Pour assurer son développement et faire face à la nécessité d'innover constamment, l'industrie aéronautique québécoise s'appuie sur des organismes rassembleurs.

Aéro Montréal

Aéro Montréal est un groupe de réflexion stratégique. Sa mission est de rassembler tous les acteurs du secteur autour d'objectifs communs et d'actions concertées. Les grands joueurs de l'industrie et les organismes sont présents à son conseil d'administration.

Son mandat est de mobiliser tous les acteurs de l'aéronautique et de l'aérospatiale afin de coordonner le développement du plan stratégique de la grappe. Elle vise aussi à assurer la notoriété et la visibilité de l'industrie autant sur la scène nationale qu'internationale. Elle veut également mettre sur pied des projets structurants ou à valeur ajoutée.

Les activités de l'organisme portent sur cinq chantiers, explique Suzanne M. Benoit, directrice générale de l'organisme. L'innovation, l'optimisation de la chaîne d'approvisionnement, la relève et la main-d'oeuvre, la défense et la sécurité nationale, et enfin le rayonnement de la grappe. «Le projet mobilisateur de l'avion écologique émane du chantier innovation», dit Mme Benoit.

Ce chantier est composé de 18 personnes émanant de l'industrie et du secteur institutionnel. Ce sont majoritairement des professionnels de la RD et de l'innovation. Son mandat est d'établir la stratégie d'innovation aérospatiale pour la région du Grand Montréal, d'identifier et coordonner des projets en soutien à la stratégie d'innovation en collaboration avec les autres organisations impliquées dans l'innovation afin d'assurer l'optimisation des efforts de tous les acteurs.

Le CRIAQ

Créé en 2002, le Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ) mène actuellement plus de 90 projets de recherche, principalement au stade pré-compétitif.

Toutes les principales entreprises du secteur, ainsi que les centres de recherche et les universités québécoises sont membres du CRIAQ. «C'est un mécanisme de collaboration exceptionnel», dit Guy Lambert, directeur de la conception et du secteur expérimental chez Bombardier Aéronautique.

Un minimum de 25% du coût des projets menés dans les universités est assumé par les partenaires industriels. Le reste est financé à même les fonds destinés aux universités.

L'organisme se donne cinq objectifs: réaliser des projets de recherche générique, créer de nouveaux concepts prêts à commercialiser et à appliquer aux futurs composants et produits de l'aérospatiale, améliorer les aptitudes techniques et professionnelles des ingénieurs de demain et accroître la visibilité des défis en matière de conception et de recherche auprès du milieu scientifique et des étudiants. Enfin, elle participe aux programmes canadiens, américains et européens dont les objectifs technologiques sont semblables.

La mise en chantier du projet mobilisateur de l'avion écologique a réjoui Clément Fortin, président et directeur général du CRIAQ. «Il fallait agir étant donné tous les projets du genre en Europe», dit-il. La rapidité avec laquelle on a lancé le projet a suscité la surprise, mais la réflexion avait déjà été entamée lors de l'élaboration de la première stratégie d'innovation du gouvernement du Québec en 2007, sous la direction du ministre Raymond Bachand, signale M. Fortin.

Mais il n'y a pas que l'avion écologique. «On voit un foisonnement de projets pré-compétitifs», assure le président du CRIAQ. «Il faut trouver la façon de passer par-dessus la Vallée de la mort en s'assurant que le financement sera au rendez-vous», dit-il.

Les maisons d'enseignement sont dans le coup

L'aéronautique, c'est important pour leQuébec, et tout le secteur universitaire y joue un rôle important, assure Yves Beauchamp, directeur général de l'École de technologie supérieure (ETS), une constituante du réseau de l'Université du Québec. «C'est une fierté pour leQuébec de pouvoir bâtir un avion au complet dans un rayon de 50 kilomètres, et c'est flatteur pour les écoles de formation», dit-il. Grâce au Consortium de recherche et d'innovation en aérospatiale (CRIAQ), il existe une collaboration entre l'industrie et les écoles de formation, ajoute le directeur général de l'ETS.

Outre l'aérospatiale, les technologies de l'information (TI) et la santé sont les deux autres secteurs d'innovation importants au Québec. Même que le secteur des TI emploie près de trois fois plus de travailleurs que le secteur de l'aérospatiale. «Mais c'est ce dernier qui est le mieux structuré quant à la

recherche et le développment», dit M. Beauchamp. Pour sa part, l'ETS jouit des services de 35 professeurs dans le secteur de l'aérospatiale. Pour 15 d'entre eux, il s'agit de la spécialité première. Toutes les activités ont été regroupées sous le vocable Aéro ETS. On y retrouve tous les cycles de formation. On y offre un baccalauréat avec concentration en aéronautique durant la dernière année, une maîtrise en aéronautique en collaboration avec d'autres universités, ainsi qu'un doctorat en génie. Il était important de convaincre le gouvernement de s'impliquer dans le développement de l'avion écologique, précise Yves Beauchamp. Cela aidera l'industrie québécoise à rester concurrentielle face à Seattle, aux États-Unis, et Toulouse, en France, où l'on retrouve Boeing et Airbus. D'autant plus que le secteur universitaire est bien équipé pour appuyer le projet, selon le directeur général de l'institution d'enseignement. «Les professeurs de l'ETS sont aux premières loges pour être employés dans le projet mobilisateur de l'avion écologique», dit-il.