Dans son grand laboratoire d’essais de Saint-Hubert, l’équipe d’ingénieurs d’Héroux-Devtek s’affaire actuellement autour du train d’atterrissage de l’AW609 de Leonardo, l’un des premiers appareils à rotors basculants, ou tilt rotors, destiné au secteur commercial.

Des projets comme celui-là, les employés d’Héroux-Devtek en ont vu défiler des dizaines avec les années, mais le train d’atterrissage de l’AW609 a ceci de particulier qu’il s’adresse à un aéronef hybride entre l’hélicoptère et l’avion grâce à ses rotors pivotants. Il peut ainsi décoller et atterrir du haut d’un gratte-ciel ou d’une plateforme de forage tout en dépassant en vitesse de pointe un hélicoptère.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE

Daniel Normandin, vice-président ingénierie, assurance qualité et environnement chez Héroux-Devtek, s’assure que le train d’atterrissage de l’AW609 soit fin prêt pour sa certification en 2020.

Daniel Normandin, vice-président ingénierie, assurance qualité et environnement chez Héroux-Devtek, s’assure que le train d’atterrissage de cet appareil soit fin prêt pour sa certification en 2020.

« Une fois qu’on assemble un prototype, on procède à une batterie de tests, explique l’ingénieur. On fait des essais de chute pour simuler l’atterrissage, mais aussi des tests d’endurance, de fatigue et de comportement à basse et haute température pour valider tous les calculs faits en simulation. »

C’est ensuite seulement qu’il donnera le feu vert au client pour intégrer cette pièce conçue et assemblée entièrement par son équipe. Puis, ce sera le tour d’un autre train d’atterrissage. « On mène en fait plusieurs projets en parallèle », confie l’ingénieur qui dirige une équipe de 70 employés.

CIVIL ET MILITAIRE

Les trains d’atterrissage d’Héroux-Devtek se retrouvent aujourd’hui dans des hélicoptères, des jets d’affaires et des gros porteurs comme le Boeing 777, notamment.

PHOTO BOEING

Le train d'atterrissage Héroux-Devtek est trop gros pour être expédié par train. Il est livré directement de l'usine de Héroux-Devtek à Everett, à l'usine de Boeing.

Pour celui-là, l’entreprise a dû s’installer à Everett, en banlieue de Seattle, dans la cour arrière de Boeing. « Le train d’atterrissage du “triple 7” est trop gros pour qu’on le transporte par train ou camion, explique M. Normandin, alors on l’apporte directement chez Boeing à partir de cette usine. »

Les activités du constructeur québécois sont d’ailleurs réparties dans une quinzaine d’installations aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Espagne.

Côté clientèle, Boeing vient en tête de liste, selon M. Normandin. On trouve aussi sur celle-ci Airbus, Embraer et Bell Helicopter, notamment, ainsi que des entreprises associées uniquement au secteur militaire comme Lockheed Martin et Northrop Grumman.

PHOTO NORTHROP GRUMMAN

Héroux-Devtek fabrique le train d'atterrissage du drone Global Hawk.

À cette fin, Héroux-Devtek travaille au développement et à la construction de trains d’atterrissage pour des avions sans pilote, des drones ou unmanned air vehicles (UAV), comme on les désigne dans l’industrie.

« C’est un domaine qui est très actif aujourd’hui », explique M. Normandin. Outre des Global Hawk de Northrop Grumman, l’entreprise travaille aussi sur des projets de Boeing destinés à la marine américaine.

CHANGEMENTS CONSTANTS

En 16 ans chez Héroux-Devtek, M. Normandin a pu constater comment évoluent les produits, mais aussi les façons de faire dans son industrie, entre autres en ce qui a trait aux délais de production, toujours plus rapides.

PHOTO LOCKHEED MARTIN

Héroux-Devtek fabrique les trains d'atterrissages des F-35.

« Maintenant, on travaille beaucoup en amont avec des simulations, explique-t-il. Lorsque vient le temps de tester le prototype, on veut que ça fonctionne du premier coup. »

Comme d’autres dans l’industrie, l’entreprise innove aussi en intégrant des pièces fabriquées par impression additive à ses trains d’atterrissage. L’emploi de matériaux toujours plus légers est aussi dans le collimateur des ingénieurs d’Héroux-Devtek.

« Il n’y a pas deux journées pareilles », résume M. Normandin.