L'accord de Partenariat transpacifique a beau être toujours en discussion entre les gouvernements, il suscite déjà des appétits dans le secteur aérospatial québécois. Les marchés d'Asie et d'Océanie devraient représenter une part importante de la demande d'aéronefs dans les prochaines années. Explications en sept points.

Une immense zone de libre-échange

Les dernières négociations n'ont pas abouti, en juillet dernier à Hawaii, pour parvenir à créer une zone de libre-échange entre l'Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, les États-Unis, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Viêtnam. Mais les négociateurs maintiennent les contacts... Tous les échanges de biens et de services sont concernés, y compris les contrats gouvernementaux.

Perspectives alléchantes

Au mois de juillet, Aéro Montréal se prononçait officiellement en faveur du Partenariat transpacifique. «L'industrie aérospatiale québécoise est déjà un des leaders mondiaux, affirme Suzanne Benoit, PDG d'Aéro Montréal. Tout comme les accords de libre-échange signés dans le passé, une telle avancée ne peut que nous permettre de consolider notre position favorable dans la chaîne d'approvisionnement mondiale et d'accéder plus facilement au très vaste marché en croissance que représente le Partenariat transpacifique.» La région Asie-Pacifique sera le marché le plus dynamique du monde au cours des 20 prochaines années, indiquent des prévisions réalisées par Airbus en février 2014.

Une région en croissance

La région Asie-Pacifique achètera 11 000 avions neufs au cours des 20 prochaines années, soit 37% de la demande mondiale. Cela représente une valeur totale estimée à 1800 milliards US. Ce marché sera dopé par la croissance annuelle moyenne du trafic aérien, estimée à 5,8% durant les deux prochaines décennies. Dans son étude, Airbus précisait qu'en 2032 la région Asie-Pacifique comptera plus de 90 villes générant chacune plus de 1 million de passagers par année.

Des pays menaçants?

Parmi les pays de la région Asie-Pacifique, plusieurs sont des pays où les salaires horaires sont bien plus faibles qu'au Québec. «Oui, c'est une menace, car on a vu le Mexique prendre du galon dans les industries automobile et aéronautique après la mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA]», relève Mario Longpré, leader canadien des services au secteur de l'aérospatiale et de la défense chez PwC. Pourrait-on voir un pays comme le Viêtnam venir concurrencer les entreprises québécoises ? «L'industrie aérospatiale présente quand même de fortes barrières à l'entrée : on ne se met pas à fabriquer des avions du jour au lendemain», souligne M. Longpré.

Beaucoup à gagner, peu à perdre

La grappe aérospatiale québécoise est d'autant plus convaincue qu'elle n'a rien à perdre dans l'accord de Partenariat transpacifique, explique Mme Benoit. «Nous n'avons pas de marché local au Canada, souligne-t-elle. La performance de nos entreprises passe par l'international.» En 2014, 80 % des ventes de l'industrie aérospatiale québécoise étaient ainsi réalisées à l'export. «Il y a une logique à se tourner vers les marchés les plus en croissance», ajoute Mme Benoit.

CAE au Brunei

Le sultanat du Brunei fait partie des pays négociateurs de l'accord de Partenariat transpacifique. Ce petit État voisin de la Malaise et de l'Indonésie ne compte que 420 000 habitants, mais c'est bien là que CAE, l'entreprise de Saint-Laurent spécialisée dans les simulateurs de vol, a établi un centre de formation polyvalent en 2012. Et CAE vient d'annoncer le 31 août qu'il veut en faire un organisme de formation agréé de renommée mondiale. Les clients actuels, qui se forment au pilotage d'hélicoptères, proviennent non seulement du Brunei, mais aussi de Chine et d'Australie.

L'appétit de Vietnam Airlines

Le Viêtnam n'est pas seulement un pays à bas coût salarial. C'est aussi un pays touristique, qui connaît une croissance de son trafic de voyageurs qui préfigure ce qui pourrait se produire dans toute la région Asie-Pacifique d'ici 2030. En 2014, le Viêtnam a accueilli 7,8 millions de touristes, soit une hausse de 50 % en l'espace de quatre ans, selon des chiffres publiés par la Banque mondiale. La compagnie nationale Vietnam Airlines prévoit donc moderniser sa flotte, qui passera de 92 à 122 appareils d'ici 2019. Huit Boeing 787 Dreamliner et dix Airbus A350 rejoindront notamment le parc vietnamien au cours des quatre prochaines années.