L'imposant avion amphibie, ancien chasseur de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale, semble s'être posé sur le toit du petit édifice.

Ce n'est encore que l'illustration d'un concept architectural, mais les promoteurs du futur Carrefour de l'air et de l'espace espèrent que le projet se concrétisera d'ici 24 à 36 mois.

«Ce n'est pas un musée», précise David Lobjoie, président de la Fondation Aérovision Québec, regroupement de passionnés du patrimoine aéronautique à l'origine du projet. «Il y aura une grande section d'exposition, mais il va y avoir surtout des salles d'activités destinées aux jeunes, à partir du secondaire.»

«Notre but initial est de créer de l'affluence pour l'École nationale d'aérotechnique (ENA) et l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal (EMAM), ajoute-t-il. Le recrutement est très en baisse dans ces deux écoles et on vise à susciter des carrières dans les domaines aéronautique et aérospatial.»

Le Carrefour serait construit à l'aéroport de Saint-Hubert, «si le contexte économique et politique nous permet de nous installer là-bas».

L'édifice s'articulera autour d'une salle multifonctionnelle, dans un décor inspiré du salon des passagers du dirigeable R-100. Cet aérostat britannique avait fait une visite très médiatisée au Québec en 1930. Une section sera consacrée à un Panthéon québécois de l'air et de l'espace, où seront présentés des pionniers et des personnalités marquantes des milieux aéronautique et aérospatial. On veut notamment y exposer le fameux turbopropulseur PT6 de Pratt&Whitney.

Selon le projet préliminaire élaboré il y a un an par Katherine Weldon, l'édifice serait composé d'une trentaine de conteneurs maritimes recyclés, assemblés comme les briques d'un gigantesque jeu de Lego. L'hydravion déposé sur le toit et une réplique de tour de contrôle, intégrée à l'édifice, seront tous deux accessibles au public.

Reste à faire atterrir le projet

Aérovision prévoit une enveloppe budgétaire de 2,5 à 3,5 millions pour l'ensemble du projet, édifice et terrain compris. «On travaille actuellement avec une agence de communication stratégique pour le développement du projet, indique David Lobjoie. Nous sommes actuellement dans la phase de recherche de partenaires financiers.»

Le comité de développement de 15 personnes achève un plan d'affaires qui leur permettra de solliciter des fonds auprès des entreprises du secteur aérospatial et des gouvernements fédéral et provincial, dans l'intention de constituer un partenariat public-privé.

L'hydravion militaire Canso est déjà la propriété d'Aérovision. «Il s'est posé à Saint-Hubert il y a 10 ans et n'a pas bougé depuis», indique M. Lobjoie.

L'appareil est lui-même une pièce de musée. Construit à Longueuil durant la Seconde Guerre mondiale par Canadian Vickers, sous licence de l'Américaine Consolidated, il a participé à la lutte anti-sous-marine dans l'Atlantique Nord, avant d'être retiré du service et racheté par Canadair.

Le constructeur de Saint-Laurent s'est servi de cet appareil amphibie comme banc d'essai pendant la conception de son bombardier d'eau CL215. La Fondation Aérovision Québec possède également un vieux bimoteur Douglas C47 - la version militaire du DC3 -, dont les états de services remontent eux aussi au second conflit mondial.

Créée en 1991, Aérovision veut assurer la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine aéronautique québécois. Elle organise des conférences dans les écoles et fait des présentations dans les centres pour personnes âgées dans le but de recueillir des témoignages de gens «qui ont vécu cette histoire».