Il se consomme en moyenne au Québec près de 24 millions de repas par jour. Pas étonnant que de la ferme à la table, l'agroalimentaire soit le plus important employeur du Québec.

À elle seule, la transformation alimentaire représente des ventes de 24 milliards. L'agroalimentaire compte 2100 entreprises, embauche 62 000 personnes en transformation alimentaire et 55 400 en agriculture. Voici cinq défis du secteur

COMMERCE ÉLECTRONIQUE

Les chiffres du Food Marketing Institute sont éloquents : 4 % des ventes totales en 2017 aux États-Unis se sont faites en ligne, un nombre qui devrait atteindre 20 % d'ici 2025. L'enjeu pour les détaillants d'ici est important puisque les géants comme Amazon et Walmart font des avancées constantes dans ce domaine.

Geneviève Dufour, professionnelle de recherche au Cirano, estime que les impacts chez nous vont se traduire par une réduction des superficies des commerces.

« D'ici deux à cinq ans, l'industrie devra agir rapidement, dit elle. Il est urgent de faire du rattrapage, que ce soit au niveau des sites internet et de la livraison. Les gens utilisent cet outil pour que ce soit plus rapide et ils veulent une livraison au moment qui leur convient. » 

DES PRODUITS LOCAUX, SVP

Les aliments du Québec ont la cote. Selon un sondage Léger Marketing de janvier 2018, 48 % des 1032 répondants trouvent que le logo Aliment du Québec est le plus crédible et ils seraient prêts à payer davantage pour celui-ci.

« Les gens souhaitent une certification, mais ne veulent pas payer plus cher des produits qui s'affichent sans OGM, sans allergènes ou autres, explique Ingrid Peignier, directrice aux communications pour le CIRANO. Pour que ce soit plus rentable pour les acteurs du domaine agroalimentaire, il va falloir faire de la sensibilisation auprès du public. Malgré tout, il y a quand même un point positif à s'afficher ainsi puisque les produits se différencient. Les transformateurs ne font pas cela pour rien. »

Autre volonté des consommateurs, des produits sans composantes chimiques avec une liste d'ingrédients clairs. 

À LA RECHERCHE D'EMPLOYÉS

La rareté de la main-d'oeuvre frappe partout et la pénurie devrait s'accroître dans les prochaines années. Selon le Conference Board du Canada, les postes vacants ont coûté à l'industrie 116 millions de dollars en pertes de ventes au Québec en 2014.

Marcel Groleau, président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), estime que la solution est l'ouverture aux immigrants. « Les travailleurs étrangers temporaires c'est bien, mais dans le secteur des productions animales, les besoins sont tout au long de l'année. Il faut ouvrir plus grande la porte à l'immigration. Nous avons besoin de travailleurs spécialisés, mais aussi de main-d'oeuvre que nous pouvons former nous-mêmes. » M. Groleau considère que l'industrie doit aussi offrir de meilleures conditions de travail aux employés. 

ACCÈS AUX TERRES DE PLUS EN PLUS DIFFICILE

Le prix des terres agricoles a fait un bond de 900 % depuis 25 ans, mais les revenus des fermes n'ont pas suivi cette flambée et la situation touche particulièrement la relève. Cette hausse s'explique en partie par un moratoire imposé en 2004 et qui empêche le développement d'autres superficies pour la culture.

L'intérêt des investisseurs pour les terres en raison de la pression urbaine est aussi un facteur. « Nous perdons 400 hectares par an à d'autres usages comme les routes, les stationnements, les gares, etc. », souligne Marcel Groleau. L'UPA milite donc pour limiter l'acquisition des terres par des fonds d'investissement. Les producteurs souhaitent aussi la levée du moratoire. « Le surplus de phosphore sur les terres a été la raison pour laquelle ce moratoire a été instauré. Aujourd'hui, il existe des méthodes culturales efficaces pour contrer cette problématique. »

BUREAUCRATIE LOURDE

Les agriculteurs s'entendent pour dire que les contraintes réglementaires et une bureaucratie jugée trop lourde rendent leur quotidien parfois pénible. « On part du principe que nous sommes de mauvaise foi, ce n'est pas le cas. 

On est d'accord pour respecter les normes environnementales, mais obtenir des papiers d'autorisation peut prendre une éternité. Ce que nous souhaitons, c'est une bureaucratie plus simple et raisonnée », explique Marcel Groleau. 

Pour créer un environnement d'affaires propice aux investissements, il croit qu'une réforme des programmes de sécurité du revenu, une aide financière à la recherche et au développement ainsi que l'accélération du branchement de l'internet haute vitesse dans les campagnes sont nécessaires.