La mise en production d’un carburant réduisant de façon draconienne les émissions de gaz à effet de serre créera des centaines d’emplois à Montréal d’ici 2027, à condition de trouver les talents nécessaires.

Dans quatre ans, les avions décollant de l’aéroport Montréal-Trudeau pourront être alimentés avec un carburant qui recycle des émissions de gaz à effet de serre. Et c’est localement, dans l’est de Montréal, que ce carburant sera produit.

La décarbonation de l’énergie utilisée par les aéronefs représente un enjeu majeur pour la transition environnementale de l’industrie aérospatiale. C’est à ce défi que la firme montréalaise SAF+ Consortium entend répondre avec son procédé de production de carburant d’aviation durable (SAF, pour sustainable aviation fuel, en anglais).

Essai concluant

Une première unité de démonstration a déjà réussi à produire un carburant à partir des émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’une usine chimique de l’est de Montréal, qui auraient autrement été libérées dans l’atmosphère. La technologie de SAF+ Consortium combine ce CO2 avec de l’hydrogène pour fabriquer du carburant utilisable par les aéronefs. Ce procédé permet de réduire de 92 % les émissions de carbone sur l’ensemble du cycle de vie du kérosène, affirme Jean Paquin, président et actionnaire principal de SAF+ Consortium. Le carburant vert ainsi obtenu peut être mélangé à du kérosène traditionnel, pour abaisser les émissions globales de CO2.

« Nous sommes deux ou trois dans le monde à travailler pour fournir ce carburant à l’aviation ; et nous sommes les plus avancés », souligne Jean Paquin, qui voit un atout indéniable dans la double force du Québec, en aérospatiale et en production d’énergie. De plus, le positionnement montréalais permet d’envisager une livraison de carburant à la fois à Montréal-Trudeau et aux aéroports d’Ottawa et de Toronto.

Des emplois très bien rémunérés

La production industrielle est prévue pour 2027 dans l’usine montréalaise, implantée dans le secteur des raffineries de l’est de Montréal. À son plein potentiel, cette usine produira des centaines de millions de litres de carburant, sans passer par l’extraction de pétrole, prévoit Jean Paquin.

La mise en production du carburant vert nécessitera d’ajouter des collaborateurs à la cinquantaine d’employés actuels.

Dans l’usine montréalaise, l’entreprise s’attend à employer 200 personnes, essentiellement des ingénieurs, des experts en aérospatiale et des professionnels tels que des comptables et des avocats. « Des emplois avec de très bons salaires », souligne Jean Paquin.

À terme, la firme pourrait créer une autre usine au Québec, avec d’autres emplois à la clé. D’autres usine de production sont espérées aux États-Unis et en Europe, sept au total, pour la création de 1500 emplois. « Quand on aura démarré, ce sera facile de montrer qu’on peut déployer rapidement des solutions technologiques répondant à la demande de décarbonation de l’industrie aérospatiale », dit M. Paquin.

À la pénurie actuelle de main-d’œuvre s’ajoutera, pour SAF+ Consortium, le défi de convaincre les recrues potentielles, alors que la firme n’est pas encore au stade de la production industrialisée. Celle-ci a déjà su séduire des partenaires tels qu’Airbus et Aéroports de Montréal, de même que s’assurer le soutien de Québec et d’Ottawa. De son côté, Air Transat appuie l’initiative, s’assurant ainsi de la fourniture de carburant vert dès l’arrivée à l’étape de l’industrialisation. Il reste à faire de même avec les futurs collaborateurs de l’entreprise.

En savoir plus
  • 150
    D’ici 2027, SAF+ Consortium prévoit ajouter 150 emplois très bien rémunérés pour parvenir à produire des centaines de millions de litres de carburant à faibles émissions de gaz à effet de serre.
    Source : SAF+ Consortium