D’un point de vue environnemental, la collaboration entre GoRecycle et PureSphera peut être perçue comme un mariage heureux. Car, grâce à une technologie européenne de captation des gaz et à un système de collecte bien rodé, ces deux PME québécoises permettent de réduire chaque année le rejet de centaines de milliers de tonnes de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère.

La mission première des deux entreprises est de récupérer et de démanteler les appareils frigorifiques (réfrigérateurs, congélateurs, climatiseurs, celliers, etc.) contenant des gaz nocifs et de neutraliser ces derniers. Le tandem travaille en complémentarité, chacun ayant sa spécialité.

Fondée en 2021 par Jules Foisy Lapointe, GoRecycle a mis en place un système de récupération des électroménagers, principalement chez les détaillants et dans les écocentres. Bref, cet OBNL, financé notamment par les « écofrais » facturés aux consommateurs, est un organisme de gestion reconnu en marge du règlement sur la responsabilité élargie des producteurs (RPE).

La RPE, créée en 2011, transfère la responsabilité de la gestion des matières résiduelles générées par la consommation de divers produits aux entreprises qui sont à l’origine de leur mise en marché.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jules Foisy Lapointe, fondateur et DG de GoRecycle

En 2022, on a récupéré 125 000 électroménagers (en hausse de 50 %), par l’intermédiaire de nos 500 points de collecte. Depuis notre fondation, on a permis d’éviter que 250 000 tonnes de GES soient relâchées dans l’atmosphère. Notre objectif à court terme est d’atteindre le million de tonnes de GES.

Jules Foisy Lapointe, fondateur et DG de GoRecycle

Selon M. Foisy Lapointe, il y aurait annuellement au Québec plus de 300 000 appareils qui sont envoyés illégalement chez les ferrailleurs et qui ne sont pas traités de façon légale, sinon adéquate. D’ailleurs, les ferrailleurs et les récupérateurs de métaux n’ont pas tous la même conscience écologique, témoigne M. Foisy Lapointe.

Aider la couche d’ozone

Récupérer des électros pour éviter qu’ils ne finissent à l’enfouissement, c’est bien beau. Mais si on veut éviter que des gaz nocifs s’en échappent lors de leur démantèlement, il faut une technologie. Or, c’est ici que PureSphera entre en jeu.

Cette entreprise de Bécancour se targue d’être la seule à pouvoir, certes, démanteler les appareils frigorifiques pour en récupérer les plastiques et les métaux, mais surtout capter les halocarbures (des gaz nocifs comme le fréon) qu’ils contiennent. Elle affirme par ailleurs que, depuis sa fondation en 2008, elle a « engendré la réduction des émissions de GES de 1,8 million de tonnes d’équivalent CO2. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

PureSphera démantèle les appareils frigorifiques pour en récupérer les plastiques et les métaux tout en captant les halocarbures qu’ils contiennent.

« Les gaz, surtout dans les plus vieux appareils, sont des milliers de fois plus puissants que le CO2. Ce sont des gaz stables et efficaces, mais leur mauvais côté, c’est qu’ils sont également bons pour détruire la couche d’ozone », explique Mathieu Fillion, DG de la PME de 60 employés qui, elle aussi, est accréditée par le gouvernement.

Que ce soit le gaz présent dans les conduits des électroménagers ou celui contenu dans la mousse d’uréthane qui fait office d’isolant, PureSphera affirme être capable de tout capter à l’aide d’une énorme installation de 1500 m⁠2 venue d’Allemagne, mais adaptée aux plus gros électros utilisés en Amérique du Nord.

J’aime à dire qu’on est les recycleurs de métaux les plus high tech dans les Amériques. Un frigo qui sort de chez nous est recyclé à 97,2 %.

Mathieu Fillion, DG de PureSphera

Par exemple, l’uréthane isolant est pulvérisé et le gaz qu’il contient est aspiré. Autrement, tout le reste (métal, plastique, verre, etc.) est démantelé, trié et expédié afin d’être recyclé. Les gaz usés, stockés après captation dans des bonbonnes jaunes et grises, sont détruits par un sous-traitant.

Mais cette tâche de destruction au plasma, PureSphera souhaite l’intégrer à ses activités. Tout comme elle désire rayonner dans le reste du Canada. « On ne cache pas qu’on aimerait devenir la référence, pas juste au Canada, mais aussi aux États-Unis », dit M. Fillion, ingénieur chimiste de formation.