Plates, purement cartésiens, propriétaires de bas bruns et amoureux fous de leurs calculatrices : tels sont certains des clichés qui collent à la peau des comptables. Deux professionnels donnent l’heure juste en brisant les vieux stéréotypes.

« Je suis plate »

La campagne publicitaire de l’Ordre des CPA du Québec utilise la perception populaire des comptables pour démontrer que ses membres sont souvent tout le contraire.

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« Les comptables ressemblent à l’environnement dans lequel ils travaillent», dit Alain Fortier, CPA et CA chez Mallette.

Pourtant, il y a un peu de vrai, selon Aurélie Daoust-Lalande, vice-présidente stratégies et développement à La Vie en Rose. « Je connais des comptables plates et conservateurs. D’autres sont très colorés et extravertis ! »

Ses parents étaient d’ailleurs surpris quand elle a choisi d’étudier dans le domaine. « Ils me disaient que j’étais bien trop créative pour ça. Pourtant, j’ai beaucoup aimé l’exercice mental d’étudier en comptabilité, et je baigne dans l’environnement créatif aujourd’hui. »

Ils sont partout

De l’usine manufacturière à l’entreprise techno en passant par les institutions culturelles, ils sont partout. 

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Ça n'est plus comme ça. Ci-haut, le service de comptabilité du Canadian Pacific en 1955.

« Les comptables ressemblent à l’environnement dans lequel ils travaillent, dit Alain Fortier, CPA et CA chez Mallette. Ceux qui évoluent dans le domaine sportif ont un profil plus athlétique. Ceux qui travaillent dans les arts ont un petit côté artiste, tout en comprenant bien les données financières. »

Il affirme d’ailleurs que la capacité d’adaptation est hautement nécessaire. « On peut se spécialiser dans un secteur, mais il faut pouvoir s’adapter à différentes situations, dans des contextes aussi variés que la croissance, l’acquisition d’entreprises ou la gestion de la décroissance. »

La bolle des maths

Le talent exceptionnel pour les mathématiques est un mythe, selon Mme  Daoust-Lalande. « Il faut une facilité avec les chiffres, mais on est loin de l’algèbre et de la trigonométrie. Ultimement, ce sont des plus et des moins. Il faut surtout une compréhension globale. » Ainsi, les comptables ne sont pas des êtres asociaux cachés dans leur bureau. « On est souvent en train de parler avec les clients et plusieurs collègues des autres départements. On ne peut pas être comptable si on n’est pas à l’aise de parler aux gens. Il faut savoir développer des liens de confiance. »

Comptabilité créative

Malgré le côté péjoratif de l’expression, les comptables doivent souvent trouver des solutions novatrices. 

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La bonne vieille calculatrice sert encore à l'occasion.

« On produit des analyses financières qui demandent rigueur et profondeur, explique M. Fortier. On considère les normes, les processus et l’encadrement législatif. Mais une fois qu’on maîtrise notre environnement de travail, il y a de la place pour être beaucoup plus créatif qu’on le pense. » Surtout dans un contexte où les changements s’accélèrent. « L’intelligence artificielle va bouleverser les choses. L’information sera traitée par des appareils, des algorithmes et des outils. Les comptables joueront davantage un rôle d’analystes-conseils qu’un rôle clérical. »

Boulot pas toujours routinier

Plusieurs comptables apprécient un cadre et une vision logique des choses. « Il faut être fondamentalement cartésien », affirme Aurélie Daoust-Lalande. Son collègue abonde dans le même sens. « C’est un travail de bureau, mais qui demeure soumis aux projets des clients, dit Alain Fortier. On travaille parfois les soirs et les week-ends, avec des demandes imprévisibles. » Pour illustrer la nature surprenante de sa profession, il cite des mandats d’inventaire dans un entrepôt frigorifique, des contrats sur une ferme ou même auprès de la police. « Lors d’un mandat en juricomptabilité, j’ai assisté des policiers dans des perquisitions, dont l’une des premières importantes contre les Hells. »