Constructions Proco, important fabricant de charpentes et de bâtiments métalliques du Sagnenay-Lac-Saint-Jean, se positionne afin de tirer avantage du virage aluminium qui s'amorce au Québec.

« On développe une nouvelle expertise en ayant recours à des procédés de soudage par friction-malaxage largement utilisés en Europe », explique Jean-Denis Toupin, 40 ans, directeur général de l'entreprise située près d'Alma.

Il ajoute : « Nous avons livré deux passerelles en aluminium pour piétons et cyclistes à Parcs Canada [les passerelles Wellington et Hall, sur le canal de Lachine], précise-t-il. C'est une belle réalisation. »

Il y a deux ans, la PME de Saint-Nazaire a conçu et fabriqué le tablier en aluminium de la passerelle qui enjambe la rivière Petite Décharge, à Alma, avec le procédé de friction-malaxage. C'est sans compter la passerelle piétonne à Jonquière, tout en aluminium, inaugurée il y a près de 20 ans. « Nous consacrons beaucoup d'efforts à la recherche et au développement, soulève le directeur général. Le procédé de friction-malaxage altère beaucoup moins la qualité et les capacités physiques de l'aluminium au moment du soudage. »

L'entreprise collabore étroitement avec l'Université du Québec à Chicoutimi, dotée d'une des plus grosses machines au Canada pour faire de la soudure technologique.

« C'est une énorme machine qui vaut quelques millions de dollars, et nous avons la chance de pouvoir l'utiliser pour faire nos tests, nos essais », souligne Jean-Denis Toupin.

BOMBARDIER ET ALSTOM

Le directeur général concède que l'aluminium demeure peu utilisé par les concepteurs de grands travaux en Amérique du Nord. Ce qui n'est pas le cas en Europe où, constate-t-il, ce matériau a la cote.

« Mais on pense que c'est une question de temps avant que nos ingénieurs apprennent à travailler avec ce matériau moins lourd que l'acier, tout en étant moins sujet à la corrosion, fait-il valoir. Nous avons au Québec des gens compétents, des manufacturiers capables de livrer et des centres de recherche qui s'activent. »

Il maintient toutefois qu'il va falloir « former des ingénieurs spécialisés en aluminium » si on veut développer ce marché au cours des années à venir.

« Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, on est encore à l'étape de la première transformation avec l'aluminium, et il y a des joueurs qui font de la deuxième et de la troisième transformation. Il y a de la place pour en faire plus. » 

- Jean-Denis Toupin, directeur général de Constructions Proco

Chose certaine, le directeur général est « prêt » à recevoir des commandes de clients industriels. Il y a quelques années, Bombardier et Alstom avaient d'ailleurs pressenti son entreprise à deux reprises pour un important contrat de soudage de « sections » de voitures de métro et de train.

« À ce moment-là, se souvient-il, nous n'avions pas les équipements requis et nous avions dû décliner leur proposition. Mais là, on a l'expertise. C'est un marché qui nous intéresse fortement. »

Les passerelles Proco livrées à Parcs Canada, pour le canal Lachine, ont été construites grâce à des procédés de soudage par friction-malaxage. Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

Constructions Proco en bref

1983 : année de fondation

325 : nombre d'employés

Deux usines : à La Baie et à Saint-Nazaire (près d'Alma)

Siège social : Saint-Nazaire

L'entreprise est la propriété de 8 partenaires

Chiffre d'affaires : 85 millions