Les projets qui arrivent en tête du Gala de reconnaissance en environnement et développement durable de Montréal doivent être particulièrement bien ficelés. Comment le comité de sélection choisit-il les lauréats ? Voici un survol de ce qui guide la prise de décision.

« Les six membres du comité sont indépendants et doivent juger les candidatures en fonction d'une foule de critères », explique Aurore Tanier, coordonnatrice du gala.

Parmi ces critères, on retrouve naturellement les résultats obtenus. Ceux-ci sont évalués en fonction de la nature de l'organisation et du projet lui-même, parce que la réussite d'un projet en entreprise, par exemple, ne se mesure pas de la même manière que celle d'un projet communautaire. Il peut donc s'agir d'impacts environnementaux, mais aussi, par exemple, de retombées économiques et sociales.

Les membres du comité regardent également, dès le départ, si la mise en oeuvre du projet a pris en considération les trois sphères du développement durable, soit le social, l'économie et l'environnement.

« L'effet de levier est un autre critère important », dit Aurore Tanier. En d'autres termes, le projet pourrait-il être facilement réalisé par d'autres partenaires, est-il inspirant ?

Parmi les autres aspects évalués, on retrouve le caractère novateur et structurant de ce qui était présenté ainsi que l'originalité dans la mise en oeuvre du projet.

Les experts du comité évaluent par ailleurs la pérennité de l'action et le niveau d'effort fourni par l'organisme, en matière de coûts et du nombre de personnes mobilisées, par exemple, pour réaliser le projet.

DES POINTS DE VUE QUI « SE COMPLÈTENT »

Le comité de sélection lui-même est composé de six experts issus de milieux différents, allant du monde des affaires au domaine de l'économie sociale en passant par la communauté universitaire.

« On essaie d'avoir des visions, des spécialités et des profils diversifiés. » - Aurore Tanier, coordonnatrice du gala

Une des membres du comité, Sandrine Archambault, est par exemple directrice générale de la Jeune Chambre de commerce de Montréal, alors qu'un autre membre, Nicolas Milot, est professeur associé à l'Institut des sciences de l'environnement de l'Université du Québec à Montréal.

« On veut aussi des gens qui s'intéressent à différentes problématiques, comme l'eau, l'économie sociale ou l'aménagement durable », explique la coordonnatrice.

L'idée derrière cette stratégie est d'avoir des gens capables de bien comprendre les différents enjeux reliés au développement durable.

« Les experts ont tous une vision des projets présentés. Leurs points de vue sont souvent différents, mais ils se complètent », dit Aurore Tanier.

Elle indique que les organismes participants ont déposé 54 projets cette année, le plus grand nombre depuis le lancement du gala, il y a 10 ans.

« Ça montre que les gens de la communauté montréalaise ont un intérêt de plus en plus marqué pour l'environnement et le développement durable. »

SIX PROJETS QUI ONT PORTÉ LEURS FRUITS

Entre 2007 et 2015, les entreprises et organismes montréalais ont présenté près de 380 projets au Gala de reconnaissance en environnement et développement durable. Voici six projets lauréats qui ont porté leurs fruits dans les dernières années.

LES FERMES LUFA



Lauréate en 2013, l'entreprise Les Fermes Lufa a lancé cette année-là son marché en ligne et a construit sa deuxième serre, à Laval. La première avait été aménagée sur un toit de l'arrondissement d'Ahunstic-Cartierville. Le gala soulignait alors la recirculation à 100 % de l'eau d'irrigation de l'entreprise ainsi que sa faible consommation d'énergie. En 2014, 5000 personnes étaient abonnées au service de l'entreprise, qui livre des paniers de légumes frais. Au cours de cette même année, près de 200 tonnes d'aliments ont été cultivées. « Aujourd'hui, notre offre ressemble à ce que l'on peut obtenir dans un marché fermé, dit Mohamed Hage, fondateur et président. On double notre nombre d'abonnés chaque année. »

SOCIÉTÉ DE DÉVELOPPEMENT ANGUS



La Société de développement Angus est responsable de la gestion du Technopôle Angus, un parc d'entreprises situé dans l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie. Elle a été lauréate en 2008 pour son projet de mise en oeuvre volontaire au printemps 2007 d'un plan de gestion intégrée des matières résiduelles. Les résultats obtenus parlent d'eux-mêmes : 9,25 tonnes de matières détournées de l'enfouissement chaque année et 74 tonnes de gaz à effet de serre évitées entre 2007 et 2015.

CENTRE EATON



Le Centre Eaton a encouragé ses clients à utiliser des sacs réutilisables lors de ses « Journées sans sacs », qui ont eu lieu chaque 21e jour du mois entre 2008 et 2011. C'est la mise sur pied de cette initiative qui lui a valu d'être lauréat en 2009. Quand la démarche a été lancée, seulement cinq détaillants offraient des sacs réutilisables alors que 55 570 sacs à usage unique étaient distribués chaque jour. Aujourd'hui, les clients peuvent toujours choisir d'utiliser un sac réutilisable.

CARREFOUR FINANCIER SOLIDAIRE



Le Carrefour financier solidaire, un regroupement d'institutions de développement économique et social de l'est de Montréal, a été lauréat en 2009 pour avoir mis en place en 2007 le système CarboPOINT. Élaboré par Neuvaction, CarboPOINT récompense les employés qui commettent des gestes pour réduire l'utilisation de l'auto en solo, explique Haykel Najlaoui, responsable du développement durable et des formations certifiées GRI chez Neuvaction. « Les employés pourraient même utiliser leurs points pour donner de l'argent à une école voisine, dit-il. Ils adorent l'initiative. » En 2013, 96 personnes participaient au programme de récompenses. Plus de 49 tonnes d'émissions de CO2 avaient été évitées.

SOCIÉTÉ DES ALCOOL DU QUÉBEC



En 2008, la SAQ a arrêté de distribuer des sacs à usage unique. Comme le Centre Eaton, cela lui a valu d'être nommée lauréate en 2009. Les résultats obtenus ? La société d'État a sauvé l'équivalent de 11 000 arbres en plus d'avoir préservé plus de 80 millions de litres d'eau. C'est sans compter qu'elle a évité de distribuer plus de 400 millions de sacs jetables.

BANQUE NATIONALE DU CANADA



La Banque Nationale a été lauréate en 2011 pour avoir amélioré la performance énergétique des installations de la Tour de la Banque Nationale. Pour y arriver, l'organisation a installé un nouveau système de traitement de l'air extérieur et des appareils d'éclairage efficaces utilisant par exemple des diodes électroluminescentes. Elle a également défini des plages horaires d'éclairage. Elle a ainsi réduit ses émissions de GES de 103 tonnes en 2011 et diminué sa consommation énergétique de 11 kWh par pied carré par année. L'éclairage artificiel a par ailleurs été réduit de 75 % grâce à des aménagements favorisant l'éclairage naturel.

PROJETS EN NOMINATION EN 2016

Neuf projets sont en lice lors de la 10e édition du Gala de reconnaissance en environnement et développement durable de Montréal. Les membres du comité de sélection ont reçu 54 candidatures, un record depuis que le gala existe. Tour d'horizon.

ENTREPRISES ET INSTITUTIONS

Université de Montréal

Via le site Outremont, l'Université de Montréal a mis en place des projets de permaculture sur un espace de 2000 m2. On y retrouve entre autres des jardins maraîchers et des pépinières.

Office municipal d'habitation de Montréal

Depuis 2011, en remplacement de l'obligation de fournir une voiture pour leurs déplacements professionnels, les employés ont accès de façon illimitée aux transports de la STM, aux voitures de Communauto et aux vélos BIXI.

Compost Montréal

Compost Montréal offre, entre autres, un service de collecte de matières organiques aux habitants et institutions, commerces et industries de la Ville de Montréal. L'entreprise offre aussi divers outils permettant de composter.

CORPS PUBLICS

Ville de Montréal-Direction des transports

Montréal a procédé au réaménagement du boulevard Saint-Laurent entre la rue Bellechasse et l'avenue Bernard avec notamment un nouveau partage de la rue par la conversion d'une des deux voies en piste cyclable bidirectionnelle.

Ville de Montréal-Division des grands parcs

Initié par le Regroupement des Magasins-Partage et D-Trois-Pierres, le projet Cultiver l'Espoir vise à cultiver des terres du parc du Bois-de-la-Roche afin d'aider des Montréalais dans le besoin. Ce sont 24 hectares de terres agricoles inutilisés qui servent aujourd'hui. 

Ville de Montréal-Service immobilier

Le nouveau Stade de soccer de Montréal a une toiture en bois portant sur une structure d'acier et des façades transparentes favorisant l'entrée de lumière naturelle. L'édifice vise l'accréditation LEED-NC Or et prévoit une consommation énergétique inférieure à 56 % par rapport à un bâtiment modèle.

ORGANISME À BUT NON LUCRATIF

Éco-quartier de la Pointe-aux-Prairies

Les Jardins Skawanoti comprennent des jardins collectifs, des mini-marchés publics et des programmes éducatifs. Le but est de développer une chaîne d'approvisionnement courte et de proximité dans le secteur de l'agriculture biologique urbaine.

Réseau des femmes en environnement

La nouvelle accréditation « scène écoresponsable » s'adresse aux artisans de la scène qui désirent entreprendre une démarche écoresponsable à travers l'optique du développement durable dans le cadre de leurs activités. 

Développement économique Saint-Laurent

Depuis janvier 2016, l'arrondissement de Saint-Laurent exige un plan de gestion des déplacements pour les demandes de permis de construction ou de certificat d'autorisation concernant les projets générant plus de 100 cases de stationnement. 

Le gala a lieu aujourd'hui au marché Bonsecours.