Redonner la capacité de marcher aux personnes blessées à la moelle épinière, c’est ultimement ce qu’aimerait accomplir NeuralDrive. Et pour y arriver, la jeune entreprise québécoise a recours à des techniques de pointe en intelligence artificielle. Survol.

L’histoire de NeuralDrive commence en 2017.

À ce moment-là, Marco Bonizzato vient de terminer son doctorat en génie électrique en Suisse, à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, et arrive à Montréal pour travailler dans le laboratoire de Marina Martinez, professeure de neurosciences à l’Université de Montréal.

On a commencé à travailler ensemble sur un projet visant à démontrer que si l’on augmentait l’activation du cortex moteur, on pourrait améliorer la capacité motrice du sujet après une lésion médullaire.

Marco Bonizzato, cofondateur et directeur technologique de NeuralDrive

Dans le cadre de leurs travaux, ils ont développé un système de neuromodulation, soit un dispositif implanté sous le crâne, en contact avec le cortex moteur, qui permet de rétablir la communication entre le cerveau et les muscles affectés.

Conscients du potentiel commercial de leur système, les deux chercheurs décident de le breveter. En décembre 2020, NeuralDrive voit le jour.

Mû par l’intelligence artificielle

Rétablir la connexion entre le cerveau et le système nerveux, comme veut le faire NeuralDrive, n’a rien de simple.

Aujourd’hui directeur technologique de l’entreprise, Marco Bonizzato explique que, pour stimuler le système nerveux, il faut envoyer des impulsions électriques. La tâche est toutefois complexe puisqu’elle implique de choisir un grand nombre de paramètres.

« Quel voltage et quel ampérage sélectionner ? Quels points de contact utiliser ? À quelle fréquence devrait-on envoyer des impulsions ? Et à quel moment ? Quelle durée devraient-elles avoir ? », illustre-t-il. Et c’est là qu’intervient l’intelligence artificielle.

Grâce à des algorithmes d’apprentissage automatique qu’elle développe, l’entreprise désire résoudre ce problème et optimiser la sélection de paramètres.

Défis techniques et financiers

Le développement de NeuralDrive implique un nombre de défis de nature stratégique autant que technologique et financière.

Pour cette raison, l’entreprise a été épaulée par de nombreuses organisations de l’écosystème québécois de soutien à l’innovation.

« On a été soutenu par le Centre d’entrepreneuriat de l’Université de Montréal, le Centech, l’accélérateur Next AI, le Mila et l’IVADO », résume Marco Bonizzato. Le but : développer une entreprise et monter un plan d’affaires qui ont le potentiel d’aller chercher du financement.

Car c’est là le prochain défi de NeuralDrive.

Pour le moment, le dispositif de l’entreprise a été testé seulement sur des animaux. Mais elle aimerait faire des tests avec des humains. « Pour ça, on aura besoin de financement privé. C’est cependant très difficile à trouver parce que l’investisseur doit assumer un risque significatif et embarquer dans le projet pour une période relativement longue », dit Marco Bonizzato.

D’ici là, lui et l’équipe de NeuralDrive focaliseront leur énergie à développer leur système de même que la propriété intellectuelle qui en découle.

On poursuit nos recherches précliniques pour mieux montrer les fonctionnalités de notre système : on en a encore pour deux ans. On ne recherche donc pas activement du financement, mais c’est notre objectif à plus long terme.

Marco Bonizzato, directeur technologique de NeuralDrive

Considérant que le délai moyen entre le financement et la commercialisation de dispositifs médicaux avancés comme celui de NeuralDrive est de huit ans, l’entreprise a donc encore beaucoup de travail devant elle. Mais le directeur technique n’est pas intimidé.

« On veut vraiment maximiser la récupération du mouvement pour les patients, dit-il. On va donc continuer de développer notre technologie. »