Les ailes du CSeries sont réalisées en matériaux composites, qui sont aussi utilisés massivement dans le Dreamliner de Boeing. Mais des chercheurs veulent aller plus loin et rêvent déjà de construire un avion entier à base de fibres et de résines.

C'est le cas de Robin Dubé, titulaire de la nouvelle chaire de recherche en fabrication de matér iaux composites en aérospatiale du Centre technologique en aérospatiale (CTA) de Saint-Hubert.

L'ingénieur chercheur de 29 ans est l 'un des plus jeunes titulaires de chaires de recherche du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) . Le CRSNG et Bombardier Aéronautique se partagent le financement de la chaire, à hauteur de 1 million de dollars chacun sur cinq ans. La Presse a rencontré Robin Dubé.

Q Qu'apportent les matériaux composites à la construction aéronautique?

R Ils rejoignent l'objectif des constructeurs de développer des modèles moins gourmands en énergie. L'utilisation des matériaux composites permet de créer des formes beaucoup plus complexes que les éléments métalliques, et donc d'obtenir un écoulement de l'air plus aérodynamique. Aussi, ces matériaux sont très

légers. Certains sont quatre fois moins lourds que l'acier, tout en résistant à une charge quatre fois plus élevée.

Q Comment s'intègrent-ils dans le processus de production?

R Les matériaux composites révolutionnent la façon de produire les avions. Quand on utilise le métal, on doit préparer la matière, la couper, la percer, la mettre en forme avec une presse, puis l'assembler. Avec les composites, c'est très différent: on moule la matière brute, faite de fibres et de plastiques, pour obtenir d'un seul coup une pièce à géométrie complexe. Et on évite tout stock de plaques de métal et de rivets.

Q Peut-on construire un avion entièrement en matériaux composites ?

R C'est ce qu'on vise ! Partout dans le monde, les constructeurs se lancent dans la course à l'avion en composites. Mais il existe des limitations pour certaines pièces, notamment celles exposées à de très hautes températures, comme la chambre des moteurs. Dans ces endroits, les matériaux métalliques sont encore là pour longtemps. Mais toutes les pièces structurelles peuvent être remplacées par les composites.

Q Quel est l'objectif de votre chaire ?

R Nous visons à développer l'expertise dans la chaîne locale d'approvisionnement. Les entreprises aérospatiales de la région de Montréal s'arrachent les travailleurs formés en matériaux composites.

Q Quels procédés privilégiez-vous ?

R Nous étudions en priorité la fabrication par infusion et moulage, plutôt que par autoclave. Pour les pièces de petite dimension, on économise beaucoup en énergie. L'empreinte écologique est moindre pour chaque pièce, et les constructeurs sont très intéressés par de tels gains. Aussi, nous travaillons sur la fabrication de structures d'avions en composites thermoplastiques, qui permettent de produire des pièces plus facilement recyclables.