Il est de plus en plus ardu de se démarquer dans le domaine des affaires sans innover. En retard par rapport aux autres grandes provinces canadiennes, le Québec doit mettre le pied sur l’accélérateur, selon des experts qui jugent que l’innovation n’est « pas un choix, mais une obligation ».

À la fin de janvier, un sondage Léger réalisé pour le compte du Conseil de l’innovation du Québec révélait que 51 % des entreprises québécoises avaient réalisé un projet d’innovation entre février 2021 et février 20221. Cette proportion grimpe à 56 % pour l’Ontario et à 60 % pour la Colombie-Britannique, les deux autres provinces les plus populeuses au Canada.

« Ce n’est pas une bonne nouvelle. On a beaucoup de travail à faire », affirme Pascal Monette, président-directeur général de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ), en entrevue. Ce retard touche aussi la commercialisation et la production, ajoute-t-il.

« C’est un écart significatif, mais il y a des choses qui peuvent changer en quelques années. »

Il y a bien du monde qui parle d’innovation. Ça devient plus en plus une préoccupation, on sent que le train est en marche. Seul bémol, au Québec, nous avons un tissu de PME, donc pas les mêmes capacités et les mêmes ressources à l’interne.

Pascal Monette, PDG de l’ADRIQ

Sachant que l’innovation est un moteur de croissance important en affaires, comment une PME peut-elle se lancer ? Il existe plusieurs options. S’entourer de gens compétents est une clé.

Accompagnement

D’abord, l’ADRIQ offre jusqu’à 125 heures d’accompagnement pluridisciplinaire aux entreprises avec qui elle est en communication par l’entremise de son réseau de contacts ou encore du Programme d’aide à la recherche industrielle (PARI) du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). Cette formation se concentre davantage sur la gestion.

Pour ce qui est de la recherche appliquée, on peut cogner à la porte d’un Centre collégial de transfert de technologie (CCTT). Il y en a 59 au Québec. Les neuf regroupements sectoriels de recherche industrielle (RSRI) de la province sont aussi une bonne option pour faire le lien entre les universités et les besoins de l’industrie. Ces deux types d’organisations peuvent fournir conseils, connaissances et financement.

Les PME ont de la misère à voir clair. L’un des enjeux, c’est de mettre en contact les bonnes ressources avec les entreprises. […] À partir du moment où elles se font accompagner, elles vont voir les résultats.

Pascal Monette, PDG de l’ADRIQ

Être un pas en avant

Érick Villeneuve est président d’APF Villeneuve, une entreprise d’usinage de pièces métalliques industrielles située à Crabtree, dans Lanaudière. Il affirme toujours avoir voulu « être un pas en avant des autres ».

  • Machine connectée dans l’atelier d’usinage d’APF Villeneuve

    PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Machine connectée dans l’atelier d’usinage d’APF Villeneuve

  • L’automatisation en action

    PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    L’automatisation en action

  • Étape du processus

    PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Étape du processus

  • Pièce chez APF Villeneuve

    PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Pièce chez APF Villeneuve

  • L’automatisation hausse significativement le rendement.

    PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    L’automatisation hausse significativement le rendement.

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En 2017, M. Villeneuve est allé visiter l’usine automobile de Peugeot, en France, pour en apprendre sur la connexion des machines. C’est une technique fournissant de l’information en temps réel qui permet d’optimiser sa chaîne de production.

Aussitôt revenu, il a fait l’acquisition de logiciels pour brancher les siennes. Après un an et demi de travail et grâce à 200 000 $ de financement, il a réussi à connecter 20 machines, ce qu’il voit comme un moyen de « faire plus avec la même équipe ».

En 2018, il a également commencé à automatiser certaines tâches grâce à des robots. Ses employés, au départ récalcitrants, ont vite été convaincus par l’efficacité de ces derniers.

Ça peut paraître beaucoup d’argent, reconnaît-il. Mais avec 33 employés, ses robots et ses machines connectées, Érick Villeneuve est désormais capable de produire comme s’il en avait 45 ou 50.

Il croit que davantage d’entrepreneurs devraient innover par l’automatisation, et que ceux-ci sont « trop ancrés avec les façons de faire vieillottes qui ont tout le temps fonctionné ».

Le Canada et le Québec, on prend un recul en fabrication chaque année si on se compare avec les autres pays. Ce n’est pas bon, la façon dont on travaille présentement. C’est hyper important de prendre ce virage. L’avenir ne sera pas là pour nous si on ne s’adapte pas tout de suite.

Érick Villeneuve, président d’APF Villeneuve

Pour lui, le désir d’innover requiert de l’ouverture d’esprit, de l’intérêt et de la curiosité.

« Pour commencer à innover, il faut forcer un petit projet pour vivre le succès. Si vous avez quelque chose de répétitif et qui tanne vos employés, dites-vous une chose : c’est probablement automatisable. Commencez par ça comme premier projet. Après, ça va se faire tout seul », dit Érick Villeneuve, d’APF Villeneuve.

Une version précédente de ce texte indiquait erronément qu'il y avait 39 CCTT au Québec.

1. Consultez le sondage réalisé pour le compte du Conseil de l’innovation du Québec
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  • 42 %
    Proportion des PME québécoises qui planifient de réaliser un projet d’innovation au cours des 36 prochains mois. Cette proportion est plutôt de 74 % chez les entreprises ayant un responsable de l’innovation.
    Source : Conseil de l’innovation du Québec