Les enjeux dans le domaine agroalimentaire se multiplient et se complexifient. Les programmes de formation doivent évoluer en conséquence. Coup d’œil sur ce qu’il se passe du côté des deux universités qui offrent des programmes en agronomie : l’Université Laval et l’Université McGill.

L’Université Laval vient d’actualiser son baccalauréat en agronomie qui sera offert dès l’automne. L’une des nouveautés est qu’en plus des concentrations offertes – sciences animales, sciences végétales ou sciences des systèmes sols-environnement –, il comprend maintenant quatre thématiques : agriculture du monde, agriculture numérique, agroécologie et gestion agricole.

« Ce sont des sujets importants pour la société et nous tenions à ce que nos étudiants s’ouvrent à ces réalités », affirme Lyne Létourneau, vice-doyenne aux études de la faculté des sciences de l’agriculture et des sciences de l’alimentation à l’Université Laval.

Par exemple, l’agriculture numérique aborde toute la question des données, de leur collecte à leur synthèse jusqu’à leur analyse et à leur utilisation pour optimiser le rendement, notamment grâce à l’intelligence artificielle.

L’agroécologie, c’est en fait tout ce qui touche à l’agriculture durable. « On couvre les pratiques qui visent à réduire l’empreinte écologique de l’agriculture, mais aussi, on parle de son impact sur le territoire, sur le système alimentaire, sur la justice sociale », explique Lyne Létourneau.

L’agriculture du monde amène les étudiants à connaître les différents types de cultures qui ont cours sur la planète alors que la gestion agricole touche à l’optimisation et au rendement.

Nous voulons que nos diplômés aient une vue d’ensemble du système de production agricole, qu’ils puissent contribuer à la production d’aliments sains, en quantité suffisante, tout en protégeant l’environnement, en connaissant bien les technologies et en tenant compte de différentes préoccupations de la société.

Lyne Létourneau, vice-doyenne aux études de la faculté des sciences de l’agriculture et des sciences de l’alimentation à l’Université Laval

Évoluer avec les attentes des consommateurs

L’Université McGill fait aussi évoluer ses programmes avec la société. « Il y a maintenant de grandes attentes envers les producteurs et ils ont un rôle à jouer pour faire comprendre aux consommateurs ce qu’ils font, par exemple en matière d’environnement et de bien-être animal », explique Pascal Thériault, directeur du programme de gestion et technologies d’entreprises agricoles, un programme de niveau collégial donné à l’Université McGill.

Celui qui est aussi vice-président de l’Ordre des agronomes du Québec souligne que c’est la même chose du côté des agronomes, formés au niveau universitaire. « Ils doivent expliquer aux consommateurs, par exemple, pourquoi ils utilisent des pesticides, tout en rappelant que le Québec a une réglementation en agroenvironnement des plus sévères en Amérique », indique-t-il.

Il y a donc tout le volet communication à développer chez les étudiants. « Au collégial, c’est couvert dans le programme et au baccalauréat, il y a des cours en pratique professionnelle et le stage amène l’étudiant à suivre un agronome sur le terrain où il doit notamment apprendre à bien communiquer », précise M. Thériault.

Changements climatiques

Les changements climatiques viennent aussi bouleverser le quotidien des différents acteurs de la production agricole.

« La météo est de plus en plus incertaine, alors il faut développer des cultivars capables de résister à de grandes sécheresses, puis à des orages intenses, explique Pascal Thériault. Il faut aussi maximiser l’absorption des fertilisants dans le sol et minimiser le ruissellement vers les cours d’eau. »

Heureusement, la technologie vient donner un coup de pouce. « Différents outils, comme les drones, permettent de faire de l’agriculture de précision, ajoute-t-il. Par exemple, on n’irriguera plus tout le champ, mais seulement les endroits qui en ont besoin. Les technologies, qui évoluent très rapidement, sont montrées tant au baccalauréat que dans le programme collégial. Bien sûr, chaque agriculteur ne se met pas à acheter des drones, mais il doit connaître les technologies existantes pour l’aider à relever ses défis. »