la Côte-Nord. » D'ailleurs, le savoir-faire des entreprises régionales s'exporte régulièrement en Afrique et en Amérique du Sud.

Peu inquiété par les cycles économiques du domaine forestier et du secteur minier, M. Dion croit tout de même que le gouvernement aurait intérêt à favoriser l'exploration minière pour assurer une plus grande exploitation. « Il nous faudrait des programmes plus adéquats, comme on en voit en Ontario, et assouplir certaines normes pour permettre aux minières de continuer de produire et de se développer davantage. »

Photo fournie par Jean Dion

Jean Dion, propriétaire du Groupe Dion, regroupant 14 entreprises

Forces

En raison de la faiblesse du dollar canadien, le taux de change actuel permet aux entreprises forestières de vendre plus facilement aux États-Unis. Il aide également les minières à composer avec la chute du prix de l'or en dollars américains depuis quatre ans, estime Simon Fraser, chargé de cours en économie à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. « Grâce au taux de change, le prix demeure relativement bon en argent canadien. Pour les minières qui produisent en Abitibi, cela permet de dégager des marges plus intéressantes et de maintenir leurs activités, malgré le ralentissement. »

Néanmoins, il estime que les entrepreneurs doivent carburer à l'innovation pour garder la région dynamique. « Contrairement à ce qui se faisait il y a 10 ou 20 ans, les entreprises ont compris qu'elles n'ont pas le choix de développer de nouveaux produits et des façons de faire pour se démarquer. On voit que ça bouge beaucoup dans les domaines minier, forestier et en agroalimentaire. Avec ses ressources, l'Abitibi est probablement l'une des régions les plus riches au Québec, mais on doit continuellement chercher à faire mieux. »

Défis

En raison des coûts d'approvisionnement élevés et de la disponibilité de la fibre limitée, certaines entreprises forestières vivent des difficultés. « De gros employeurs comme Résolu et Tembec revendiquent depuis des années auprès du gouvernement pour avoir accès à plus de bois. Évidemment, le but n'est pas de surexploiter la ressource. Il faut penser au développement durable. Mais si les usines pouvaient traiter plus de bois, elles pourraient certainement engager plus de travailleurs. »

Autre défi mis en lumière par Simon Fraser : la pénurie de main-d'oeuvre spécialisée. « C'est moins difficile qu'avant d'attirer les gens en Abitibi-Témiscamingue, mais la plupart des entreprises de la filière minière peinent à attirer la main-d'oeuvre spécialisée. De son côté, le secteur forestier ne peut pas offrir des salaires aussi élevés que ceux des mines. Et le milieu agricole doit travailler très fort pour développer la relève. Ce n'est pas catastrophique, mais il faut garder ça à l'oeil. »

En chiffres

Plus grands employeurs privés

1. Agnico-Eagle (2500)

2. Tembec (1500)

3. CMAC Thyssen (650)

4. Fonderie Horne (550)

5. Groupe Moreau (500)

Source : Emploi-Québec, Direction régionale du MESI de l'Abitibi-Témiscamingue et entreprises consultées

Nombre de parcs industriels : 9

Grands secteurs d'activité 

Soins de santé et assistance sociale (11 900)

Commerce (10 600)

Extraction minière (7000)

Fabrication (5300)

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active, moyenne annuelle, 2015

Sièges sociaux 

1- Moreau (950 employés - Rouyn-Noranda)

2- Groupe Minier CMAC-Thyssen (640 employés - Val-d'Or)

3- Forage Orbit Garant (430 employés - Val-d'Or) 

Source : Emploi-Québec, Direction régionale du MESI de l'Abitibi-Témiscamingue, compilation spéciale, 2016