Fin octobre, le guide d’adresses gourmandes Tastet lançait une carte interactive. Durant les prochains mois, l’entreprise dirigée par Élise Tastet souhaite créer une application mobile à Montréal, avant de s’attaquer au reste du monde.

L’idée de ce virage technologique a commencé à germer dans l’esprit de l’entrepreneure en septembre 2019, alors que la croissance de son entreprise stagnait. « On était rendu à 2,5 millions de visiteurs uniques et 35 millions d’interactions sociales, avec seulement quatre personnes dans l’équipe », se souvient-elle.

À l’époque, elle a décidé de suivre une formation en mégadonnées et en intelligence artificielle. Puis, son équipe a interrogé les lecteurs pour savoir comment les aider davantage. « Tous les gens nous répondaient qu’ils voulaient un outil pour trouver où manger selon leurs besoins : si le resto, le bar ou le café est ouvert, s’il offre un service de traiteur, s’il accepte les groupes ou les enfants, s’il permet de privatiser les salles pour des partys, si on le recommande pour un lunch entre clients ou un rendez-vous romantique. »

C’est ainsi que l’entreprise a créé son premier produit : une carte interactive accessible au coût de 10 $ par année. À court terme, l’outil permettra aussi d’accéder aux menus, de faire des réservations et de passer des commandes. « Tout ce qui a été créé jusqu’à présent l’a été à la sueur de notre front. »

En effet, Tastet a créé une version minimalement viable du produit pour commencer à faire des sous. L’objectif est toutefois d’intégrer l’intelligence artificielle, d’offrir une personnalisation du profil en fonction des adresses préférées ou qu’on désire visiter. Et surtout, de transformer le tout en application mobile. Un processus qui nécessite beaucoup d’argent. Environ 2 millions, selon la femme d’affaires.

Même si Tastet a huit ans d’histoire, même si l’entreprise a traversé la pandémie, aux conséquences dramatiques pour la restauration, avec des revenus en hausse, même si la carte fonctionne et que le public a démontré son intérêt, les investisseurs tardent à se manifester.

PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE

Élise Tastet, fondatrice de Tastet

Jusqu’où dois-je me rendre pour que quelqu’un me dise qu’il croit en moi et qu’il veut m’aider ?

Élise Tastet, fondatrice de Tastet

« On me demande sans cesse de montrer que je fais de l’argent, mais j’ai besoin d’argent pour en faire. »

Un de ses mentors lui a d’ailleurs dit que les dirigeants d’entreprises en techno doivent se demander quelle est leur capacité à gérer le rejet au quotidien. « C’est comme un speed dating vraiment pas agréable. »

Elle n’hésite pas à dire que la dernière année a été la plus difficile émotivement pour son entreprise. « Dans les neuf derniers mois, en plus d’avoir mon bébé et d’affronter la pandémie, mon mari qui œuvre en restauration a perdu son travail quatre fois. Peu importe, je me lève le matin et je fais arriver l’impossible. »

Sa résilience lui sera certainement utile pour concrétiser ses ambitions, sans perdre de vue sa vision. « Faire croître un média à l’international sans faire du clickbait, c’est difficile. Mon but est de garder la qualité de notre contenu et de dire les choses les plus vraies possible pour bien représenter les restaurants sans qu’ils nous paient. C’est un grand défi d’amener ça à l’échelle mondiale. »