Les taux d’intérêt ont monté rapidement en 2022 et dans l’industrie, on s’attend à ce qu’ils recommencent à baisser prochainement. Mais en attendant, des gens doivent renouveler leur hypothèque. C’est le cas d’Alexandre Massé et de sa conjointe, Valérie Gamelin. Dissection des points qui ont amené le couple à faire son choix.

Alexandre et Valérie ont toujours opté pour le taux fixe et s’ils ont envisagé le taux variable, ils ont décidé de passer leur tour cette fois.

« Le taux variable sera intéressant lorsque les taux commenceront à redescendre, mais ce n’est pas encore le cas, indique Alexandre. Il y a toujours beaucoup de volatilité et ce serait trop stressant pour le moment d’aller vers un taux variable. »

En effet, d’après Véronique Caron, courtière hypothécaire et gestionnaire d’équipe chez Multi-Prêts Hypothèques, il faudra encore faire preuve d’un peu de patience avant de voir les taux descendre. « Au début de mars, la Banque du Canada a décidé de maintenir son taux plutôt que de continuer à le hausser, ce qui est bon signe, affirme-t-elle. On s’attend à un statu quo pour les prochains mois et, vers la fin de 2023 ou le début de 2024, on pourrait voir les taux commencer à baisser. »

Le terme et les autres conditions

Pour pouvoir éventuellement profiter d’une baisse des taux, le couple a d’ailleurs opté pour un terme de trois ans au lieu de cinq. « C’est la première fois que nous faisons ça », précise Alexandre.

« C’est ce que nous recommandons souvent en ce moment, indique Véronique Caron. Nous ne voulons pas faire signer à nos clients un cinq ans fixe avec les taux élevés actuels et qu’ils se mettent ensuite à baisser. Et alors que les taux d’emprunt pour une année ou deux sont élevés en ce moment, quelques banques offrent des promotions pour un terme de trois ans. »

Mais il faut aussi regarder d’autres particularités des institutions financières, comme les pénalités si jamais on veut annuler son contrat pour profiter de la baisse des taux ou pour vendre sa propriété.

Parfois, il vaut la peine de choisir une banque plus flexible que les autres, même si son taux est légèrement plus élevé. Lorsque nous rencontrons un client, nous regardons sa situation financière globale et ses projets à court et moyen termes afin de pouvoir choisir la meilleure option pour répondre à ses besoins.

Véronique Caron, courtière hypothécaire et gestionnaire d’équipe chez Multi-Prêts Hypothèques

Les choix budgétaires

Alors que le taux actuel d’Alexandre et Valérie est de 3,28 %, il passera à 4,99 % en mai avec leur nouveau contrat. Ainsi, le couple devra allouer 160 $ de plus par mois à son prêt hypothécaire. « C’est certain qu’il faudra faire certains choix, affirme Alexandre. Par exemple, nous avons coupé les services de la femme de ménage. C’est plate, mais ce n’est pas la fin du monde non plus, parce qu’on ne parle pas de besoins essentiels, comme la qualité de la nourriture. »

Les gens qui souffrent le plus de la hausse des taux d’intérêt en ce moment, remarque Véronique Caron, ce sont ceux qui ont acheté leur propriété vers la fin de 2021 et le début de 2022 et qui ont pris un taux variable. « Il était alors d’environ 2,25 % et il est maintenant rendu à 6 %, précise la courtière hypothécaire. Pour plusieurs, c’est très difficile. »

Le test de stress

Alexandre et Valérie, qui ont acheté leur propriété il y a 10 ans, avaient heureusement prévu la hausse des taux. « Nous avons acheté notre maison avec un taux fixe de 2,89 % pour cinq ans, mais nous savions que les taux augmenteraient, se souvient Alexandre. Pour nous assurer de choisir une maison qui ne dépassait pas nos moyens, nous avions fait des simulations avec des taux plus élevés. »

D’ailleurs, depuis 2018, les acheteurs canadiens sont obligés de se soumettre au test de stress. Ils doivent avoir des revenus suffisants pour obtenir un prêt au taux le plus élevé entre ces deux taux : le taux de qualification – en ce moment à 5,25 % – et le taux obtenu +2 %.

« L’instauration de ce test a vraiment fait en sorte que les clients qui se sont qualifiés depuis 2018 allaient mathématiquement être capables de payer leur prêt hypothécaire malgré une hausse des taux, affirme Véronique Caron. C’est l’une des raisons, je pense, pour lesquelles l’économie ne s’est pas effondrée malgré la hausse des taux rapide dans la dernière année. »