Concurrence oblige, les grands cabinets comptables seront actifs sur le terrain des fusions et des acquisitions au cours de la prochaine année. Le but: grossir leurs effectifs et mettre la main sur de nouveaux clients.

Raymond Chabot Grant Thornton

«Il ne saurait être question d'une grande vague de consolidation au sein de notre secteur d'activités», soutient, en entrevue à La Presse Affaires, le nouveau président et chef de la direction de la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), Emilio B. Imbriglio, âgé de 53 ans.

En poste depuis le 19 avril - il succède à Jean Robillard, mort subitement l'an dernier -, le nouveau timonier de la firme comptable québécoise de 2400 employés ne ferme pas la porte aux professionnels qui «recherchent de la stabilité, à la fois pour eux et pour leurs clients». Mais les firmes comptables ne placent pas d'affiches à vendre devant leurs commerces.

«Ça se fait plutôt entre nous, individuellement, note-t-il. Souvent après une bonne conversation, on s'aperçoit qu'une fusion est envisageable. On a l'oreille. On est proches des marchés.»

Le cabinet comptable, qui fait partie du Big Four regroupant les firmes Deloitte, PwC et Ernst&Young, a lui-même complété de nombreuses acquisitions en région, l'an dernier. «Nous en finaliserons deux autres au cours des deux prochains mois, au Québec, dont une, assez grosse, qui va faire du bruit», annonce le nouveau PDG, sans plus de détails.

Emilio Imbriglio ne parle pas que de croissance. Il veut également voir des résultats. «Nous devons rester proches de nos clients pour nous démarquer de la concurrence, insiste-t-il. Nous avons un rôle à jouer auprès des entreprises qui veulent améliorer leurs résultats et gérer des crises ponctuelles.»

Richter: aller chercher des associés

Même son de cloche chez Richter, qui joue dans la cour des grands aux côtés des firmes KPMG et Mallette. «Pour nous démarquer, il nous faut être créatifs, savoir innover et offrir de la valeur ajoutée à nos clients. C'est ce qu'on réussit à bien faire», résume Yves Nadeau, associé responsable de la certification et des services-conseils en gestion des risques.

Pour se déployer davantage, la firme comptable de 485 employés prévoit intégrer de nouvelles ressources et recruter de nouveaux talents ailleurs.

«Mais nous privilégierons toujours les fusions et les regroupements, c'est dans notre culture», fait valoir l'associé chez Richter. En décembre 2012, le cabinet de services comptables a pris de l'expansion, en Ontario, en intégrant la firme SBLR LLP, de Toronto, qui compte 60 employés.

Au-delà du recrutement de nouveaux professionnels de la certification, de la fiscalité, des services-conseils, du redressement d'entreprises et de l'insolvabilité, la firme montréalaise veut consacrer encore plus de temps à ses clients. «Nous sommes un conseiller d'affaires, dit Yves Nadeau. Les entrepreneurs sont notre créneau. On aime bien les entourer, organiser pour eux des sessions de brainstorming pour générer des idées. On a une approche multidisciplinaire qui donne des résultats.»

KPMG: croissance à Québec

De son côté, Nathalie Bernier, associée directrice chez KPMG (850 employés au Québec), ne voit pas de mouvement de consolidation dans l'univers des firmes comptables. «Nous sommes néanmoins toujours à l'affût d'acquisitions.» La croissance de la business, selon elle, viendra avec l'ajout de nouveaux clients et avec une hausse des services consentis aux clients actuels de KPMG.

Il y aura beaucoup d'activité du côté de Québec en 2013. «Depuis six mois, nous avons doublé nos effectifs dans cette ville, souligne-t-elle. Nous embauchons toutes les semaines». Elle rappelle l'importance stratégique de l'acquisition de la firme SECOR, l'an dernier.

«Nos clients, qui évoluent dans un environnement économique difficile, ont besoin d'une expertise pointue pour affronter les enjeux de plus en plus complexes, observe Nathalie Bernier. Nous tentons d'y répondre en recrutant de nouveaux talents et en ciblant des acquisitions.»

L'associée chez KPMG reconnaît que les professionnels de la firme comptable doivent être ultraspécialisés pour répondre aux exigences des clients. «Nous avons 26 lignes de service, calcule-t-elle. Ça va au-delà de la fiscalité et de la comptabilité.»