Toute petite, Corey Anne Bloom adorait les casse-têtes et les mystères. Sa passion est devenue son gagne-pain. Depuis près de 20 ans, la comptable agréée spécialisée en juricomptabilité traque les fraudeurs en entreprise. Elle est notamment intervenue dans le dossier de négligence professionnelle de la société montréalaise Castor Holdings et dans l'affaire Earl Jones.

«Être juricomptable nécessite de bonnes connaissances en comptabilité et en techniques d'enquête de même qu'un excellent sens de l'investigation», juge l'associée chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Corey Anne Bloom semble avoir un sixième sens pour débusquer les criminels à cravate. Elle débutait en comptabilité lorsqu'elle a découvert sa première fraude. Depuis, on lui confie les mandats «spéciaux»: détournements de fonds, faillites frauduleuses, manipulations des états financiers, affaires de collusion ou de corruption et délits informatiques.

Elle estime qu'un bon juricomptable est aussi un grand stratège. «Nous sommes appelés à interviewer les témoins et à affronter les suspects potentiels. Cela exige un certain doigté.»

La juricomptabilité a pris son essor au tournant des années 2000, après le scandale de l'entreprise Enron. «À ce moment-là, les compagnies n'étaient pas proactives en matière de fraude. On observe un changement de mentalité depuis un an ou deux. Nous sommes de plus en plus appelés à prévenir les fraudes ou à évaluer les risques qu'un tel événement se produise.»