Le CELI est un outil flexible qui permet de faire fructifier son argent à l’abri de l’impôt. Pourtant, l’option demeure méconnue et mal utilisée : près de la moitié des Canadiens se demandent encore en quoi il consiste, selon un sondage Pollara Strategic Insights. Trois experts dévoilent comment tirer le meilleur parti de cet outil d’épargne.

« Le CELI est un outil extrêmement polyvalent. Il peut aider autant les retraités que les jeunes de 18 ans et plus », estime André Lacasse, planificateur financier du cabinet Services financiers Lacasse, à Saint-Hubert. Il n’est pas le seul à le penser. Les planificateurs financiers consultés par La Presse s’entendent tous sur l’intérêt du compte d’épargne libre d’impôt.

S’il faut avoir atteint la majorité pour pouvoir y cotiser, Émilie Dion-Roy, notaire, fiscaliste et planificatrice financière chez Desjardins, rappelle qu’il n’y a pas de limite d’âge, contrairement au REER. On investit dans le CELI en espérant faire le plus de rendements possible, tout en respectant son profil d’investisseur et sa tolérance au risque, évidemment. Voici cinq façons de s’en servir.

Pour les jeunes investisseurs

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

André Lacasse, planificateur financier du cabinet Services financiers Lacasse

André Lacasse suggère aux jeunes qui n’ont pas encore commencé à épargner de déposer une somme à la hauteur de leurs moyens chaque mois dans un CELI, et de la revoir à mesure que leur salaire augmente. « Quelqu’un de 25 ans qui commence par exemple à cotiser 250 $ par mois dans un CELI avec un taux de rendement de 5 %, et qui indexe sa cotisation de 3 % par année, aura accumulé près de 300 000 $ après 30 ans. »

Le planificateur financier donne également un truc pour les locataires. « Si on a un loyer de 1000 $ et qu’un condo coûterait 1500 $, on peut déposer les 500 $ de différence dans un CELI chaque mois. Si on a de la discipline, 25 ans plus tard, on s’est créé un patrimoine. »

La clé pour réussir, comme le souligne Émilie Dion-Roy, est de commencer à cotiser le plus tôt possible et d’avoir une idée claire de son budget.

Pour les urgences ou un projet

Comme le rappelle Ravy Pung, conseillère sénior investissement et planification financière à la Banque Nationale, on devrait avoir au moins trois mois de dépenses – idéalement six – de côté pour faire face aux imprévus. Un CELI peut être un bon endroit pour se bâtir une réserve. Les fonds sont en effet bien souvent accessibles en un rien de temps et il n’y a aucun impôt à payer sur les sommes retirées.

« À court terme, on préconise en général des produits moins volatils, comme des certificats de placement garanti (CPG) ou même des liquidités », précise l’experte, en ajoutant que rien n’empêche de continuer à épargner même lorsque le but est atteint.

Pour l’achat d’une maison

Émilie Dion-Roy estime que le CELIAPP (ou le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété) est tout indiqué pour les premiers acheteurs. « Il s’agit d’un hybride entre le CELI, le REER et le RAP. Ce qui est intéressant, c’est qu’on a droit à une déduction fiscale lorsqu’on cotise. » Comme pour le CELI, les sommes retirées sont libres d’impôt si elles servent à l’achat d’une habitation.

Ce nouveau compte enregistré entrera en vigueur le 1er avril 2023. On aura le droit d’y déposer 8000 $ par année jusqu’à concurrence de 40 000 $. « Et le CELI peut certainement contribuer à la mise de fonds pour l’achat d’une maison », ajoute la spécialiste.

Pour le long terme

Même si le CELI est souvent utilisé pour un projet bien précis, comme des rénovations ou un mariage, c’est dans le long terme que réside toute sa force. « Si on place 5000 $ pour un an, c’est vrai qu’il n’y a pas d’impôt, mais il n’y a pas beaucoup de rendement non plus », explique André Lacasse, qui déplore d’ailleurs que plusieurs considèrent le CELI comme un simple compte d’épargne.

Pour économiser en vue de la retraite, les actions, les fonds négociés en Bourse (FNB) et les fonds d’investissement s’avèrent d’excellents choix.

Pour les retraités

Le CELI peut croître à l’abri de l’impôt pendant toute votre vie. Il n’y a pas de retraits obligatoires, comme c’est le cas avec le REER après ses 71 ans. « Ça permet d’avoir un revenu non imposable à la retraite », explique Ravy Pung.

Le CELI permet en outre aux retraités de profiter de diverses stratégies fiscales. « Après 65 ans, un retraité qui gagne plus de 86 912 $ paiera un impôt de récupération sur sa pension de sécurité de vieillesse, illustre André Lacasse. En retirant ses CELI plutôt que ses REER, il peut éviter de perdre sa pension. »