Dans un marché saturé et un contexte économique atone, les grands bureaux comptables déploient leurs stratégies pour croître encore davantage. Un reportage de Didier Bert, collaboration spéciale.

Raymond Chabot Grant Thornton se renforce en région

> Nombre d'employés: 2400 au Québec, 4100 dans l'ensemble du Canada

> Nombre d'associés: 230 au Québec, 400 dans l'ensemble du Canada

Depuis le début de l'année, le cabinet Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT) s'est renforcé dans plusieurs régions du Québec. «La grande région de Montréal est devenue très compétitive» , souligne Michel Noël, vice-président de la région de Montréal pour la firme. C'est donc en région que RCGT compte trouver de nouveaux relais de croissance. Depuis le 1er janvier, la firme a ainsi intégré de nouvelles équipes: celle de Guy Lemire à Nicolet (Centre-du-Québec), le cabinet Lemire Morin Tremblay à Gatineau, le cabinet de Ghislain Bélanger à Rivière-du-Loup et le cabinet Lapointe&Leclerc Associés à Chicoutimi.

RCGT veut ainsi affirmer sa présence dans les territoires où la firme est absente, précise Emilio Imbriglio, président et chef de la direction de RCGT. «Nous avons la volonté d'être présents partout au Québec», assure-t-il. «La proximité est un avantage concurrentiel clair.»

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Michel Noël, vice-président de la région de Montréal chez Raymond Chabot Grant Thornton, à gauche, et Emilio Imbriglio, président du cabinet RCGT.

Deloitte se tourne vers le conseil en immigration

> Nombre d'employés: 2247 au Québec, 9447 dans l'ensemble du Canada

> Nombre d'associés: chiffre non communiqué pour le Québec, 863 dans l'ensemble du Canada

Le cabinet Deloitte veut étoffer son offre de services en matière de conseil en immigration. «Cette nouvelle ligne d'affaires existe depuis deux ans chez Deloitte dans le reste du Canada» , explique Alain Côté, associé directeur, région du Québec, chez Deloitte.

Au Québec, ce sont des employés novices de la firme qui proposent ces conseils, en collaboration avec des professionnels confirmés présents dans d'autres provinces. «Mais nous voulons être capables d'offrir ces services localement avec des employés expérimentés, en vue de gérer la conformité reliée à l'immigration» , avance M. Côté. C'est pourquoi la firme est en période de recrutement de tels profils au Québec.

«Le Canada est relativement mature en matière de services professionnels, explique Alain Côté. Si on ne développe pas de nouveaux produits, il n'y a pas d'opportunités de croissance.»

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Alain Côté, associé directeur, région du Québec, chez Deloitte.

PwC regarde vers le nor

> Nombre d'employés: 870 au Québec, 5265 dans l'ensemble du Canada

> Nombre d'associés: 83 au Québec, 507 dans l'ensemble du Canada

«Le marché de la certification au Québec est relativement stable, au mieux» , constate Guy LeBlanc, associé directeur de PwC pour le bureau de Montréal. «La croissance peut donc venir plutôt des secteurs de la consultation et du transactionnel.»

De ce point de vue, PwC vise à renforcer sa proximité avec certains acteurs importants. Guy LeBlanc cite le secteur minier parmi les industries prioritaires pour la firme. «Nous avons l'expertise, mais c'est la présence locale que nous n'avons pas» , explique-t-il. Une implantation dans les régions minières permettrait à PwC de proposer des services comptables et généralistes sur place aux sociétés minières. «L'absence de présence locale rend plus difficile le développement de la clientèle, observe M. LeBlanc. On peut faire des choses à distance, mais cela n'a pas le même impact qu'être engagé dans la communauté.»

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Guy LeBlanc, associé directeur de PwC pour le bureau de Montréal.

EY met l'accent sur la prévention de la fraude

> Nombre d'employés: 890 au Québec, 5134 dans l'ensemble du Canada

> Nombre d'associés: 60 au Québec, 366 dans l'ensemble du Canada

Au cours de la dernière année, EY a constaté une hausse de 20% de ses activités de consultation relative à la fraude dans le monde. La division québécoise de la firme n'échappe pas à cette tendance.

«La commission Charbonneau a rappelé l'importance de mettre à jour de façon continue les programmes d'éthique et de conformité pour prévenir et détecter la fraude» , affirme Denis Chalifour, leader pour le Québec de la pratique Services consultatifs, Enquête sur la fraude et différends chez EY. «Auparavant, on offrait déjà ces services à nos clients. Mais la sensibilisation des entreprises s'est accrue.»

Dans ce domaine, les juricomptables s'arment d'outils technologiques sophistiqués. Ceux-ci permettent d'améliorer l'analyse de données électroniques pour aider les entreprises à se doter d'indicateurs de risque. Par exemple, les allocations de dépenses d'une entreprise peuvent être comparées avec les informations numériques disponibles dans l'entreprise, notamment les courriels, qui sont susceptibles d'expliquer ces dépenses, illustre M. Chalifour.

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Denis Chalifour, leader pour le Québec de la pratique Services consultatifs, Enquête sur la fraude et différends chez EY.