L'initiative MACH pourrait devenir un standard à l'échelle mondiale, croit Étienne Pourbaix, directeur du pôle de compétitivité aérospatial Skywin, dans la région francophone de Wallonie. L'organisation belge s'apprête à adopter le programme d'optimisation de la performance développé à Montréal. Il a répondu à nos questions.

Q Pourquoi la Wallonie veut-elle utiliser MACH?

R Aéro Montréal propose une solution à un problème que nous connaissons aussi. Depuis cinq ans, les grands donneurs d'ordres délèguent de plus en plus de responsabilités aux sous-traitants. Les PME ne doivent plus seulement produire, mais aussi gérer tout un processus. Certaines PME ont réalisé cette évolution, mais d'autres rencontrent des difficultés pour y parvenir. Et cela leur fait perdre des marchés.

Q Comment est-ce que MACH peut aider les entreprises aérospatiales wallonnes?

R Un audit porte sur l'état de maturité de la PME. Puis, on établit un plan d'action pour améliorer la situation observée, avec l'aide d'un donneur d'ordres qui parraine la PME participante. Celle-ci devient alors plus compétitive et elle est mieux outillée pour conserver ses parts de marché, voire en gagner de nouvelles.

Q Étiez-vous intéressé par d'autres programmes comparables?

R Je ne connais pas d'équivalent dans le monde. Bien entendu, il existe des initiatives gérées directement par les industriels. Par exemple, Airbus dispose d'une action d'amélioration de ses sous-traitants, mais ce programme est géré par et pour Airbus. Or, quand on veut travailler avec un autre industriel, ce qui a été fait pour Airbus ne l'intéresse pas forcément. En Wallonie, nous travaillons pour Airbus, mais aussi pour Boeing, Bombardier et Embraer. De ce point de vue, nous attendons beaucoup de MACH.

Q C'est-à-dire...?

R Le programme n'est pas conçu pour un seul industriel. Il est beaucoup plus générique, et cela ouvre davantage de portes. Idéalement, les différents niveaux de MACH pourraient être reconnus comme une sorte de norme internationale.

Q Quand comptez-vous lancer MACH en Wallonie?

R En mars ou avril 2014. Dès le mois d'octobre, nous commencerons l'étude de faisabilité, qui devrait être achevée à la fin de l'année.

Q Comment s'appellera MACH en Wallonie?

R Ce sera aussi MACH! Nous utiliserons le même nom et le même type d'audit des sous-traitants. Nous devrons peut-être effectuer quelques adaptations pour tenir compte des différences de réglementation entre le Québec et la Wallonie. Mais nous souhaitons apporter le moins de changements possible au modèle MACH.

Q Comment sélectionnerez-vous les entreprises participantes?

R Nous suivrons ce qui a été fait à Montréal. Lors de la première cohorte, nous demanderons à nos donneurs d'ordres de présenter des PME avec lesquelles ils veulent intensifier leurs relations. Par la suite, les PME poseront elles-mêmes leur candidature. Nous en retiendrons cinq ou six chaque année.

Q Comment vos membres accueillent-ils l'initiative MACH?

R Nos entreprises sont très intéressées à savoir comment MACH peut les aider à satisfaire aux demandes des donneurs d'ordres. Philippe Hoste, l'ancien chef de la direction de Sonaca Montréal, nous aide dans la promotion de MACH auprès de nos membres. Il est lui-même Belge, et pionnier de l'initiative MACH à Montréal.