À 33 ans, Stéphane Bucquet concrétise un rêve. Avec son partenaire d'affaires Patrice Boisjoli, il vient tout juste de fonder à Saint-Rémi sa propre entreprise de production de fleurs, Pure Horticulture. Un scénario qu'il n'envisageait pas encore il y a un an de cela, avant de découvrir l'existence du Fonds d'investissement pour la relève agricole (FIRA).

C'est qu'il faut des sous pour se lancer en affaires dans le secteur agricole, et il en faut beaucoup. Des centaines de milliers de dollars. Pour le jeune qui souhaite démarrer son entreprise, difficile de réunir ces fonds sans l'aide d'une banque. Et difficile surtout de réunir la mise de fonds nécessaire pour que la banque écoute.

Stéphane Bucquet l'a appris alors qu'il parcourait la Montérégie à la recherche d'une terre agricole pour y lancer ses affaires. Malgré le soutien de la Financière agricole, impossible pour lui de réunir les sommes suffisantes pour procéder à une acquisition.

«Une personne normale n'a jamais les moyens de s'acheter une terre agricole toute seule, dit-il, mais grâce à FIRA, c'est devenu possible.»

FIRA est un fonds d'investissement de 75 millions créé conjointement par le gouvernement du Québec, le Fonds de solidarité FTQ et Capital régional et coopératif Desjardins. Lancé en mars 2011, il a pour objectif de stimuler la relève dans le secteur agricole québécois.

Selon Paul Lecomte, directeur général de FIRA, le fonds existe avant tout pour soutenir le lancement ou l'expansion d'entreprises agricoles qui ne sont pas héritées des parents. «La valeur des actifs est une barrière à l'entrée très importante pour les jeunes, dit-il. C'est pour ça que le gouvernement a créé cette initiative qui vise particulièrement les jeunes qui ne sont pas du secteur agricole ou qui s'établissent en dehors de l'entreprise agricole de leurs parents.»

Après un an d'activité, le fonds a investi un peu plus de 2 millions dans une quinzaine d'entreprises réparties aux quatre coins de la province. «Il n'y a que les Îles-de-la-Madeleine qu'on n'a pas faites encore», lance son directeur général à la blague.

De trois manières

Le financement apporté se fait de trois façons. Outre le programme d'achat-location et l'investissement par entrée dans le capital-action de l'entreprise, le Fonds participe le plus souvent au financement par un prêt subordonné, somme qui complémente un financement traditionnel. C'est d'ailleurs par un prêt de 160 000$ de la sorte que Stéphane Bucquet et Patrice Boisjoli ont obtenu une aide supplémentaire d'une institution bancaire. Grâce à eux, ils ont fait l'acquisition d'une terre à Saint-Rémi, un lopin sur lequel s'élevaient déjà 18 serres. Depuis mars dernier, ils y cultivent fleurs, fines herbes et plants de légumes qu'ils écouleront ensuite au marché.

Selon Paul Lecomte, le Fonds qu'il dirige souhaite d'ailleurs s'engager dans des créneaux non conventionnels comme celui mis de l'avant à Saint-Rémi. «On n'est pas dans des créneaux de production déjà bien établis, explique-t-il. On travaille beaucoup avec les productions innovantes, dans des créneaux où les autres créanciers n'osent pas s'aventurer.»

Au nombre de ces initiatives non conventionnelles financées par FIRA, on compte Les Fromages du Verger, entreprise lancée en 2007 par Brigitte Maillette et Michel Guérin, deux anciens gestionnaires du secteur pharmaceutique qui souhaitaient s'offrir une nouvelle vie. Si leur parcours sort de l'ordinaire, le modèle d'affaires qu'ils ont mis de l'avant est tout aussi surprenant. En plus d'exploiter un verger et de profiter de l'agrotourisme qui découle de son exploitation, le couple élève des brebis sur ses terres de Saint-Joseph-du-Lac et produit déjà huit variétés de fromages. Une stratégie qui a conduit FIRA à financer l'entreprise par un prêt de 80000$.