Lorsqu'on approche de l'âge de la retraite, il faut commencer à se tourner vers des types de placement plus sûrs. Quand exactement et à quel point?

Vous êtes maintenant dans la cinquantaine. Depuis que vous avez commencé à investir, vous avez un portefeuille de croissance, c'est-à-dire composé presque exclusivement d'actions. Est-ce le temps de prendre le grand virage des placements sûrs comme les bons du Trésor et les dépôts à terme?

Richard La Ferrière, chef de région, planification financière pour le Québec, TD Waterhouse, rappelle que l'espérance de vie est beaucoup plus élevée qu'avant.

«Si vous avez 50 ans aujourd'hui, votre espérance de vie est de 80 ans, donc c'est encore 30 ans d'investissements, précise-t-il. Si toute votre vie, vous avez investi dans les marchés boursiers, il ne faut pas vous priver de l'influx des marchés boursiers pour toutes ces années.»

Martin Lafontaine, planificateur financier, placements et retraite chez BMO Groupe financier, croit aussi qu'il faut éviter d'y aller radicalement.

«Plusieurs quinquagénaires ont encore plusieurs années devant eux à accumuler des sommes. De plus, on ne retire pas tout d'un coup de son REER, donc il faut que des sommes continuent à profiter», indique-t-il.

Parce que bien sûr, qui dit placements sûrs dit faibles rendements.

«Sur 10 ans, les marchés boursiers rapportent environ 7-8% en moyenne, précise M. La Ferrière. Pour les obligations, on parle de 4-5% et pour les placements garantis, environ 2% en ce moment, ce qui est à peine plus que l'inflation.»

Faire son bilan

Lorsqu'une personne arrive à la cinquantaine, c'est un bon moment pour elle de faire son bilan.

«Il faut faire ses calculs par rapport à sa retraite, indique Richard La Ferrière. Il faut regarder ses objectifs de retraite, ce qu'elle a amassé, son taux d'épargne et le taux de rendement de ses placements.»

Ensuite, il faut s'arranger pour y arriver. Bien sûr, on doit toujours respecter la tolérance au risque de la personne.

«Si elle a toujours investi dans des placements sûrs, on ne va pas commencer à 50 ans à investir en Bourse pour tenter de combler un manque à gagner. La personne doit être à l'aise avec ses placements. Pour rattraper du retard, il y a d'autres possibilités, comme retarder de quelques années la retraite, diminuer son train de vie à la retraite ou, augmenter son taux d'épargne», précise M. La Ferrière. D'ailleurs, bien des quinquagénaires peuvent augmenter leur taux d'épargne sans trop de sacrifices.

«Souvent, la maison est payée, des contributions CELI et REER ont été accumulées, les gens sont plus conscients de l'importance de l'épargne et les revenus sont plus élevés. Plusieurs vont donc augmenter leurs cotisations et profiter le plus possible des remboursements d'impôt», affirme Martin Lafontaine.

L'horizon de placement

Pour déterminer si on doit sécuriser une part de ses avoirs, il faut regarder son horizon de placement.

«La personne doit se demander à quel âge elle commencera à retirer des sommes de son CELI et de son REER. Si c'est dans 10 ans et plus, l'horizon de placement est à long terme, donc normalement, on n'a pas à aller vers plus de sécurité. Par contre, si on prévoit retirer dans cinq ans, il faut réduire la volatilité d'une partie de ses placements», affirme Richard La Ferrière.

Pourquoi?

«Si les Bourses chutent et qu'on retire des sommes, on est perdant. Il faut avoir une partie de son portefeuille qui n'est pas affectée par la volatilité. Toutefois, il faut aussi garder des actions, parce que si le marché monte, on veut en profiter. Il faut un équilibre», précise-t-il.

Martin Lafontaine indique que si on a un portefeuille en croissance, on peut s'en aller vers un profil plus équilibré avec environ 50% d'actions et 50% d'obligations.

«Surtout, on ne coupe pas complètement le rendement en allant vers un portefeuille complètement sûr», précise-t-il.

«On peut aussi éviter les fonds d'actions très volatils pour aller vers des fonds d'actions moins volatils, indique M. La Ferrière. Et plus on vieillit, plus on élimine la volatilité.»