Il n’est pas simple d’aborder le marché des municipalités quand on est une petite PME innovante, mais qui ne dispose pas de grandes ressources. Le programme AquaEntrepreneur aide des entreprises innovantes à développer et tester leurs technologies sur ce marché, afin de faire émerger des solutions préservant l’eau. Survol.

L’entreprise Smartrek, établie à Lévis, s’apprête à mener un projet pilote pour tester son système radio en réseau, nommé SpiderMesh, qui transmet les données à partir de capteurs placés dans les égouts jusqu’à l’internet dans le nuage.

Pour cela, la PME de 14 employés s’appuie sur sa technologie brevetée, capable d’envoyer les données sans utiliser de technologie cellulaire. C’est un avantage considérable quand on veut transmettre sous terre. « Même dans des environnements difficiles, on garantit la connectivité grâce au maillage serré de notre réseau », se félicite Martin Carrier, président de Smartrek.

Après avoir servi le marché des acériculteurs, Smartrek s’est tournée en 2020 vers le marché des municipalités pour la gestion des eaux potables et usées. C’est que la problématique est similaire à celle du marché des producteurs de sirop d’érable : les données collectées par des capteurs doivent pouvoir être acheminées en temps réel malgré les contraintes physiques du terrain. Pour économiser l’eau et limiter les coûts, les municipalités ont besoin de connaître l’état de leurs réseaux d’eau et la survenue de fuites.

La difficulté d’amener de l’innovation

Smartrek équipe déjà quelques municipalités aux États-Unis, comme à Knoxville, au Tennessee. Mais l’entreprise lévisienne ne distribue pas encore sa technologie auprès des municipalités québécoises.

« Le système municipal des appels d’offres est très complexe », souligne Dominique Monchamp, directrice générale de la Fondation de Gaspé Beaubien, conseillère principale pour AquaAction. « Les entrepreneurs doivent démontrer que leur technologie a passé tous les tests. Il est presque impossible d’intégrer de l’innovation. »

C’est pour cela que Smartrek s’appuie sur le programme AquaEntrepreneur de l’organisme à but non lucratif AquaAction, créé par la Fondation de Gaspé Beaubien. Ce programme, cofinancé par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie à hauteur de 2 millions de dollars, aide les entreprises québécoises à amener leurs innovations vers la commercialisation.

Le programme AquaEntrepreneur met en relation les entrepreneurs innovants et les municipalités pour mener des projets pilotes, qui ne sont pas assujettis aux réglementations d’appels d’offres.

Si le projet pilote démontre ses avantages, l’entreprise devra alors passer par le processus d’appels d’offres, mais elle fera face à une concurrence limitée puisqu’elle s’appuiera sur une technologie innovante et éprouvée.

Dominique Monchamp, directrice générale de la Fondation de Gaspé Beaubien

Présentement, 6 projets pilotes sont menés et 22 autres sont en phase prépilote.

Projet en route

Avec AquaEntrepreneur, Smartrek s’apprête à lancer un projet pilote avec une municipalité de la province, « dont on ne peut pas encore citer le nom », précise Martin Carrier, président de Smartrek. La PME va tester un système de détection d’infiltrations dans les égouts. « Quand une forte pluie survient, elle peut s’infiltrer dans les égouts sanitaires, ce qui fait de plus gros volumes d’eau à traiter, augmentant les coûts et surchargeant les réseaux. Cela peut conduire à un débordement », explique Martin Carrier.

Ce projet pilote aidera Smartrek à bien comprendre le marché des municipalités. Parallèlement, Smartrek mène une étude auprès d’une dizaine de municipalités pour recueillir leurs commentaires sur sa technologie. « Si notre technologie résout de nombreux problèmes, mais qu’on communique mal, les municipalités ne vont pas voir comment nous pouvons les aider. Et de notre côté, ce projet pilote va nous aider à améliorer notre système pour nous adapter à leurs besoins », explique Martin Carrier.