Dès l'entrée en vigueur, le 1er juin dernier, des tarifs douaniers de 10 % imposés par les États-Unis aux produits de l'aluminium, PCP Aluminium a encaissé le coup. La raison : près de 95 % des revenus de la PME de La Baie, dont le chiffre d'affaires avoisine les 30 millions US, viennent de la vente de ses plaques et blocs de moulage aux États-Unis.

« Dix pour cent de la valeur de tout ce qu'on exporte, ça fait beaucoup d'argent rapidement, souligne Michel Lavoie, président-directeur général de PCP Aluminium. Et on n'a pas les marges de profit pour le supporter. »

Il a demandé un financement dès que le gouvernement du Québec a dévoilé, le 11 juin dernier, une enveloppe de 100 millions de dollars pour aider les PME des secteurs de l'acier et de l'aluminium. Michel Lavoie affirme que son entreprise de 70 employés a obtenu un prêt de 469 000 $ par l'entremise de ce nouveau volet du programme Essor.

« C'est un outil pour nous permettre de gagner du temps », considère Michel Lavoie. « On ne peut pas se permettre d'augmenter nos prix, parce qu'on a des concurrents qui sont déjà aux États-Unis », signale-t-il.

UNE INQUIÉTUDE PALPABLE

Un sondage mené cet été par E&B Data, auquel ont répondu près de 400 entreprises, a révélé que plus de la moitié des entreprises dans le domaine de la transformation de l'aluminium anticipaient des répercussions négatives des tarifs sur l'emploi, les flux de trésorerie ainsi que la viabilité des activités de leur entreprise. L'étude a noté que ces attentes négatives étaient plus répandues chez les producteurs de feuilles, d'extrusion et de plaques.

Il est à noter que certaines entreprises écopent aussi des tarifs douaniers imposés par le gouvernement du Canada en guise de représailles.

Michel Lavoie le sait trop bien, lui qui importe des produits de l'aluminium et de l'acier dans une autre entreprise dont il est PDG, Coupesag, spécialisée en transformation des métaux en feuilles.

Néanmoins, peu de PME du secteur ont jusqu'à maintenant fait appel au soutien de Québec. En date du 4 octobre, le ministère de l'Économie et de l'Innovation (MEI) affirmait n'avoir que trois demandes en cours d'analyse chez Investissement Québec pour le nouveau volet du programme Essor.

« L'usure du temps va peut-être révéler de nouvelles situations », prévient Jean Simard, président de l'Association de l'aluminium du Canada (AAC). Le litige au sujet de ce secteur n'a pas été dénoué dans l'Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC), dévoilé le 30 septembre dernier. Si une levée des tarifs n'est pas négociée avant la signature de la nouvelle entente de libre-échange, M. Simard espère que les gouvernements maintiendront leur programme d'aide d'urgence, dont il vante par ailleurs la flexibilité. « Ce n'est pas parce qu'on a réussi à passer à travers les trois derniers mois qu'on va pouvoir continuer durant les six prochains. »

Au sujet de l'avenir de PCP Aluminium, Michel Lavoie signale qu'il demeurera attentif aux négociations dans les prochains mois. « C'est là que va se jouer si on va rester au Canada ou déménager aux États-Unis. »