L’intelligence artificielle (IA) se fraie assurément un chemin en médecine. Cet outil est très prometteur pour le Dr Collins Oghor, cofondateur et PDG de Collogh Cares, une jeune pousse montréalaise qui travaille à la prévention et au traitement de l’insuffisance rénale. Le rôle que l’IA y jouera pourrait non seulement améliorer la qualité de vie de millions de gens, mais également ouvrir de nouvelles voies dans les soins de santé et la recherche.

Collins Oghor a cofondé Collogh Cares il y a à peine deux ans afin d’offrir davantage de soutien aux gens atteints d’insuffisance rénale. « Aux États-Unis, où 37 millions de personnes souffrent d’insuffisance rénale chronique [IRC], les patients sont vus tous les trois mois et leur contact avec un médecin dure sept minutes en moyenne. C’est inacceptable », explique le scientifique.

Ce manque de soutien fait en sorte que les patients repartent chez eux sans trop savoir comment gérer leur état de santé, soutient le médecin-entrepreneur. « Que doivent-ils changer dans leur alimentation et comment savoir rapidement si cela est bénéfique ? S’ils prennent huit médicaments différents, que se passe-t-il s’il y a des effets secondaires ? Le patient est laissé à lui-même. »

La jeune pousse, qui reçoit le soutien de Next AI et qui a élu domicile dans les bureaux de cet incubateur associé à l’École des dirigeants de HEC Montréal, offre donc aux patients une panoplie d’outils (mesure de la tension artérielle, du taux de sucre dans le sang, du temps de sommeil ; rappel pour la prise de médicament, etc.) permettant de suivre l’évolution de la maladie. Rien que cette initiative fera une grande différence dans la qualité de vie de ses utilisateurs, dit l’homme d’affaires.

Quand l’intelligence artificielle s’y greffera, ce qui était autrefois vu comme de la science-fiction pourrait devenir réalité, illustre le Dr Oghor. Mais pour l’heure, Collogh Cares mise avant tout sur une application qui prend la forme d’un « coach de santé numérique ».

Outre le stockage de données, cette appli donne la possibilité au patient de parfaire ses connaissances sur les maladies rénales et ainsi de développer de meilleurs réflexes. Un jeu-questionnaire permet même de tester les connaissances de l’utilisateur.

Défi de l’IA

Quant à l’intelligence artificielle, elle représente sans doute l’un des plus grands défis de la jeune PME montréalaise, reconnaît son cofondateur. Collogh Cares affirme travailler actuellement avec des équipes à Montréal, à Toronto, ainsi qu’en Suède afin de créer des outils d’IA qui travailleront avec le « coach de santé numérique » et en analyseront les contenus.

« Toute l’information colligée par le patient sera accessible en temps réel par les professionnels de la santé. Ils pourront voir si le patient progresse rapidement ou non, soutient Collins Oghor. Mais surtout, ce qu’on souhaite, c’est qu’on croit que l’IA nous aidera à créer des recommandations. »

Si, par exemple, chaque médecin a 500 patients avec des problèmes rénaux et que toutes les informations colligées par les patients de plusieurs médecins permettent de trouver des similitudes ou des constantes, cela pourrait aider à trouver plus de solutions, à mieux comprendre la maladie.

Le DCollins Oghor, cofondateur et PDG de Collogh Cares

Avant d’être commercialisés, les produits et la technologie de Collogh Cares seront testés dans une poignée d’États américains à partir de septembre 2023.

Les Afro-Américains plus touchés

Pourquoi là-bas plutôt qu’au Canada ? « Parce que les patients sont mieux pris en charge au Canada, explique le Dr Oghor. Mais aussi parce que, rien qu’aux États-Unis, on dépense 500 milliards annuellement dans le traitement des maladies rénales. Ultimement, c’est également parce que l’insuffisance rénale touche surtout la population noire. Les Afro-Américains ne représentent que 14 % de la population aux États-Unis, mais 35 % d’entre eux reçoivent des traitements de dialyse. »

Né au Nigeria, Collins Oghor, 30 ans, est arrivé au Canada en 2009 pour y entreprendre des études universitaires. Après avoir fait conjointement des études en médecine et au MBA à McGill, il part faire le tour du monde, où il travaille sur des projets de santé publique notamment pour l’ONU. De retour à Montréal en 2020, il cofonde Collogh Cares avec trois autres personnes, un Nigérian et deux Torontois.

Sa collaboration avec Next AI le grise au plus haut point. « Le fait d’avoir accès à des gens comme Yoshua Bengi et de m’asseoir à la même table qu’eux est incroyable ! Le reste de la planète nous regarde et nous envie. »