L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) tiendra à compter de demain, à Montréal, la 39session de son assemblée. La Presse a préparé un survol des principaux enjeux auxquels fait face l'agence des Nations unies. Aussi, quelle est la place des femmes dans l'aviation civile internationale ?

POLLUTION

Si rien n'est fait, l'aviation internationale pourrait générer 22 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre en 2050, contre 2 % aujourd'hui. Pour éviter ce scénario, l'OACI veut freiner la croissance des émissions de l'industrie à partir de 2020. Objectif ambitieux qui doit être atteint au moyen d'un marché du carbone que les pays seront invités à entériner d'ici le 7 octobre. S'ils le font, les compagnies aériennes devront compenser la hausse de leurs émissions en finançant des initiatives environnementales. L'Union européenne, les États-Unis, la Chine et le Canada appuient le projet, mais plusieurs environnementalistes le jugent insuffisant.

CYBERMENACES

En juin 2015, environ 1400 passagers du transporteur polonais LOT ont été coincés à l'aéroport Chopin de Varsovie en raison d'une cyberattaque touchant 10 avions. De tels incidents demeurent rares même si chaque mois, les systèmes informatiques aériens du monde subissent en moyenne 1000 cyberattaques, selon l'Agence européenne de la sécurité aérienne. Des experts vont jusqu'à prédire que le prochain gros attentat terroriste sera le fait de pirates informatiques. Après l'adoption d'un plan d'action en 2014, l'OACI demandera à ses pays membres d'avaliser une résolution leur enjoignant de redoubler d'efforts en la matière.

DRONES

Les drones (aéronefs téléguidés) dépasseront bientôt en nombre les avions et hélicoptères traditionnels, prédit Washington. Cette prolifération fait en sorte que les incidents impliquant des drones à proximité des aéroports se multiplient : la Federal Aviation Administration en dénombre désormais plus de 100 par mois. Cela dit, aucune collision n'a encore été rapportée entre un drone et un avion commercial. Les associations internationales regroupant les aéroports, les transporteurs, les pilotes et les contrôleurs aériens pressent néanmoins l'OACI d'élaborer rapidement « des normes et des pratiques recommandées qui permettront la mise en place par les États de réglementations harmonisées ».

CONSEIL

Après une tentative avortée en 2010, l'Arabie saoudite revient à la charge pour faire augmenter le nombre d'États membres du conseil de l'OACI, cette fois-ci avec l'appui du Portugal. En mars, ledit conseil a accepté la proposition. Si celle-ci est adoptée à la 39e assemblée, le nombre de membres du conseil passera de 36 à 40. Pour justifier l'augmentation, on souligne que le nombre de pays membres de l'OACI est passé de 162 à 191 en 25 ans et que le trafic aérien a explosé. Par ailleurs, même s'il n'est pas membre de l'OACI, Taiwan entend participer à l'assemblée, comme il l'avait fait en 2013.

LACUNES

On ne parle plus de gaspillage de fonds et de népotisme comme en 2009, mais l'OACI est encore aux prises avec des problèmes administratifs. Dans les états financiers 2015, on fait état d'« un problème significatif de contrôle interne, à savoir que le processus d'évaluation des risques n'est mis en oeuvre qu'au niveau du siège » et non dans les huit bureaux régionaux. On relève également des « violations généralisées des règles » pour les achats de moins de 10 000 $, des « faiblesses importantes en termes de gestion et de gouvernance du secrétariat » et des « écarts significatifs dans l'inventaire ». La secrétaire générale Fang Liu promet de corriger le tir.

DETTES

À l'instar des autres agences des Nations unies, l'OACI a du mal à percevoir les contributions annuelles de certains États. Au 15 juin, pas moins de 54 pays membres, soit 28 % du total, devaient globalement plus de 20 millions à l'OACI. Une vingtaine d'entre eux, pour la plupart des pays très pauvres, ont vu leur droit de vote suspendu pour cette raison. Une exception notable est l'Iran, qui doit plus de 879 000 $ en dépit de son ambition de devenir un pays important dans le domaine de l'aviation depuis la levée de plusieurs sanctions économiques occidentales au cours des derniers mois.

SILENCE

L'OACI ne peine pas seulement à se faire payer, elle a aussi du mal à obtenir la collaboration des pays membres pour la mise en oeuvre de ses normes et politiques. Sur un échantillon de 61 lettres que l'institution a envoyées aux États de 2011 à 2015, le taux de réponse moyen a été d'à peine 28 %. Pas moins de 30 pays n'ont répondu à aucune lettre et 121 des 191 États membres avaient un taux de réponse inférieur à 28 %. L'OACI entend faire adopter par l'assemblée une résolution visant à améliorer la situation.